Après la profanation de la Vierge de la Délivrance, une messe de réparation sous le signe du pardon

L'évêque Pascal Chane Teng lors de la messe de réparation après la profanation de la statue de la Vierge de l'église de la Délivrance
Quatre jours près la profanation de la statue de la Vierge de l'église de la Délivrance, une messe dite "de réparation" est célébrée ce vendredi 14 mars. Après la bénédiction de la Vierge, l'évêque Pascal Chane-Teng a rappelé l'importance du pardon et la nécessité de ne pas tomber dans la tentation de la vengeance et du lynchage alors que la justice avance à grands pas dans l'identification des auteurs du méfait.

Ce vendredi soir, à l'église Notre Dame de la Délivrance, l'heure était à "l'apaisement" pour les fidèles de la communauté catholique qui ont assisté avec émotion à la messe de réparation officiée par l'évêque de La Réunion Pascal Chane-Teng.

Quatre jours après la profanation de la statue de la Vierge située sur le parvis de l'église dionysienne, une affaire qui aura bouleversé l'ensemble des Réunionnais, Mgr Chane-Teng a insisté sur l'importance du pardon après l'impact émotionnel de "ce cyclone religieux et médiatique".

Les précisions sur place de notre journaliste Claudette Vaïtilingom :

Messe de la réparation à la Délivrance : notre journaliste Claudette Vaïtiligom en direct ©Réunion la 1ère

Une mise en scène sordide diffusée sur les réseau sociaux

Après la bénédiction de la Vierge, l'évêque a déploré dans son homélie ce "manque de respect envers notre maman du ciel", une mise en scène sordide filmée et diffusée sur les réseaux sociaux, au lendemain du premier dimanche de carême catholique.

Des faits qui illustrent aussi, selon le représentant du Diocèse de La Réunion, le "mal-être des jeunes" dans une "société hyper-médiatisée où l’on vit sa vie par écran interposé pour être reconnu et exister". Pascal Chane-Teng fait le parallèle avec l'une des trois tentations du Christ, résumée par la figure symbolique du paon dans l'évangile.

Une messe de réparation suite à la profanation de la statue de la Vierge de l'église de la Délivrance

"La police et la justice font leur travail"

"Jésus montre qu’il est plus fort que le démon qui essaye de "gâter" ce début de carême", poursuit l'évêque. "Nous vivons alors un combat spirituel contre nous-mêmes afin de ne pas nous laisser être contaminés par l’autre tentation plus destructrice du démon, qui s’appelle la violence et la loi du plus fort".

Pas question ainsi de donner suite aux invitations à se faire vengeance et justice soi-même en livrant les jeunes auteurs de ces tristes faits à la vindicte populaire sur les réseaux sociaux. "Nous ne sommes pas naïfs sur ce qui s’est passé. La police et la justice font leur travail", insiste Pascal Chane Teng. L'Église condamne quant à elle "tout lynchage et toute chasse à l’homme", qui plus est en cette période symbolique du carême.

L'évêque de La Réunion Pascal Chane-Teng à l'église de la Délivrance

Deux des suspects ne seront finalement pas poursuivis

La procureure de Saint-Denis a rappelé ce vendredi 14 mars que les deux principaux suspects, qui ont quitté La Réunion pour l'Hexagone, étaient toujours recherchés et que l'un d'eux allait être interrogé aussi bien sur les faits que sur les raisons et les conditions de son départ.

Les deux mineurs qui avaient été placés mercredi en garde à vue ne seront pas poursuivis pour leur part. Comme nous le révélions jeudi, il a été établi qu'ils n'ont pas participé aux dégradations
bien qu'ils aient filmé les faits. La procureure Véronique Denizot précisant que cette action de filmer ne constituait pas une infraction d'où la remise de ces mineurs à leurs parents, sans aucune poursuite pénale.

L'un des jeunes est venu s'excuser auprès de l'évêque

Pascal Chane-Teng a aussi précisé que l'un des jeunes mis en cause accompagné de sa famille est venu lui rendre visite ce vendredi matin afin de s’excuser. "Je leur ai répondu que Dieu pardonne à celui qui se repent, précise l'évêque. Cette famille est une famille créole catholique. Certains réseaux sociaux ont pointé du doigt d’autres types de personnes. Laissons encore une fois la justice faire son travail pour savoir qui a fait quoi".

La justice qui punit de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende la destruction, la dégradation ou la détérioration d'un bien appartenant à autrui et même jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende, lorsque l'infraction est commise en réunion.