Comores : un entraineur de football accusé de viol par un homme

Un entraîneur de football est accusé d’abus sexuel sur un adolescent
Aux Comores, cette dénonciation, surtout venant d’un homme, est une quasi-révolution. Il y a quelques jours, un trentenaire a dénoncé publiquement, via une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, un entraineur de football d’avoir abusé sexuellement de lui quand il avait 15 ans.

« Il m’invite chez lui. Il ferme la porte. Il se met à parler. Beaucoup. Son discours, je ne l’entends pas. Je suis effrayé. En face de moi, se tient cette personne, cet adulte qui prend soin de moi, qui occupe le rôle qui aurait dû être celui de mes oncles. Tout ce que je retiens de son flot de paroles, du haut de mes 15 ans, tout ce que je retiens est que si je ne me laisse pas faire, il tuera mon oncle, avec sa voiture, ou alors il le fera renverser par quelqu’un d’autre » se rappelle douloureusement Khaled Simba, 33 ans, victime d’agression sexuelle quand il avait 15 ans. Celui-ci, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux le 13 janvier, a accusé un entraineur de football (sans jamais le nommer mais en glissant assez d’indices pour qu’il soit identifiable), cousin de sa mère, d’avoir abusé de lui.

Khaled est le premier homme en Union des Comores à dénoncer publiquement et à visage découvert une agression sexuelle. Dans ce pays conservateur, cette dénonciation, surtout venant d’un homme, est une quasi-révolution.

 

« Un entraineur au-dessus de tout soupçon »

S’il décide de briser le silence, c’est pour une seule et unique raison : « j’apprends que mon agresseur est de nouveau entraineur d’un club de foot qui compte des adolescents. Cette nouvelle m’a mis hors de moi. Cet homme est dangereux pour les enfants. Avant d’enregistrer la vidéo, j’ai fait un post sur Facebook, appelant à ce qu’il soit démis de ses fonctions, j’ai reçu en retour une déferlante de messages haineux. J’ai donc décidé d’affronter ma peur, ma peur de cette communauté, la peur qu’elle ne me croit pas », explique le jeune trentenaire désormais établi en France. Il ajoute :« c’est un secret de polichinelle, toute la localité connait les agissements du monsieur mais cela n’a pas empêché qu’il occupe un poste d’encadreur pour enfants et qu’il soit enseignant de comptabilité à l’Université des Comores ». Évidemment, le retour de flamme est assez violent pour ce père de deux enfants. Beaucoup prennent la défense de l’entraineur, jurant qu’il est au-dessus de tout soupçon.

 

Un prédateur sexuel ?

Autrefois, c'était des adolescents qui prennaient la défense du coach. Aujourd'hui, ce sont des collègues. La semaine dernière, des entraineurs de club de football, face aux médias, jurent que l’accusé était irréprochable et ont réitéré sa confiance lui. Dans la foulée, des religieux font une prière censée prouver l’innocence de l’agresseur présumé aux yeux de l’opinion publique. 

Sur les réseaux sociaux, la parole de Khaled est parfois discréditée. Ce dernier, bien qu’affecté, n’en démord pas. « Cela prendra le temps qu’il faudra, mais je vais le mettre hors d’état de nuire, j’envisage des actions judiciaires en France et aux Comores », assure-t-il. « Il s’agit plus, selon moi d’un prédateur sexuel, qui se garantit la redevabilité des jeunes en offrant des cadeaux, de l’argent ainsi qu’à leurs familles », accuse le principal intéressé, qui en a lui-même l’amère expérience.

 

Un scandale sexuel dans le milieu du foot ?

La Fédération de Football des Comores affirme « avoir appris via les réseaux sociaux le cri d’alarme de Khaled Simba qui estime avoir été victime d’abus sexuels de la part de son coach. Elle se prononcera davantage en fonction de l’évolution de l’affaire », a réagi son responsable de la communication, Ali Abdallah Ahamed. Du côté du parquet, le procureur de la république, Ali Mohamed Djounaid a fait savoir, ce mercredi qu’il nous livrera « de plus amples informations dans les jours à venir ». Interpellé sur la question lors du compte-rendu du conseil de ministres de ce mercredi, le porte-parole du gouvernement Houmed Msaidie, assure que « le gouvernement et la justice ont eu écho de l’affaire et agiront en conséquence ».

Nous avons joint l’agresseur présumé le 25 janvier en début de soirée afin qu’il livre sa version des faits mais ce dernier a répondu « qu’il n’avait rien à dire sur ce sujet ».