Coronavirus : un plan réunionnais de déconfinement [SYNTHESE]

Après l’allocution du Premier ministre, le préfet, la directrice de l’ARS et le recteur s’expriment sur les mesures de lutte contre l’épidémie. A 10 jours du déconfinement, l'élaboration d'un plan réunionnais a été annoncée. La Réunion, classée département "vert".
Mardi 28 avril, le Premier ministre présentait à l’Assemblée nationale la feuille de route du plan de sortie du confinement qui doit être appliqué à partir du lundi 11 mai. Un confinement mis en place le 17 mars dernier, soit depuis 45 jours, dont les Français devraient sortir progressivement.

Progressivement et géographiquement. Tous les départements pourraient ne pas vivre cette sortie du confinement de la même manière ou en même temps. C’est aux préfets et aux élus de l’adapter à leur territoire. Reprise de l’école, reprise de l’activité économique, port du masque, dépistage, déplacements, de nombreux points restent à éclaircir.

Deux jours après l’allocution d’Edouard Philippe et une dizaine de jours avant la date de sortie du confinement, Le préfet de La Réunion, Jacques Billant, la directrice de l’ARS, Martine Ladoucette, et le recteur de l’académie de La Réunion, Vêlayoudom Marimoutou, se sont exprimés.

Retrouvez le point presse de la préfecture, de l’ARS et du rectorat :
  

Un plan réunionnais de sortie du confinement


S’il fallait attendre ce jeudi soir pour savoir que La Réunion est un département classé "vert" pour le moment, le préfet de La Réunion a tout de même évoqué la manière dont sera construit un plan réunionnais de sortie du confinement. Une construction " en confiance et en concertation ", a-t-il ajouté.

Ce plan de déconfinement doit être adapté aux spécificités de la région, à son système sanitaire et à la dynamique épidémique de l’île. Un chemin progressif et exigent pour éviter l’empressement à vouloir reprendre immédiatement la vie d’avant au risque de tout gâcher et la paralysie des énergies et du territoire dictée par la peur au risque là-aussi de tout perdre, a déclaré Jacques Billant.

Des protocoles doivent être construits sur les bases présentées par le Premier ministre. Chacun pourra y adhérer qu’à travers une concertation. Un comité local de mise en œuvre du déconfinement se réunira le 7 mai, après que de multiples groupes de travaillent se seront réunis en début de semaine prochaine.

 

Ce qui sera discuté


Il s’agira de travailler par paliers de 3 semaines pour avoir toujours un temps d’observation et de contrôle de l’épidémie. Il sera question dans la 1ère séquence, qualifiée de " sas de déconfinement ", de certains sujets.

La reprise complète du trafic aérien ne sera par exemple pas d’actualité et que le système des quatorzaines a vocation à se maintenir à minima jusqu’au 2 juin. Les interdictions de grands rassemblements au-delà de 5 000 personnes qui courent jusqu’à la fin août et les rassemblements de plus de 10 personnes sur la voie publique ou dans des structures privées ne seront pas non plus discutées.

Seront en revanche abordés : les modalités pratiques du déconfinement, de la vie sociale, l’accès aux jardins publics, aux espaces naturels, à certains loisirs, à la plage et aux pique-niques, le plan de transports en commun, les ouvertures des sites religieux, la manière de travailler, quels nouveaux horaires, quelle reprise des commerces, quels cahiers des charges, les modalités du retour à l’école, l’approvisionnement des Réunionnais en masques grand public.

Dès le 11 mai, l’industrie hôtelière pourra échanger sur les modalités d’ouverture et de calendrier prenant en compte la situation épidémique et si celle-ci continue de s’améliorer d’envisager l’ouverture des restaurants.  

 

Sécuriser l’accès aux masques grands public pour la population


La responsabilité reviendra au préfet de La Réunion de permettre à tous les Réunionnais de se procurer des masques grand public. De nombreuses initiatives bénévoles ou industrielles ont été lancées.

Cinq démarches de normalisation sont en cours, une a déjà aboutie, pour apporter une garantie sur le niveau de filtration des masques. Cette production locale certifiée permettra notamment aux employeurs de doter leurs salariés, le préfet les y incite. La préfecture pourra les accompagner pour cela, un dispositif est en cours de mise en œuvre pour les TPE et PME en particulier. Avec les maires, un circuit spécifique pour les plus vulnérables sera mis en place.

Une production industrialisée locale a été lancée pour obtenir 500 000 masques jetables par semaine d’ici mi-mai et plus d’un million début juin. D’ici fin mai, diverses collectivités auront fait fabriquer 1,2 millions de masques en tissu.
 

" Nous sommes en train de déterminer l’encadrement des prix des masques grand public pour éviter les dérives ", a précisé Jacques Billant.

 

Le dépistage, facteur du déconfinement


Durant les 7 derniers jours, 10 nouveaux cas ont été recensés, et 3 journées avec aucun nouveau cas.  Depuis 3 semaines, un plateau a été atteint, selon Martine Ladoucette, la directrice de l’ARS. Les capacités hospitalières régionales, notamment en réanimation. 4 patients sont hospitalisés au CHU, un seul en réanimation ce jeudi. Plus de 300 personnes sont guéries.

