Disparition : La Réunion rend hommage à Tiloun

Source : Facebook
Artistes, politiques et anonymes : La Réunion rend hommage au maloyère, Tiloun, décédé ce dimanche 5 juillet. Le chanteur de maloya était âgé de 53 ans. Les réactions se multiplient sur les réseaux sociaux.
La Réunion est en deuil. Le chanteur de maloya, Tiloun, est décédé ce dimanche 5 juillet. Agé de 53 ans, Jean-Michel Ramoune, surnommé Tiloun, a succombé à un infarctus cet après-midi, au CHU de Bellepierre où il était hospitalisé depuis hier soir. Artistes, politiques et anonymes sont nombreux à lui rendre hommage ce dimanche soir. 
 

"Un artiste au grand cœur"

Sur les réseaux sociaux, les commentaires des Réunionnais se multiplient pour saluer "une figure du maloya", "une très belle personne", "un artiste au grand cœur", "un homme généreux", ou encore "un pilier de la musique Réunionnaise". "J’espère que le maloya résonne dans le ciel", écrit un internaute sur la page Facebook de Réunion La 1ère. La Réunion perd "un frère", "un dalon".

Regardez les précisions de Réunion La 1ère : 
 

Les artistes péi en deuil 

"C’est une grande peine, a déclaré avec émotion Firmin Viry sur Réunion La 1ère. C’était un père pour nous. Il a défendu notre culture, notre maloya".

Regardez le témoignage de Firmin Viry sur Réunion La 1ère : 

La voix tremblante, l’artiste Eric Pounouss a aussi réagi à cette "grande perte pour La Réunion".
 

Tout le monde est touché, pas seulement les habitants de la Source. Tiloun est plus qu’un zarboutan, même quand il n’était pas là, il était là. C’était un Dada. 

Eric Pounouss


Sur Réunion La 1ère, Louis Laope décrit son dalon. "Tiloun était la force, la persévérance et l’envie de dire et de faire", explique Louis Laope qui rappelle que Tiloun n’a pas eu une enfance facile. 

Regardez le témoignage de Louis Laope sur Réunion La 1ère : 

Tiloun était passé par la Fondation des apprentis d’Auteuil où Gilbert Pounia était animateur. "A la Source, Tiloun était un ti marmaille en culotte courte et aujourd’hui c’est un choc terrible, une immense tristesse, explique Gilber Pounia. C’est un morceau de nous-même qui s’en va".

Regardez le témoignage de Gilbert Pounia sur Réunion La 1ère : 
 

Un artiste engagé

Tiloun était aussi un artiste engagé dans la lutte contre le diabète. Souffrant de cette maladie, Tiloun avait aussi été le parrain de "l’Odhirathon" qui soutient la recherche contre l’obésité, le diabète, l’hypertension et l’insuffisance rénale chronique. Il avait pour projet d'écrire un livre sur l'obésité. L'artiste Nicole Dambreville se souvient aussi de son dalon, de leur combat ensemble au sein de l'Odhiraton. 

Regardez le témoignage de Nicole Dambreville sur Réunion La 1ère : 
 
Dans un communiqué, la CGTR a aussi réagi au décès de Tiloun. "Nous perdons un "zarboutan" de notre culture réunionnaise, écrit Patric Ollivier de la CGTR. Son œuvre et son combat continueront à vivre, nous y veillerons". Corine, la femme de Tiloun, est membre de la direction confédérale CGTR.

Le groupe Comité Solidarité Chagos La Réunion, CSCR, a aussi fait part de sa tristesse : "nous voyons en lui un ami sincère de la cause du peuple des Chagos si malmené par l’histoire. (…) En tant que maloyèr, poète et chanteur, il a composé un maloya intitulé 'Shagos' qui est paru dans son premier CD "Dé pat atèr"." "Tiloun, tu as su reconnaître dans la cause du peuple des Chagos une cause digne de ton attention et de ta solidarité agissante", écrivent dans un communiqué le président du CSCR, Georges Gauvin, et le secrétaire, Alain Dreneau.
 

Les réactions politiques

Le monde politique réagit aussi à la disparition de Tiloun, défenseur de la langue et de l’identité créole. La nouvelle maire de Saint-Denis, Ericka Bareigts, publie un communiqué, ce dimanche. "La communauté du maloya a perdu l’un de ses tenants et la culture réunionnaise l’un de ses fils", écrit Ericka Bareigts.

