Quinze ans de réclusion criminelle requis à l'encontre du père Ibrahim

Après les experts hier, la paroissienne et son fils qui accusent le père Ibrahim de "viols et agressions sexuelles" se sont exprimés à la barre ce jeudi matin. Les plaignants confirment avoir été sous l’emprise du prêtre, qui s'est exprimé dans l’après-midi. Quinze années de réclusion criminelles ont été requises à son encontre.

L’ancien curé Fabrice Ibrahim comparait durant 3 jours devant la Cour criminelle de La Réunion pour "viols et agressions sexuelles" sur une paroissienne et son fils. Les faits se seraient déroulés entre 2013 et 2015. La victime, âgée de 14 ans au moment des sévices présumés, n’a parlé que 4 ans plus tard.  

A l'issue du deuxième jour du procès, quinze ans de réclusion criminelle assortis d'une peine de suivi socio-judiciaire de 10 ans, et l'interdiction d'exercer une profession en contact avec des mineurs, ont été requis à l'encontre du père Ibrahim.

Une réelle emprise, selon l’expertise psychologique

Hier, mercredi 13 avril, lors du premier jour d’audience, l’accusé a parlé de relations consenties. Son avocat, Me Nicolas Normand, qualifie les faits de "préoccupants", mais pointe du doigt l’église, partie civile dans ce procès.    

L’après-midi, les discussions se sont concentrées sur l’emprise que peut exercer l’ancien prêtre de la Plaine-des-Palmistes. D’après l’expertise psychologique, elle est bien réelle.

Il s’agit de " bien faire comprendre qu’il n’y a pas eu de consentement sous aucune forme de la part des victimes, qu’il s’agisse de la maman ou du fils ", indique Me Laurent Payen, l’avocat de la partie civile.  

Je pense que là, les choses ont été assez claires. Il a bien décrit les faits, la personnalité des victimes qui ont pu conduire à faciliter le passage à l’acte de l’accusé, les témoins qui sont également venus confirmer qu’on avait à faire à un personnage, et à un prêtre surtout, pour le moins particulier ", précise l’avocat de la partie civile.    

" On avait honte, on avait peur, mais nous sommes les victimes "

Ce jeudi matin, au second jour du procès, la partie civile a donné sa version des faits. La paroissienne et son fils ont été appelés à la barre. La mère dit avoir toujours été investie dans la vie de l’église et cela s’est amplifié quand le prêtre Ibrahim a commencé à officier.  

Elle raconte avoir été mise en confiance pendant deux ans avant le début des abus. Des abus qui ont commencé par des demandes de massages, puis par des faveurs sexuelles. La mère de famille parle d’une soumission totale au curé. Elle n’avait pas le droit de se maquiller, devait bannir les pantalons.  

A la barre, la plaignante clame presque en pleurant, " on avait honte, on avait peur, mais nous sommes les victimes ". Son fils s’est lui aussi confié avec difficulté. Il avait 14 ans au moment des faits présumés. Le jeune homme acceptait ces rapports intimes forcés par peur. Il déclare avoir considéré le prêtre comme son propre père et devait obéir pour aller au paradis.    

Fabrice Ibrahim, un prêtre "très autoritaire" 

De son côté, le mis-en-cause garde la tête baissée tout le long de l’audience. Il a donné sa version des faits l'après-midi. Fabrice Ibrahim comparait libre. Le verdict est attendu demain, vendredi 15 avril.  

C’est en 2017, que la paroissienne et son fils accusent le prêtre d’avoir abusé d’eux entre 2013 et 2015. Ils décrivent un prêtre très autoritaire qui n’hésite pas à les menacer de conséquences spirituelles s’ils parlent à quiconque des actes sexuels qu’il leur impose régulièrement. Ils se décrivent alors comme étant sous emprise.  

Le père Ibrahim est arrivé à la Plaine-des-Palmistes en 2010, et est très vite considéré comme un homme clivant aux idées tranchées. Il se dit lui-même traditionnaliste. Fabrice Ibrahim vit en soutane, prône le retour de la messe en latin, et s’est publiquement élevé contre le mariage pour tous, qualifiant la loi Taubira de loi contre nature.