La capacité à dépister va être triplée pour passer à 1 300 tests par jour, pour atteindre le niveau exigé de dépistage exigé par le gouvernement. Les personnes présentant des signes de la maladie, les personnes ayant été en contacts et certains publics vulnérables, comme les résidents des Ehpad et leurs soignants, seront prioritaires.

Pour cela, les laboratoires publics et privés disposeront des automates et des ressources humaines nécessaires. Une organisation et des ressources humaines seront mises en place pour effectuer les prélèvements, La Réunion disposant déjà du centre de prélèvement dédié au Covid au CHU, de 12 drives répartis dans l’île, des équipes mobiles du CHU et d’infirmiers volontaires.

L’approvisionnement en écouvillons et en réactifs est le point le plus sensible. La Réunion dispose aujourd’hui de 11 jours de stock pour les besoins actuels. Les tests devront donc être faits " à bon escient ", pour les publics prioritaires, a insisté Martine Ladoucette.

 

Identifier, isoler et surtout se protéger


3 550 personnes ont été identifiées et contactées, dont 273 font encore l’objet d’un suivi rapproché, après avoir été potentiellement en contact avec une personne contaminée par le coronavirus. Le "contact tracing" sera renforcé, quantitativement.

Avec le déconfinement, il y aura plus de possibilités de contacts avec des personnes contaminées. Les médecins généralistes pourront y être associés car ils sont bien placés pour identifier les cas et leur entourage, la CGSS aussi le moment venu. Pour certains cas autochtones, le cas source n’a pas été identifié, précise la directrice de l’Agence Régionale de Santé.

Enfin, la première des priotités restera de se protéger au moyen des gestes barrières, comprenant le lavage des mains, la distanciation sociale ou l’usage des masques. Les masques grand public seront un " vrai plus ", pour autant que soient respectées les règles du bon usage du masque, afin de ne pas s’exposer à un risque d’infection microbienne.

 

Une reprise de l’école dès que possible


Après les vacances scolaires, repos " bien mérité " selon le recteur, la reprise de l’école devra se faire dès que possible. Il s’agit d’un impératif social pour le territoire, dont le pacte social de réussite pour tous les élèves a été mis à mal, selon Vêlayoudom Marimoutou.
 

" Si on attend la rentrée du mois d’août, même les bons élèves n’auront pas le niveau attendu à la même période. Les 7 semaines de classe qu’il reste doivent être mises à profit pour consolider les apprentissages nécessaires pour préparer la suite ", a affirmé le recteur de l’Académie de La Réunion.   


La pré-rentrée des personnels se fera les 14 et 15 mai et la rentrée progressive des élèves à partir du lundi 18 mai. Le protocole sanitaire sera rendu public demain, vendredi 1er mai. Pas de réouverture si ses critères ne sont pas remplis.

100% des élèves seront en instruction obligatoire, soit présenciel dans la classe avec l’enseignant, soit en enseignemen tà distance, soit en permanence dans l’école, soit en activités sport, culture ou civisme organisées avec les communes. La première semaine sera dédiée à l’évaluation de chaque élève, des fiches sont en cours d’élaboration.

 

Modalités d’accueil des élèves


Des masques pour les personnels et élèves seront disponibles, obligatoires pour les collégiens et lycéens. Les gestes barrières, la distanciation physique, la limitation du brassage et la désinfection seront appliqués quotidiennement. Masques des personnels et des élèves sont fournis par l’Education nationale, gel et savon par les collectivités.

Les mois de mai et juin sont des temps forts, notamment pour le chois des affectations et de l’orientation pour les 3eme et les élèves des lycées, cela continue. Les lycéens reprendront progressivement à partir du 2 juin.

Les autres élèves seront accueillis à la journée, par groupe de 15. La réouverture est préparée en concertation étroite en fonction des réalités locales, mairies et Education nationale travaillent conjointement. Les organisations syndicales et les associations de parents d’élèves seront consultées.

La liste des écoles et établissements rouverts sera en ligne sur le site internet de l’académie, chaque famille sera informée individuellement.

 

Reprise pour 20 500 élèves du 1er degré et 27 000 collégiens


Près de 27 000 collégiens pourraient être accueillis selon des modalités spécifiques à chaque établissement. Pour la restauration scolaire, le Département proposera plusieurs solutions, repas froids ou plateaux servis en self, selon l’établissement en fonction du protocole sanitaire, diffusé dès demain. La reprise devrait se faire en même temps que les écoles.

Dans les écoles, plus de 93% des familles ont répondu a un recensement sur leur intention de d’envoyer leurs enfants à l’école à compter du 18 mai. La reprise pourrait concerner 20 500 élèves. Près de 85% des parents sollicitent le repas à la cantine, et près de 10% demandent à être transformés.

Les demandes d’accueil varient selon les écoles de 7% à 95%, pour une moyenne à 20%. Selon les communes, le taux d’élèves attendus oscille entre 10% et 48%. La même doctrine sanitaire devra être appliquée, un accent pédagogique sur les gestes barrières et la nécessité des les appliquer sera mis dans la première semaine.

Les maires de Bras-Panon et de Saint-Joseph ne souhaitent pas rouvrir leurs écoles. " Il y a encore un travail de proximité à faire ", a dit Vêlayoudom Marimoutou. Une fois le protocole sanitaire délivré, la discussion sera plus précise et elle devrait évoluer dans le bon sens, selon le recteur.

La semaine prochaine, le recteur reviendra vers les parents d’élèves pour les informer.