Brigitte Bardot insulte les Réunionnais : les plaintes se multiplient

Après les propos insultants et racistes de Brigitte Bardot envers les Réunionnais, dans une lettre ouverte adressée au préfet de La Réunion, les réactions s’enchainent. Le préfet, le président de Région, Didier Robert, le député Jean-Hugues Ratenon et le président de l'AMR portent plainte.
 
« Une population dégénérée encore imprégnée des coutumes ancestrales », des « autochtones qui ont gardé leurs gênes de sauvages » et des « réminiscences de cannibalisme », c’est en ces termes que Brigitte Bardot a qualifié les Réunionnais dans un courrier adressé au préfet de La Réunion, pour dénoncer l’errance animale dans le département.

La Réunion, qu’elle nomme, par ailleurs, « l’île du diable », n’a pas manqué de réagir et s’indigne face à ces attaque violentes, racistes et insultantes.
 

Plaintes en série

En visite dans l'île et invitée du journal télévisée de Réunion la 1ère, mardi soir, Annick Girardin la ministre des Outre-mer a aussitôt réagi aux propos de Brigitte Bardot. Ce mardi matin, le préfet de La Réunion, Amaury de Saint-Quentin, a saisi le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Saint-Denis au titre de l'article 40 du code de procédure pénale. Une démarche à laquelle s'associe la ministre des Outre-mer.

L’article 40 du code de procédure pénale stipule que « Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l'exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d'un crime ou d'un délit est tenu d'en donner avis sans délai au procureur de la République et de transmettre à ce magistrat tous les renseignements, procès-verbaux et actes qui y sont relatifs ».

(Re)Voir le reportage de Delphine Poudroux et Thierry Chapuis
 
©reunion

Le président de Région, Didier Robert se saisit également de l’affaire et porte plainte auprès du Procureur de la République de Saint-Denis.

 « Les propos de Brigitte Bardot sont inadmissibles. La cause de l’errance animale est évidemment prise au sérieux et à bras le corps par les autorités qui en ont la responsabilité. Il n’est pas admissible que de tels propos émis par une militante de la cause animale soient tenus contre les Réunionnais. Ce n’est ni plus ni moins que des injures à caractère raciste. Je dénonce ces faits auprès de monsieur le Procureur de la République, prés du Tribunal de Grande Instance de Saint-Denis de la Réunion, et le saisis à cet effet », annonce le président de la pyramide inversée.




De son côté, le député Jean-Hugues Ratenon parle de propos d’une « violence sans précédent » et va lui aussi déposer plainte en tant que citoyen et demande aux Réunionnais de s’y associer.
Son avocat, maître Alex Vardin, dit qu’il va faire valoir l’article l’article 33 de la Loi de 1881 qui réprime ce type d’injure public. « Lorsqu’on commet ce type d’injure publique à l’encontre de quelqu’un en raison de son origine, de son appartenance à un groupe, à une ethnie, à une race déterminée, c’est passible d’un an d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende ».

Même intention du côté de la l’Association des Maires de la Réunion ( AMR). Stéphane Fouassin, son président, va déposer plainte contre ces « propos inadmissibles ».
L’ancien délégué interministériel à l’égalité des chances des français d’Outre-mer et président d’honneur du Conseil représentatif des Français d’Outre-mer, Patrick Karam, a également réagi dans un communiqué. Il a souligné des « propos d’un autre temps et extrêmement graves qui relèvent de l’incitation à la haine raciale ». Il va demander aux associations compétentes de déposer plainte.
 
Le Conseil représentatif des Français d’Outre-mer (CREFOM) fait savoir dans un communiqué qu'il déposera, lui aussi, plainte ce jeudi 20 mars 2019.

Pour que des poursuites soient engagées contre l’auteur de ces propos ignobles. Ce sont clairement des injures à caractères raciste. Ils doivent être sanctionnés avec une sévérité particulière et dénoncés au plus haut niveau de l’État, indique son président, Jean Michel Martial.



Le CRAN, Conseil Représentatif des Associations Noires va aussi porter plainte. « Cette lettre est un concentré de racisme à l’état pur », a déclaré Ghyslain Vedeux. « C’est pourquoi nous avons décidé de saisir le procureur de la République », a ajouté le président du Cran.

De son côté, SOS Racisme a aussi annoncé dans un communiqué sa décision de porter plainte contre « des propos racistes que nous ne pouvons tolérer ».
Dans un communiqué, la député Ericka Bareigts fait savoir qu'elle a aussi déposé plainte ce mercredi. 

« Aucun débat d'idée, aucune cause, jamais, ne peut être servie par la barbarie du racisme
ou de l'ignorance. En tant que citoyenne réunionnaise et députée de la Nation, j’ai déposé aujourd’hui une plainte auprès du procureur de la République de Saint-Denis ».