Convention canne : marche noire des planteurs dans les rues de Saint-Denis

Marche noire des planteurs devant la préfecture
L’intersyndicale des planteurs de canne se mobilise ce mardi 14 juin. Venus des quatre coins de l’île, les agriculteurs se sont rassemblés devant la préfecture à Saint-Denis pour une marche noire en direction du CTICS à La Providence.

Comme annoncé samedi dernier, les planteurs passent à l’action. Faute d’avancée dans les discussions avec les usiniers sur la nouvelle convention canne 2022-2027, l’intersyndicale FDSE, CGPER, UPNA et JA a appelé à la mobilisation ce mardi 14 juin.  

Près de 350 planteurs devant la préfecture

Près de 350 planteurs venus des 4 coins de l’ile sont rassemblés devant la préfecture à Saint-Denis. Vers 10h, une délégation de représentants syndicaux a été reçue par le directeur de cabinet du préfet de La Réunion pour lui remettre une motion sur la convention canne.

Une marche noire dans le chef-lieu

Les syndicats agricoles, réunis en intersyndicale, ont entamé un peu avant 11h une "marche noire" en direction du CTICS, le Centre Technique Interprofessionnel de la Canne et du Sucre, à la Providence, où doit se tenir une nouvelle réunion avec les usiniers à 14h.

Regarder le reportage de Réunion la 1ère : 

Une marche noire pour sauver la filière

Le mouvement pourrait se durcir

En chemin, les agriculteurs ont fait une halte devant le Palais de la Source, pour remettre leur motion au président du Département.

Faute de réponse concrète, les planteurs menacent de durcir le mouvement, comme l'annonce Carole Leveneur de la CGPER.

Carole Leveneur, agricultrice dans l'ouest - Membre de la CGPER. Filière, les planteurs dans la rue

Désaccord sur le prix de la tonne de canne

Au cœur des discussions, le prix de la tonne de cannes. L’usinier Tereos ne souhaite pas l’augmenter, et envisage même de le baisser selon les planteurs. Le prix de la bagasse est aussi sur la table, une matière première locale que les agriculteurs veulent voir mieux valorisée, dans une période où les prix de l’énergie augmentent fortement.  

La rémunération du planteur pour une tonne de canne est de 83 euros. Sur cette somme, 13 euros sont liés à la valorisation de l’énergie issue de la canne par la bagasse, explique Florent Thibault, directeur agricole de Tereos, les 70 autres euros sont issus du sucre.

Les précisions de Florent Thibault, directeur agricole de Tereos, à Réunion La 1ère : 

Florent Thibault, directeur agricole de Téréos

La mesure saccarimétrique de la canne, soit le prix versé par les industriels, est de 40,07 euros pour une canne de référence à 13,8% de richesse saccarimétrique. A partir du moment où la tonne de canne a 1 point de richesse en plus, elle est valorisée de 4,89 euros de plus, par contre si elle a 1 point de richesse en moins elle aura 4,89 euros de moins à la tonne, détaille-t-il.

Impossible de garantir le prix actuel pour les usiniers

Les usiniers estiment qu’il est impossible de garantir ces 40,07 euros pour une canne de référence avec un taux de richesse de 13,8% sur les 5 prochaines années, à cause de l’instabilité du marché européen du sucre.  

Il pourrait être impacté à la baisse si les conditions de marchés devenaient défavorables. Et ce qui est même pire, c’est que les prévisions de la commission européenne, qui font référence en matière de prix de vente du sucre en Europe, montrent plutôt que les prix du sucre ne nous permettent pas d’acheter toute la canne jusqu’à la fin de la convention.

Florent Thibault, directeur agricole de Tereos

Selon l’usinier, il serait même possible d’aboutir à un déficit pour les sucreries de l’ordre de 15 millions d’euros en fin de période. Pour maintenir le prix d’achat de la canne, Florent Thibault, renvoie la balle à l’Etat.

Un filet de sécurité demandé à l’Etat, la réponse encore attendue

Il attend que l’Etat réponde à la question qui lui est posée "depuis maintenant plusieurs mois dans le cadre de l’union sacrée de la filière", "c’est de mettre en place un filet de sécurité, c’est-à-dire une aide qui devrait se déclencher uniquement si les conditions de marché devenaient trop défavorables et qu’elles empêchaient de maintenir à 40,07 euros le prix de la tonne de canne".  

Tant que l’industriel n’aura pas de réponse, il n’y aura pas de convention canne, censée fixer le prix pour les planteurs.