Disparition du Journal de l’Île de La Réunion : que deviennent les articles ? La mémoire liquidée ?

La dernière Une du JIR n'a pas été imprimée
La liquidation judiciaire du JIR entraîne la mort de toutes les entités du journal. Y compris Clicanoo. Les articles archivés sur le site ne seront prochainement plus accessibles. Il en restera une trace, mais désormais moins facile d’accès.

La fermeture brutale du JIR le 31 juillet 2024 n’entraîne pas qu’une fin de parution définitive. C’est aussi la disparition de son site internet et des informations qu’y était déposées depuis de nombreuses années. En septembre prochain, son nom de domaine devrait disparaître.

Pas de vieux journaux entassés dans les locaux

Les versions en ligne des articles papier et les articles originaux de Clicanoo constituent la mémoire récente du journal de l’île de la Réunion. D’autant qu’aucune conservation ni aucun classement n’étaient plus faits par la société elle-même.

"Il y avait autrefois une dame qui s’en occupait, cachée au fond d’un petit bureau sombre, mais depuis son départ à la retraite, c’est à la poubelle que finissaient nos papiers, nous confie discrètement un confrère encore récemment journaliste au JIR. Ou mieux, en emballages d’épluchures, « ça rend modeste » comme disent les vieux journalistes".

"L’informatique physique" du JIR en pleine purge

Ce journaliste a dû rendre très vite tous ses outils de travail. Il explique que "l’informaticien est l’un des rares à encore travailler, en quelques sortes pour le compte du liquidateur, et il vide en ce moment toute la mémoire des ordinateurs". Tant pis pour ceux qui ont laissé des choses importantes : souvenirs personnels ou enquêtes en cours. "S’il n’y a pas eu de copie, c’est perdu ! "

Le site Clicanoo ne sera bientôt plus accessible

Pour le moment, le nom de domaine "clicanoo" est encore existant, mais bientôt lorsque vous taperez clicanoo.re dans la barre d’adresse de votre navigateur, vous devriez tomber sur un message d’erreur.

Une mémoire sauvegardée, classée et indexée

Heureusement, il existe une mémoire officielle. Mais elle est moins évidente à exploiter pour tous ceux qui ont besoin (ou envie) de se référer à un passé proche ou lointain. Une ressource facile sera ainsi perdue. Toutefois, les étudiants, chercheurs, journalistes et particuliers pourront encore solliciter la Bibliothèque départementale de La Réunion ou les Archives départementales.


Elles ont dans leurs collections les versions papier de toute la presse diffusée sur l’île. "C’est phénoménal, d’ailleurs", s’émerveille encore Juliette Romainstal, à la bibliothèque. "Ça s’appelle le dépôt légal. Les titres doivent nous déposer au moins un exemplaire de chaque. On les conserve précieusement. La collection est quasi-complète depuis 1965. Celle des Archives doit remonter à plus loin encore ! ". "A 1951, date des premiers numéros du journal, sous la cote 1PER94", précise Emmanuelle Giry, la directrice des Archives départementales.

En 2021, le JIR publie un supplément sur ses pages les plus mémorables, année par année

C’est d’ailleurs avec cet apport que le JIR avait pu réaliser pour ses 70 ans un supplément collector, compilant les plus importantes pages d’Histoire du journal ET de l’île de 1951 à 2021.
Une parution également versée aux fonds départementaux, dont un seul exemplaire errait encore à la rédaction du JIR au dernier jour de passage des salariés sur place.

De rares journaux papiers dans la rédaction du JIR, vidée de ses journalistes

Un dernier recours dématérialisé avec la BNF

La Bibliothèque Nationale de France est consultable sur le poste installé spécialement à la bibliothèque départementale en 2019. Les visiteurs peuvent donc y trouver les articles que la presse locale a mis en ligne depuis cette date.  

Pour ce qui est antérieur, c’est un peu plus complexe.

En plus de celles qu’on lui connaît, la BNF  a pour mission "d’aspirer" et conserver les innombrables contenus de presse sur internet. Il est donc très probable que tous les articles du JIR ou du Quotidien puissent être retrouvés dans ces archives numériques. Mais c’est une recherche minutieuse, pas forcément accessible aux amateurs. Cela nécessitera sûrement un déplacement dans les locaux de la bibliothèque, voire – pour les recherches les plus poussées – un voyage jusqu’à la BNF à Paris.


Les férus d’Histoire péi pourront aussi espérer des parutions futures de journalistes qui tenteraient de récupérer leurs droits moraux sur les articles qu’ils ont pu écrire et auxquels ils voudraient donner une seconde vie.