Coronavirus : le préfet instaure un couvre-feu généralisé dès 22h à La Réunion

Avec un taux d’incidence de plus de 100 cas pour 100 000 habitants, La Réunion se voit placée sous couvre-feu à partir du mercredi 24 février. Il sera en vigueur de 22h à 5h, pour une durée d’au moins 15 jours.

Le nombre de nouveaux cas Covid continue d’augmenter sur le territoire confirme ce mardi 23 février le préfet de La Réunion. " L’heure est aux choix difficiles, la situation est préoccupante ", affirme Jacques Billant.

La situation continue de se dégrader

Sur les 7 derniers jours, 857 nouveaux cas Covid ont été recensés, soit une moyenne de 120 cas par jour. Les données du week-end et du lundi ont ainsi confirmé la dégradation de la situation. Le taux d’incidence du département dépasse désormais le seuil de 100 cas pour 100 000 habitants, soit le double du seuil d’alerte national fixé à 50 / 100 000.

Ce taux d’incidence est élevé pour toutes les tranches d’âges, mais plus particulièrement chez les 15-24 ans, soit 150/100 000, et les plus de 65 ans, avec 70 /100 000, indique Martine Ladoucette. La directrice de l’ARS insiste donc sur le respect des gestes barrières pour les jeunes.

Couvre-feu généralisé dès 22h

Avec un taux d’incidence de plus de 100/100 000, de nouvelles mesures sont prises par le préfet de La Réunion pour " éviter de mettre en place le confinement ". Ainsi, à compter du mercredi 24 février, un couvre-feu est instauré à l’échelle départementale de 22h à 5h pour au moins 15 jours.

L’objectif est ainsi de réduire les contacts sociaux et les mouvements vers les lieux qui ont une vie nocturne active. " Ce sera donc un premier choc ", affirme Jacques Billant, qui prévient qu’un point sera refait dès vendredi 26 février avec la directrice de l’ARS pour voir si le nombre de cas quotidien augmente.

Si c’est le cas, l’entrée en vigueur du couvre-feu pourrait être abaissée à 20h dès ce week-end, " mais à ce stade et au vu des derniers chiffres qui sont en ma possession, je pense que la mesure n’est pas nécessaire ", a précisé Jacques Billant.

La directrice de l’ARS insiste également sur la nécessité de respecter les 10 jours d’isolement pour une personne positive au Covid ou 7 jours pour les personnes contacts. Avec le variant, le nombre de contacts augmente jusqu’à 5 ou 6, contre 3 pour le covid d’origine.

Protocoles sanitaires renforcés dans les lieux culturels et les marchés forains

D’autres mesures viennent renforcer les protocoles sanitaires des lieux accueillant du public. Pour les lieux culturels, la jauge évolue par exemple.

  • Pour les salles de concert et de cinéma, le public sera assis par groupes de 2 personnes séparés par un siège vide.
  • Pour les musées et les bibliothèques, la règle du 8m2 par personne sera désormais respectée.
  • Pour les marchés forains, un nouveau cahier des charges sera défini pour avoir plus de distance entre chaque stand.
  • Pour la danse pratiquée en club ou en conservatoire, les contacts seront désormais proscrits entre les pratiquants, en cours et en compétition.

Jacques Billant indique également que 930 000 masques seront distribués par l’Etat. 400 000 masques iront aux CCAS, 200 000 masques au conseil départemental, 330 000 masques aux associations de proximité, à la CAF ou encore au CROUS.

108 lits de réanimation ouverts, pas de "saturation" mais une "forte tension"

15 personnes réunionnaises sont prises en charge en réanimation, hors évacuations sanitaires, contre 7 la semaine précédente. On compte aussi 42 hospitalisations en médecine Covid, contre 27 il y a 7 jours, hors evasan. 60% des lits occupés sont des lits Covid.

Pour Martine Ladoucette, les lits de réanimation de La Réunion sont sous forte tension, mais on ne peut pas parler de saturation.

" Nous sommes sur des coefficients d’occupation qui évoluent au jour le jour, entre 85% au minimum et parfois 90%, voire 93% comme vendredi dernier, alors qu’on commence à parler de saturation quand on est plusieurs jours de suite, voire tout le temps, au-delà de 90%, voire 95%. "

Martine Ladoucette, directrice de l'ARS

Des interventions chirurgicales pouvant être repoussées sont déprogrammées et des blocs fermés, et la réserve sanitaire apporte des ressources supplémentaires, permettant d’ouvrir davantage de lits. Depuis hier, lundi 22 février, La Réunion compte 108 lits de réanimation.

Les évacuations sanitaires vers la métropole pourraient être envisagées d’ici 15 jours, pour un dizaine de personnes. Il s’agirait de patients de réanimation lourde, des covid ou des non-covid, en fonction de l’état de santé et de la durée de séjour, précise Martine Ladoucette.

17 000 personnes vaccinées et un élargissement prochain du public prioritaire

A l’heure actuelle, 17 000 personnes vaccinées, parmi lesquels 5 000 professionnels de santé, 8 500 personnes âgées vivant à domicile ou en institution, 3 400 personnes hautement vulnérables. 1 024 personnes ont reçu les deux doses du vaccin au 17 février.

Les centres de vaccination tournent avec un taux de remplissage de 90%, explique la directrice de l’ARS. Toutes les doses disponibles doivent être utilisées, insiste-t-elle. Un nouvel élan sera donné pour tous les professionnels de santé et en élargissant très vite le périmètre de publics prioritaires. D’ici la fin de semaine, des précisions pourront être apportées au sujet de ces publics.

Se limiter à un cercle de 6 personnes

" J’appelle solennellement les Réunionnaises et les Réunionnais à respecter l’ensemble de ces mesures et même à aller au-delà en s’astreignant à une vie sociale la plus sobre possible en cette période délicate et tendue qui durera un minimum de 15 jours. "

Jacques Billant, préfet de La Réunion

L’épidémie augmente, le variant est présent, chacun doit essayer de se limiter à voir dans son temps privé un maximum de 6 personnes, a précisé le préfet de La Réunion. Il rappelle que si la situation devait encore se dégrader, les mesures seront plus fortes encore.

Jacques Billant incite au port du masque " en tout temps et en tout lieu ", à se vacciner " quand on est éligible ", à restreindre ses contacts sociaux " en renonçant pour 15 jours à voir sa famille ", " en en célébrant pas son mariage " et " en ne fêtant pas son anniversaire avec ses proches ".

" Je ne peux pas aller dans l’intimité de tous les foyers, mais il faut vraiment que les choses changent, car c’est bien là que les Réunionnaises et les Réunionnais se contaminent. "

Jacques Billant, préfet de La Réunion

Il incite aussi les gens à aller faire leurs courses seulspour ne pas exposer ses proches ", et les chefs d’entreprise à faire travailler leurs équipes d’autres manières, comme en télétravail ou horaires élargis.

" Nous pouvons encore éviter le confinement, nous l’avons déjà fait, alors à nous de relever ensemble ce défi. "

Jacques Billant, préfet de La Réunion