Cours en distanciel dans les lycées : les syndicats enseignants satisfaits mais néanmoins prudents

Vendredi, la rectrice Chantal Manès-Bonisseau a présenté un nouveau protocole visant à réduire le nombre d’élèves en présentiel dans les lycées réunionnais. Une mesure saluée par les syndicats enseignants qui s’interrogent cependant sur sa mise en œuvre.

Aux côtés du préfet Jacques Billant lors de la conférence de vendredi après-midi, la rectrice Chantal Manès-Bonisseau a annoncé qu’à compter du jeudi 8 avril, trois lycées allaient modifier leur organisation dans l’objectif de réduire le nombre d’élèves en présentiel.

Sélectionnés parce que particulièrement exposés au virus dans leurs communes respectives, les lycées Jean-Hinglo et Léon-de-Lepervanche, au Port, ainsi que le lycée Moulin-Joli à la Possession seront les premiers à alterner cours en présentiel et en distanciel avec des accueils en demi-groupe. Ils devront garantir "au moins 50 % de cours en présentiel pour chaque élève".

Des demi-classes pour combien d'enseignants ?

Ils seront ensuite suivis par la quarantaine d’autres établissements secondaires du département. Une mesure saluée par les principaux syndicats enseignants. "Le SNALC Réunion avait proposé depuis le mois de novembre 2020 la mise en place de cette continuité pédagogique en 50 % présentielle de l’école au supérieur", souligne ainsi son président Guillaume Lefèvre.

Quid cependant de l’application concrète de cette mesure ? De quels moyens disposeront les lycées ? C’est la question que se posent les enseignants. "Nous rappelons que la jauge à demi effectif par classe signifie une présence à 100 % pour les personnels enseignants, ce qui exclut une organisation en hybride imposée aux collègues".

Le SNALC Réunion assure ainsi qu’il sera "vigilant sur ce point" et qu’il "dénoncera chaque organisation différente non conforme dans les lycées".

Regardez le reportage de Réunion La 1ère : 

Les syndicats s'interrogent sur la mise en oeuvre progressive des cours en distanciel dans les lycées

"Les collèges et les écoles, oubliés"

Même son de cloche du côté du SNES-FSU REUNION : "Si la mesure d’allègement des effectifs correspond à nos demandes depuis la dernière rentrée scolaire, elle est loin d’être suffisante", réagit Corinne Peyre, secrétaire académique de l’organisation."Cette annonce oublie tous les collèges et les écoles", souligne-t-elle.

Le syndicat majoritaire dans le secondaire regrette aussi que cette annonce ait été faite sans discussion en amont avec les représentants des personnels.

"Le SNES-FSU Réunion demande à ce que des mesures sanitaires strictes soient prises dans tous les établissements scolaires de l’académie : allègement des effectifs partout (demi-classe), recrutement de personnels enseignants et d’encadrement, nouvelle organisation des cantines scolaires, fourniture de masques chirurgicaux aux élèves et personnels, vaccination des personnels volontaires, tests massifs…"

Demi-classes ou demi-jauge ?

Pierre Fourny, responsable du secteur Nord au SNES, insiste sur les conditions qui doivent être réunies pour que cette mesure soit efficace. "Les lycées auront toute autonomie pour appliquer cette mesure en demi-classes ou en demi-jauge c’est-à-dire avec la moitié de l’effectif complet de l’établissement, explique-t-il. Mais au Snes, nous préférons la première option car on travaille bien mieux en demi-classe".

Le syndicaliste souligne aussi qu’il faut respecter la liberté pédagogique de l’enseignant. "Les enseignants vont faire des essais et ils feront de leur mieux pour qu’au maximum, leurs élèves puissent suivre et apprendre, sans rajouter de la fatigue et du stress".

Pour Pierre Fourny, il ne faut pas que ce nouveau dispositif soit synonyme de surcharge de travail. Il propose ainsi le recrutement d’assistants, "par exemple des étudiants" pour la mise en place de ce nouveau protocole.