Coronavirus : 77% des entreprises réunionnaises sont fermées pendant le confinement

30 millions d’euros de perte de chiffre d’affaires durant le confinement, la CCIR a menée une grande étude pour évaluer les répercutions économiques de la crise sanitaire. De nombreuses entreprises sont fermées et les mesures ne semblent pas suffire.
Du 16 mars au 24 avril, la cellule de crise de la Chambre de Commerce et d’Industrie de La Réunion a reçu 3 008 demandes, pour 63% dans le secteur du commerce, pour 27% dans celui des services et pour 10% dans l’industrie.

Cette cellule est dédiée plus particulièrement aux très petites entreprises et aux micro-entreprises. La grande majorité des entreprises n’ont pas de salarié, soit 62%. 18% des structures ont moins de 10 salariés, 2% en ont plus de 10, et 8% des entreprises n’ont pas donné cette information.

Enfin, plus de la moitié de ces entreprises ont plus de 5 ans d’existence.

 

30 millions de perte de chiffre d’affaires

Les demandes relèvent principalement d’aides financières, pour 47% d’entre elles. 17% des demandes concernent l’accompagnent des entreprises, à savoir dans les démarches ou la création de comptes.  

Plus de 30 millions d’euros de perte de chiffre d’affaires sont estimés sur la période du 16 mars au 11 mai. 16 millions d’euros l’ont été dans le commerce, dont 5 millions pour les bars, cafés et restaurants. 

Près de 6 millions d’euros ont été perdus dans le BTP, 5 millions dans le service ou encore plus de 700 000 euros dans le milieu culturel et évènementiel.

 

Des dispositifs insuffisants ou peu adaptés

Plus de 14 millions d’euros ont été sollicités pour le Prêt Garanti d’Etat. 208 demandes ont été faites, à 85% par des entreprises du Commerce et des Services. Le montant moyen accordé est de 75 000 euros. Il permet le plus souvent de payer les fournisseurs, les charges, les loyers ou encore les salaires.

Mais pour plus de la majorité des entreprises, près de 60%, les dispositifs sont peu ou partiellement adaptés. 77% des entreprises se déclarent fermées pendant le confinement, dont 41% sans recours au chômage partiel et 36% avec.

Seules 3% des entreprises ont pu maintenir leur activité avec l’ensemble de leur effectif. 38% des entreprises ne pourront pas, ou ne savent pas comment, payer les loyers d’avril à juin.

 

Chômage partiel et fonds de solidarité bien identifiés

La moitié des entreprises qui ont fait une demande auprès du Fonds de solidarité national l’ont obtenu en moins d’une semaine, indique la CCIR. Sur les 79% qui en ont fait la demande, 67%  ont reçu les fonds. Malgré tout, 43% des entreprises ne sont pas satisfaites du dispositif.

Pour le Fonds de solidarité régional, seules 65% ont actionné le dispositif. Parmi elles, 72% ont reçu une réponse, mais aucune n’a perçu de fonds. Globalement, 62% des entreprises sont insatisfaites de ce dispositif.

Enfin, la moitié des entreprises ont actionné le chômage partiel et la moitié d’entre elles ont reçu les fonds. Au final, près d’une entreprise sur 8 les ont perçus entre 10 et 15 jours. Des délais qui pourraient expliquer les retards de paiement. Certains salariés n’ont en effet toujours pas été rémunérés pour le mois de mars, et craignent qu’il en soit de même à la fin du mois d’avril. 

 

Le report de charges n’est pas privilégié

L’étude menée par la CCIR nous apprend également que 60% des entreprises n’ont pas effectué de report de leurs échéances fiscales et 76% la remise des impôts directs. Plus de 80% des indépendants ne sont pas intervenus concernant les prélèvements à la source.

Même désintérêt pour les mesures sociales, 72% des entreprises n’ont pas effectué la modulation du paiement des cotisations sociales des salariés. 67% des indépendants n’ont pas demandé d’aide auprès du fond d’action social de la Sécurité sociale des Indépendants.
  

Reprise, 80% des chefs d’entreprise sont inquiets

Enfin, 78% des chefs d’entreprises pensent qu’il faudra plus de 5 mois pour retrouver une activité d’avant crise, dont 27% plus d’un an. Plus de la moitié des chefs d’entreprises redoutent la fermeture de leur structure, et 15% la mise en place d’un plan de licenciement.

Un peu moins d’un tiers des chefs d’entreprise craignent aussi que les dépenses des ménages ne baissent. 80% sont inquiets ou fortement inquiets pour l’avenir économique de La Réunion.

Pour les chefs d’entreprises, la relance économique devrait passer par le versement d’une prime complémentaire pour combler la perte du chiffre d’affaires par rapport à 2019. La suppression de toutes les charges pour 2020 et la suppression des loyers commerciaux pour 3 mois font aussi partie des solutions proposées par les patrons.