Les bureaux de vote ont ouvert ce mercredi en Afrique du Sud, pour des élections législatives annoncées comme les plus disputées des trente dernières années.
Quelque 27,6 millions d'électeurs inscrits sont appelés à se rendre aux urnes jusqu'à ce soir 21h pour choisir 400 députés, lesquels éliront ensuite le prochain président à l'issue d'un scrutin qui pourrait marquer un recul historique de l'ANC au pouvoir depuis la fin de l'apartheid. Depuis l'élection du premier président noir du pays Nelson Mandela, le parti historique a remporté les scrutins avec une large majorité. Mais il risque cette fois de perdre pour la première fois sa majorité absolue au Parlement, d'après les sondages de ces dernière semaines.
Des élections qui pourraient accentuer les divisions
Ces élections en Afrique du Sud pourraient surtout accentuer les divisions du pays, trente ans après l'avènement de la démocratie et la fin de l'apartheid, a estimé un responsable local de l'enclave blanche d'Orania.
"Si les élections conduisent les partis les plus radicaux à rejoindre une coalition, cela ne fera que renforcer la détermination de certains Afrikaners (souvent d'origine néerlandaise) ruraux à suivre leur propre chemin", a affirmé Wynand Boshoff, député et responsable local du parti afrikaner FF Plus.
Orania a été fondée au début des années 1990 après l'effondrement du régime ségrégationniste de l'apartheid avec l'objectif de protéger la culture et la langue des Afrikaners blancs face à la majorité sud-africaine noire.
L'inquiètude des Afrikaners
Le bourg compte actuellement 2.800 habitants, une goutte d'eau dans un pays de presque 60 millions d'habitants. Et l'enclave fait face à des accusations de racisme.
Au pouvoir depuis 1994, le Congrès national africain (ANC) pourrait selon les sondages perdre la majorité absolue au Parlement et nouer des alliances pour la formation d'un gouvernement de coalition.
Notamment à gauche avec les Combattants pour la liberté économique (EFF), qui promettent des réformes radicales telles que la redistribution des terres et la nationalisation de secteurs économiques clef. Ou encore avec l'uMkhonto we Sizwe (MK) le parti de l'ex-président et ancien pilier de l'ANC Jacob Zuma.
"Et Orania gagnera en importance si cette coalition prend forme car les Afrikaners auront le sentiment, à juste titre, d'être marginalisés à un point tel, qu'à un moment donné, cela pourrait leur être fatal", a souligné M. Boshoff, 53 ans, petit-fils du premier ministre assassiné de l'époque de l'apartheid, Hendrik Verwoerd. "C'est comme si les gens ne réalisaient pas que nous avons perdu le pays il y a 30 ans. Mais si l'EFF ou MK font partie du gouvernement, ils réaliseront soudain que nous l'avons perdu", a insisté le responsable.
L'émancipation économique au coeur du scrutin
Située à 870 km de la ville du Cap, Orania se situe dans le désert du Karoo, sur les rives du fleuve Orange, sur une superficie de 8.000 hectares. Ses nouveaux résidents sont tous cooptés après un entretien serré avec ses autorités.
Le parti afrikaner FF Plus occupe dix sièges dans l'Assemblée nationale, qui en compte 400.
Son programme n'est pas ouvertement séparatiste mais il souhaite abolir les mesures de l'ANC visant à l'émancipation économique de la majorité noire, mesures qu'ils considèrent comme discriminatoires.
Le Parlement, fraîchement élu, devrait siéger deux semaines après le scrutin. Ses 400 députés seront alors appelés à élire le président. En passant sous la barre des 50%, l'ANC serait contraint à nouer des alliances pour se maintenir au pouvoir. Des négociations devraient suivre le vote autour de la formation d'un gouvernement de coalition.