La Réunion a déjà vécu plusieurs épisodes de blanchissement du corail. Durant la saison chaude de 1997-1998 , des blanchissements importants ont été observés, mais "il y en a eu aussi en 2021 et en 2016" explique le docteur en biologie marine, Jean-Pascal Quod. Le scientifique se prépare à entrer à l'eau dans le lagon de la Saline-les-Bains où se trouve "Livingston sud". C'est l'une des 45 stations de surveillance de l'association Reef Check, dont il est le directeur et qui œuvre pour la protection des récifs et des océans de la planète.
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Une alerte au blanchissement au niveau mondial et pour l'Océan indien
Dans quelques jours le corail devrait de nouveau blanchir dans nos lagons, "au niveau mondial on sait qu’il y a un El Nino qui est en cours et cet épisode devrait avoir une incidence sur les récifs du monde", affirme le scientifique qui précise que la Réunion se trouve à la limite de la zone de température extrême.
"On a les satellites qui nous montrent qu’on est en alerte de niveau 2 concernant le blanchissement pour tout l’Océan indien".
Dr Jean-Pascal Quod, biologiste marin
Le blanchissement a déjà entrainé des dégats irréversibles sur un quart des récifs coralliens du monde, deux tiers seraient aujourd'hui menacés.
Un blanchissement de plus en plus fréquent
La fréquence du blanchissement se serait même accélérée selon Futura-Sciences, et "se répète désormais en moyenne tous les six ans contre 25 ou 30 ans précédemment". Le réchauffement climatique en serait le principal responsable mais le stress des coraux résulte aussi de l'état de pression élevé sur les lagons à la Réunion, ou encore la pollution.
"Si on prend l’indicateur de corail vivant, on a un indicateur qui se situe entre 20 et 25 %, c’est le plancher sous lequel il ne faut pas descendre, sachant qu’il y a vingt ans on était à 40 %, dans les années 1960 on était à 60%"
Dr Jean-Pascal Quod, biologiste marin
Campagne de surveillance " Route du corail blanc"
L'association Reef Check Réunion lance une campagne d'actions qui va durer tout le mois de mars et d'avril avec les bénévoles et les clubs de plongée qu'elle forme à la surveillance des récifs et des phénomènes de blanchissement.
Cette surveillance qui se fait tout au long de l’année, permet d’avoir un référentiel. Les scientifiques comparent "l’importance de l’évènement des prochaines semaines à ceux des épisodes passés de 1998, de 2001 et 2016 pour relativiser" ajoute Jean-Pascal Quod.
Identifier les coraux les plus résistants
Le travail sera d’identifier les coraux qui résistent, "les super coraux" qui permettront de régénérer le récif, de "trouver les espèces qu’on appelle résistantes et résilientes qui possèdent des informations qu’on pourrait utiliser s’il était nécessaire de recréer le lagon, de recréer des coraux et de replanter, on parle de restauration écologique".
Certains coraux auraient, grâce à leur patrimoine génétique, la capacité de récupérer si le stress ne dure pas, de s’adapter à un réchauffement, c’est le cas de certains coraux de la mer Rouge, un espoir pour les scientifiques.