Covid-19 : la quasi-totalité des lits de réanimation sont occupés, La Réunion face à "une tension hospitalière extrême"

En janvier 2022, La Réunion a atteint son plus haut niveau d'hospitalisation de patients Covid depuis deux ans.
La Réunion a atteint son plus haut niveau d'hospitalisation de patients Covid depuis deux ans. "La tension hospitalière est extrême", selon la direction du CHU. Avec 13 000 nouveaux cas sur les sept derniers jours, le taux d'incidence atteint 1600 pour 100 000 habitants.

A ce jour, 139 patients covid sont hospitalisés, et la quasi-totalité des lits de réanimation de l'île sont occupés à La Réunion. Les hôpitaux de l'île sont face à une "tension extrême".

Lors d'une conférence de presse, ce jeudi 6 janvier, l'Agence Régionale de Santé et plusieurs médecins alertent sur cette pression hospitalière et font le point sur la réorganisation des services pour faire face à l’épidémie de Covid-19.

Le pic épidémique pas encore atteint

La Réunion fait-elle face à une "vague de contaminations sans précédent"? "Nous ne sommes pas encore au pic de l'épidémie, mais le taux d'incidence augmente de façon importante, Omicron va devenir majoritaire, il est plus contagieux donc nous aurons de plus en plus de patients hospitalisés", préviennent les autorités.

Le CHU de La Réunion est en première ligne. "Une tension extrême pèse sur l'hôpital, assure Lionel Calenge, directeur du CHU de La Réunion. Nous pouvons augmenter un peu le nombre de nouveaux lits en réanimation et en médecine, mais de manière limitée".

Regardez l'interview du directeur du CHU sur Réunion La 1ère :

Lionel Calenge, directeur général du CHU. CHU plan blanc pour des hôpitaux dans le rouge ?

 

Taux d'occupation record

A ce jour, 139 patients covid sont hospitalisés en médecine et en réanimation à La Réunion. Du jamais vu depuis le début de l'épidémie. Au CHU, 90 % des lits de réanimation et de médecine sont occupés, au CHOR, ces taux d'occupation atteignent 100%. 

Regardez le reportage au CHOR de Réunion La 1ère : 

La Réunion est face à "une extrême tension hospitalière". Au CHOR, 100 % des lits de réanimation sont occupés par des patients covid. Reportage

 

Opérations déprogrammées et aide du privé

Dans ce contexte, des opérations sont déprogrammés au CHU où huit blocs opératoires vont devoir fermer pour permettre d'augmenter les capacités d'hospitalisation de patients covid.

De plus, plusieurs cliniques privées accueillent désormais des patients covid pour venir en aide aux établissements publics qui seront bientôt saturés. Ces cliniques privées travaillent aussi à augmenter leur capacité d'accueil. Toutefois, l'ARS prévient que "le système hospitalier n'est pas extensible à l'infini".

Le déclenchement du Plan Blanc à l'étude

"La situation est inquiétante du fait de notre insularité et notre isolement, mais elle reste encore sous contrôle", assure toutefois Lionel Calenge, directeur du CHU qui annonce que "le déclenchement d'un "Plan Blanc" est à l'étude". Des personnels hospitaliers sont contaminés au covid, d'autres sont en vacances, les effectifs manquent.

"Nous n'avons pas encore atteint un niveau de tension sur nos ressources humaines qui nécessite le déclenchent d'un plan blanc, mais si l'absentéisme devait augmenter au sein du personnel alors nous y arriverons", explique le directeur du CHU. En deux ans, il y a eu 5 000 patients covid hospitalisés au CHU de La Réunion, dont 1 000 en service de réanimation. 

Plus 3000 cas de Covid-19 par jour

Martine Ladoucette, directrice générale de l'ARS annonce que ces deux derniers jours, plus de 3000 cas de Covid-19 ont été enregistrés. Un chiffre journalier qui n'avait jamais été atteint dans l'île. Sur les sept derniers jours, 13 000 nouveaux cas ont été identifiés et le taux d'incidence est désormais de 1 600 pour 100 000 habitants.

"Nous sommes encore dans une période charnière, la vague Delta n'est pas terminée et la vague d'Omicron s'installe chaque jour davantage à La Réunion, commente Martine Ladoucette. Nous sommes encore dans l'inconnu de savoir si nous arriverons à contenir l'évolution des hospitalisations".

Regardez l'interview de la directrice générale de l'ARS sur Réunion La 1ère :

Direct : Martine Ladoucette. Crise covid : l'ARS en alerte maximale

 

Le SAMU qu'en cas d'urgence

De son côté, le directeur du SAMU explique qu'à ce jour, un appel sur quatre concerne le Covid. "Le médecin traitant peut prendre en charge la plupart des problèmes liés au covid", rappelle Frédéric Nativel qui demande aux Réunionnais de ne pas saturer le service et de faire appel au SAMU qu'en cas d'urgence. "De 1 500 appels par jour en novembre, nous sommes passés à 2 000", explique-t-il.

Renforcement de la vaccination et du dépistage

Martine Ladoucette, directrice générale de l'ARS, insiste sur la nécessité de se faire vacciner. Elle annonce un renforcement des capacités de vaccination dans les sept centres de l'île. "Ils seront à nouveau ouverts le dimanche matin, et 48 000 doses seront à injecter dans les centres chaque semaine", précise Martine Ladoucette.

L'ARS annonce aussi un renforcement des capacités de dépistage avec l'ouverture de deux nouveaux centres à la Nordev à Saint-Denis et dans une maison de santé, à la Saline les Hauts.

La menace de nouvelles restrictions

Les autorités en appellent à la "responsabilité de tous". Martine Ladoucette met aussi en garde : "le préfet saura prendre les nouvelles mesures qui s'imposent dès lors que l'évolution du contexte sanitaire le justifiera".

Selon nos informations, le préfet de La Réunion, Jacques Billant, se donne sept à quinze jours pour trancher. Si un durcissement des mesures de restriction est décidé, il se ferait progressivement, avec par exemple un abaissement de l'heure du couvre-feu ou encore la mise en application d'un confinement le week-end.