A ce jour, 17 800 personnes se sont faites vaccinées contre le Covid-19 à La Réunion, soit 2% de la population. Une peur du vaccin, un manque de proximité, des centres dédiés : quels sont les freins à cette campagne de vaccination dans l’île ?
"Il faut réfléchir à rapprocher la vaccination des Réunionnais en travaillant avec les médecins de quartiers et les maires", assure le docteur Alain Domercq, médecin généraliste. Ce mercredi 3 mars, la campagne de vaccination contre le Covid-19 s’élargit à La Réunion. Toute personne âgée de 60 à 75 ans ayant au moins une pathologie à risque de forme grave de Covid-19 peut désormais recevoir une dose de vaccin.
Ce nouveau public se laissera-t-il vacciner ? Pas si sûr vu le démarrage particulièrement lent de la campagne de vaccination dans l’île. A ce jour, 17 800 personnes se sont faites vaccinées contre le Covid-19 à La Réunion, sur 860 000 habitants. C’est 2% de la population.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Les médecins traitants tenus à l’écart
Selon le docteur Alain Domercq,"il faut intégrer au plus vite les médecins traitants dans la campagne". "Les Réunionnais ont l’habitude de leur médecin traitant, ils leur font confiance et ils n’aiment pas forcément se déplacer pour aller se faire vacciner", remarque le médecin généraliste. Selon lui, le "médecin doit rester au centre de la prescription et de la coordination des soins du patient".
Des rendez-vous difficiles à prendre
Pour le moment à La Réunion, la vaccination a lieu dans huit centres officiels dédiés. "Des centres de vaccination ont été créés, car le vaccin Pfizer est difficile à conserver et à distribuer, mais ils sont à l’hôpital ou dans des grandes villes, loin de certains patients", remarque le docteur Domercq.
Pour s’y rendre, il faut prendre rendez-vous par téléphone ou sur internet. "Ce matin, j’ai inscrit moi-même mes patients sur internet, c’est trop compliqué pour les personnes âgées", souligne le médecin généraliste.
La vaccination n’est pas un acte simple, il faut l’accompagner.
Des centres de vaccination mal localisés ?
Même constat du côté des pharmaciens. "Les personnes les plus à risques de développer les formes graves de covid, sont des personnes âgées, et même si on arrive à les convaincre, c’est difficile de les envoyer dans les centres de vaccination, confirme Cyril Apostoloff, président du syndicat des pharmaciens de La Réunion. Les huit centres de vaccination sont loin des écarts, loin des quartiers, c’est un frein important". Les pharmaciens voudraient pouvoir vacciner en lien avec les médecins et les infirmiers.
Pas assez de dose et une campagne très faible
Pour Cyril Apostoloff, président du syndicat des pharmaciens de La Réunion, si la vaccination démarre si lentement c’est aussi "parce que le vaccin arrive en petite quantité dans l’île". "La campagne de vaccination à l’air dimensionné sur ces faibles arrivages, il faudrait l'accélérer", prévient-il.
La campagne n’a de sens que si on vaccine vite et de façon massive.
La peur du vaccin
L’autre frein à la vaccination à La Réunion, c’est la peur du vaccin. "Cette peur persiste, il faut lutter contre, expliquez, rassurez, communiquez plus, estime le docteur Alain Domercq. Il faut se vacciner maintenant, c’est important. L’épidémie se développe à La Réunion, il ne faut pas attendre, car des temps difficiles s’annoncent".
Dès la semaine prochaine et jusqu'à la fin du mois de mars, 18 500 réunionnais pourront bénéficier du vaccin, y compris les professionnels de santé, sans critères d'âge ou de pathologie.
Pour faciliter l’accès à la vaccination aux personnes cibles, l’Agence Régionale de Santé a aussi lancé des opérations "Aller vers" dans les trois cirques de l’île. Après Mafate et Salazie, des équipes du CHU iront vacciner à Cilaos la semaine prochaine.