Commune de l'Est de l'île nichée dans les champs de cannes, Bras-Panon a vu sa population doubler et rajeunir en moins de 50 ans. Décrite comme un havre de paix pour les retraités et les familles, elle a aussi connu une importante mutation économique.
Laura Philippon•
Certains Panonnais le surnomment "le rendez-vous du robinet". Un rendez-vous quotidien, à deux pas de la boutique, face à l'ancienne école devenue médiathèque. Au pied d'une fontaine datant de 1888, ils sont plusieurs gramouns à s'avancer. Il est 14 heures pile. Chacun rode un morceau de carton sur lequel s'asseoir. Le son des voitures ne perturbe pas les discussions.
A quelques rues de là, chapeau de paille sur la tête, Jeanne, 95 ans, se rend à pieds à la supérette située à deux pas de sa case. Appuyée sur son parasol d'une main et tenant son panier coloré de l'autre, elle profite d'une accalmie entre deux averses de pluie. "Au fur et à mesure, les maires changent et la ville aussi, sourit cette Panonnaise. J'ai délaissé Bras-Panon pendant 22 ans pour vivre à Saint-Benoît, bien sûr j'ai vu un grand changement quand je suis revenue, mais en bien. Les gens ont l'air plus heureux".
Dans le temps lontan, tous l'affirment : Bras-Panon était une rue cernée de champs de cannes. Une route chassant un champ, l'urbanisation s'est accélérée. En 1968, Bras Panon compte 5 533 habitants, contre 12 811 en 2017, selon les chiffres de l'Insee. En moins de 50 ans, la population a plus que doublé, tout comme la densité moyenne d'habitants au kilomètre carré. Aujourd'hui, la ville s'est offert une nouvelle jeunesse. Plus de 60 % de la population à moins de 45 ans et le taux de natalité est trois fois plus élevé que le taux de mortalité.
A 82 ans, André est un ancien artisan de Bras-Panon. Il a conçu de nombreuses statues qui ornent encore les cases traditionnelles de la ville. "Il y a eu les routes, puis les logements, les écoles et les crèches, énumère-t-il. J'ai des petits enfants à la crèche, des enfants qui travaillent et vivent ici, prennent le bus. On a tout ce qu'il faut pour une commune de plus de 10 000 habitants. Que ça soit communiste, socialiste, la ville s'est toujours développée malgré les couleurs politiques". Bras-Panon possède un collège, un lycée et plusieurs écoles primaires. Pour Paola, mère de famille de 40 ans, "les activités pour les enfants se sont développées, tout comme les activités sportives". "Des logements pour les personnes âgées ont aussi vu le jour. Seul l'accès aux bus pour les handicapés est encore en retard", affirme-t-elle.
Et les jeunes ?
Devant la boutique de chez Cocode, Jean-François, 38 ans, ne mâche pas ses mots. Il est né ici à Bras-Panon, parce que "l'ambulance était en retard !" Et il n'a "jamais déménagé", insiste-t-il. "On est plus nombreux qu'avant, et pourtant des structures sociales ont fermé, affirme-t-il. Des gens traînent dans les rues et y boivent de l'alcool".
Selon lui, "tout n'est pas rose pour la jeune génération". "On ne peut plus exploiter les domaines des hauts. Avant, on faisait un peu de pêche ou de culture pour dépanner, mais ce n'est plus possible. Lontan, cinq agriculteurs se partageaient un champ, aujourd'hui un agriculteur possède plusieurs champs, assure-t-il. Des entreprises familiales ont coulé, quand on cherche du boulot ici, on n'en trouve pas". Si Jean-François dresse un sombre constat de Bras-Panon, il reste pourtant optimiste. "Il nous manque de l'argent, mais nous avons de l'espoir, car nous avons des idées, lance-t-il. Alors on tient bon, on supporte, et un jour on va ressusciter l'Est".
Depuis 2001, Daniel Gonthier (LR) est le maire de la ville. Il a succédé à Jean-Marie Foudrin (DVD) qui a été à la tête de la commune de 1995 à 2001. Voici la liste des maires de Bras-Panon.
1942 – 1959 : Roger Vidot (PCR)
1959 – 1995 : Paul Moreau (RPR)
1995 – 2001 : Jean-Marie Foudrin (DVD)
2001 – 2020 : Daniel Gonthier (LR)