Imaginez une éruption du Piton de La Fournaise hors enclos, et deux coulées qui menacent à la fois le Tremblet et Bois Blanc. Si le scénario semble extrême, il ne peut être exclus au pied d'un volcan aussi actif que le nôtre. Et il reste réaliste dans le cas d'une coulée isolée qui s'écarterait de son trajet habituel.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Tester la chaîne de commandement et la coordination des secours
C'est afin de s'exercer au pire qu'un exercice de sécurité Volcanex a été organisé la matinée de ce mardi 27 juin à Sainte-Rose et à Saint-Philippe. Deux communes en alerte qui ont coordonné les évacuations avec la préfecture, les pompiers, les forces de l'ordre, les agents communaux, et les scientifiques de l'Observatoire volcanologique du Piton de La Fournaise, dans le but de tester la chaîne de commandement et la coordination des secours en situation réelle.
Alerte 2.3 : éruption hors enclos
C'est donc tôt ce matin qu'une première alerte a été donnée pour signaler une éruption imminente. Une autre a suivi pour annoncer l'éruption, puis, après diagnostic, c'est l'"alerte 2.3" correspondant à une éruption hors enclos que tous les services ont été armés et que les communes, en concertation avec la préfecture, ont déclenché l'évacuation des riverains et des écoles peu avant 8h30.
Riverains et écoliers ont joué le jeu
Pour mimer fidèlement cette situation de crise, au-delà des opérationnels mobilisés, des riverains bénévoles des deux communes ont joué le rôle de ces victimes à évacuer. Se sont joint à eux de petits acteurs, plus précisément les élèves d'écoles des deux communes, tous emmenés vers des centres d'hébergement.
Les marmailles de l'école du Tremblet évacués
Dans les premières minutes, c'est donc le branle-bas de combat : à Saint-Philippe, les transports sont missionnés pour aller chercher les 44 élèves de l'école du Tremblet ainsi que leurs enseignants et le personnel communal, soit 52 personnes, et les évacuer vers un centre d'hébergement à Mare Longue.
"La mémoire s'efface"
Pour Nicolas Villeneuve, scientifique de l'Université de La Réunion, cet exercice Volcanex a toute son importance pour préparer le plus grand nombre à l'éventualité de cette situation dangereuse mais tout à fait probable. Et pour cause, cet endroit de l'île a déjà été par le passé concernée par ces éruptions hors enclos.
"C'est très important parce que d'une part on a eu 2007, mais aussi 1986 avec huit maisons brûlées, donc une atteinte à la population. Cette population n'a de cesse de croître en nombre, et elle est de plus en plus jeune : la mémoire s'efface. Donc c'est important tant pour les opérationnels, pour les pouvoirs publics et pour le grand public de vivre une évacuation pour qu'au moment où une vraie catastrophe survient, on soit prêt ici au Tremblet tout comme du côté de Sainte-Rose"
Nicolas Villeneuve, scientifique de l'Université de La Réunion
"Démystifier cette évacuation"
Pour le maire de Saint-Philippe, "l'idée est de démystifier cette évacuation, faire en sorte que les conditions soient optimales pour évacuer à la fois les élèves de l'école du Tremblet, et ensuite la population du Tremblet et de Takamaka éventuellement".
"Les institutions ont joué le jeu, et un peu moins d'une dizaine de bénévoles ont choisi de s'intégrer pleinement à cet exercice. Ca nous permet de voir ce qui fonctionne et ce qui reste à améliorer"
Olivier Rivière, maire de Saint-Philippe
"I fé peur"
Les évacués, en centre d'hébergement, ont été accueillis par le Samu et des psychologues. Parmi les riverains, on retrouve Marie-Reine, qui habite le Tremblet depuis 76 ans. Pour elle, qu'un tel exercice soit organisé est "très rassurant". Et des décennies de vie à cet endroit ne lui ôtent pas la crainte du Piton de la Fournaise. "I fé peur, juste derrière la maison il y a le bruit du volcan, les vibrations du toit et de la terre, il y a les rougeurs...", témoigne-t-elle.
"Que i arrive pu les mêmes erreurs"
Mario lui, a vu sa mère perdre sa maison dans l'éruption de 1986. Alors forcément, l'exercice Volcanex trouve un écho particulier chez lui. "Mi vi cet exercice pou améliorer les futures évacuations et que i arrive pu les mêmes erreurs", déclare le Saint-Philippois.
Les marmailles rassurés
Dans le bus qui les mène jusqu'au centre d'hébergement, la directrice de l'école se veut rassurante. Elle explique aux marmailles qu'une alerte volcanique est en cours, qu'ils sont pris en charge, et qu'il n'y a "pas besoin d'avoir peur parce qu'on fait tout notre possible pour que vous soyez en sécurité".
Alors évidemment, la sérénité règne tout comme la conscience du danger. "La lave quand c'est en haut c'est joli, mais j'ai peur de me brûler avec. Si c'était en vrai j'aurais peur", souffle Mayleen. A côté, Célia est du même avis : "C'est un peu joli en même temps ça fait peur parce que y a la lave et j'ai un peu peur de me brûler". "On a stressé un petit peu, on est allés dans le bus et on est venus à la Mer Cassée. C'était un test pour voir comment on réagit", explique un autre élève de l'école Maurice et Katia Krafft du Tremblet.
Des exercices de sécurité régulièrement organisés
De tels exercices de sécurité civile sont organisés chaque année à La Réunion, afin de conserver et améliorer la coordination entre les équipes et les process de gestion de crise. Si Volcanex s'est attaché particulièrement à un danger lié à une éruption, d'autres exercices mettent en scène inondations, risques chimiques, tueries de masse, etc...