Jean Michel Ramoune exerçait aussi ses fonctions au sein de la Direction Centrale des Mairies. Ericka Bareigts décrit un homme "apprécié de ses collègues". "Mais pour tous les Réunionnais, Jean-Michel Ramoune était avant tout Tiloun, maloyèr de talent, posant ses pas dans le chemin tracé par Firmin Viry, son inspiration et son modèle", poursuit la maire de Saint-Denis.
 

De ce maloya traditionnel de la kour Viry à la Ligne Paradis jusqu’au podium les plus prestigieux, Tiloun avait lui-même fondé sa propre personnalité qui le distingue aujourd’hui des autres musiciens de la scène réunionnaise. Il inspirait de jeunes talents à travers l’île, mais aussi, en particulier dans son quartier de La Source à Saint-Denis dont il était une figure emblématique.

Ericka Bareigts


Autre réaction politique ce dimanche : celle du député France Insoumise, Jean-Hugues Ratenon, qui fait part de sa tristesse. Pour Jean-Hugues Ratenon, c’est "un ami, un frère qui nous quitte. Un vrai Réunionnais qui appréciait la vie artistique, culinaire ; qui appréciait la vie tout simplement". "Il m’a souvent donné des conseils. Des mots qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire et qui me guideront pour les combats futurs. Il n’hésitait pas non plus à pousser ses coups de gueule mais c’était toujours avec justesse, écrit Jean-Hugues Ratenon. La Réunion perd un grand artiste".
  
Pour le président de la Région, Didier Robert, "la musique réunionnaise vient de perdre un de ses plus fervents défenseurs". "Chanteur et musicien de grand talent, Tiloun laisse une empreinte solide et indélébile dans l’histoire culturelle et musicale de La Réunion", écrit Didier Robert.
Pour le président du Département, Cyrille Melchior, "notre île gardera la trace de cet artiste attachant, inspiré et nourri par son compagnonnage avec les éminents aînés connus pendant sa jeunesse autant que par les rencontres et l’amitié partagée avec tant d’artistes de sa génération".
 

Dans ses textes, dans sa musique, avec sa voix, Tiloun a exprimé avec talent son attachement viscéral au maloya traditionnel de La Réunion - Ô Maloya ! - et sa recherche constante d’ouverture et de mélanges. Ce message était au cœur même de la mission d’éducateur, que Tiloun a exercé toute sa vie, et qui mérite elle aussi d’être saluée aujourd’hui.

Cyrille Melchior


Pour Huguette Bello, maire de Saint-Paul, à la tête du PLR : "La Réunion perd un Grand Cœur, le Maloya perd une grande et belle voix généreuse". "Nous perdons un poète, un musicien qui aimait plus que tout notre terre réunionnaise, notre langue créole".
 

Nous perdons un frère de lutte, exemplaire dans ses engagements. Tiloun était un ami, un compagnon sur le chemin de l’émancipation, un combattant de la liberté qui portait haut l’Homme réunionnais. 

Huguette Bello

 
Le maire du Port, Olivier Hoarau, a aussi réagi dans un communiqué : "Tiloun s'en est allé comme une romance s'éteint, comme toutes celles qu'il a su si bien composer".
 

Artiste reconnu, il a été également un talentueux médiateur socio culturel. Grand-frère de nombreux jeunes dionysiens il aura lutté inlassablement contre l'exclusion, le décrochage scolaire et social. (…) La Réunion perd trop tôt l'un de ses acteurs culturels majeurs.

Olivier Hoarau

 

Un maloyère de la Source

Tiloun a grandi dans le quartier de la Source à Saint-Denis. Il est très jeune lorsqu’il rencontre dans son quartier de grands noms de la musique réunionnaise comme Alain Peters et Ziskakan. A la Source, Tiloun se met au chant et à la musique péi. Il fréquente alors Henri Madoré ou encore Tikok Vellaye, ses sources d’inspirations.
 

Fils spirituel de Firmin Viry

Pendant près de 30 ans, Tiloun chante le maloya. Pendant quatre ans, il joue aux côtés de Firmin Viry, dont il est le fils spirituel. Encouragé par Firmin Viry et Danyel Waro, Tiloun finit par enregistrer un premier album en 2008 : « Dé pat ater ». En 2011, il enregistre à Madagascar « Kas in poz ». Dans ce dernier album, Tiloun la famille, les ancêtres, son histoire personnelle, mais aussi celle de La Réunion.