C'est une scène de désolation que les employés du Zoo Parc de l'Etang-Salé ont découvert, en parcourant le site à la levée de l'alerte rouge. La force des vents de Belal a dévasté la végétation de l'endroit, cadre de vie des 253 animaux du parc.
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Eucalyptus, tamarins, cassias, filaos... : nombre d'entre eux ont cédé sous les vents cycloniques, pliés, voire déracinés. Bernard Gougache, le directeur du Zoo Parc qui a passé les deux nuits d'alerte rouge sur place, témoigne : "On voyait tomber les arbres, c'était impressionnant".
3 hectares de forêt déjà sécurisés
Malgré l'ampleur des dégâts, il ne se laisse pas décourager, et entend avec ses équipes remettre les lieux en état. Le jardinier polyvalent, Jean-Marie Tenor, est déjà au travail depuis un moment. Avec son équipe, il a sécurisé plus de trois hectares de forêt en quelques jours cette semaine.
Des arbres qui mettront du temps à repousser
Ce dimanche, il achève de couper quelques branches cassées ici et là, tronçonneuse à la main. "Nou la arriv la nou la mett nout deux bras su la tête devant la catastrophe. Jamais vu les arbres arrachés comme ça", se désole-t-il. Sa pépinière permettra de replanter quelques arbres, qu'il n'est pas prêt encore de voir pousser. "Si na la pluie cette année nou va récupère des arbres, si na point, faudra attenn facilement deux ou trois ans", dit-il. Une chose est sûre, il faudra encore patienter avant que le Zoo parc ne retrouve son aspect initial.
Les 253 animaux du parc sains et saufs
Heureusement, les 253 pensionnaires de ce parc animalier sont sains et saufs. A l'approche du cyclone, les oiseaux de la volière ont été confinés dans un espace créé tout spécialement pour les abriter des intempéries. "Une grosse partie des animaux a été mise dans cette structure qu'on a créée exprès pour les cyclones et les quarantaines. 47 perroquets de la grande volière sont venus ici", explique Bernard Gougache, désignant un grand box pouvant accueillir les cages de plusieurs dizaines d'oiseaux.
Une astreinte pour les nourrir pendant l'alerte rouge
Rapaces, perroquets, dromadaires, alpaga, autruches, reptiles... Tous ont été mis à l'abri des vents violents, qui ici, ont déferlé jusqu'à 150 km/h. Une astreinte de quatre personnes, dont le directeur, a été mise en place pour garder un oeil sur les animaux, et bien sûr les nourrir. "On a dormi sur le site pour sécuriser les animaux et les nourrir. On attendait les accalmies", décrit Bernard Gougache.
Les soigneurs soulagés
Dès le retour à une météo plus clémente, Eva Gastellier, aide-soigneuse animalière, a pris le relais. "Je suis revenue juste après le cyclone pour aider, c'était une surprise de voir l'état du parc, ce chaos", raconte-t-elle. "Heureusement, il n'y a pas eu de perte au niveau des animaux, c'était notre crainte", achève-t-elle, soulagée de retrouver ses pensionnaires en bonne santé. Aujourd'hui, elle nourrit les oiseaux de retour dans leur volière, tentant de reprendre leurs marques après le passage du cyclone.
Belal, bébé cacatoès né pendant le cyclone
Cyclone qui aura aussi laissé des traces plus heureuses sur le Zoo Parc que celle des arbres déracinés : en pleine nuit d'alerte rouge, un petit cacatoès à huppe jaune a pointé le bout de son bec... et a aussitôt été baptisé Belal.
On est réconfortés, parce que même dans des situations graves on a des naissances, ça veut dire que dans un sens les animaux se portent bien.
Bernard Gougache, directeur du Zoo Parc
Une fermeture en période de vacances, 60 000 euros de pertes
Un point positif qui peine toutefois à masquer l'inquiétude de l'équipe du Zoo Parc. Certes, après avoir pansé ses plaies, le site pourra si tout se passe bien rouvrir le mercredi 24 janvier. Mais au total, entre le déclenchement de l'alerte rouge et la réouverture prévue la semaine prochaine, le Zoo Parc sera resté fermé une petite dizaine de jours. Une fermeture en pleine période de vacances scolaires où l'affluence était pourtant prometteuse. Sur un mois de janvier classique, la structure accueille en effet 400 à 500 visiteurs en moyenne par jour. C'est dire l'ampleur de la perte.
"La perte financière est énorme. On a fermé pendant les vacances de janvier, et cette période, c'est notre trésorerie pour les charges fixes des mois de février et de mars. Ça représente une perte nette d'à peu près 60 000 euros".
Bernard Gougache, directeur du Zoo Parc
Aux coûts de remise en état du parc s'ajoutent les charges liés à la vingtaine d'employés qui travaillent au sein de la structure.
Une cagnotte en ligne
Dans ce contexte, Bernard Gougache n'a eu d'autre choix que d'appeler à la solidarité de ses visiteurs, et plus globalement, des Réunionnais. "On a lancé une cagnotte Leetchi parce que les assurances ne nous suivent pas", souffle-t-il. Le peu de trésorerie récolté permettra de faire face aux frais fixes et aux prochaines dépenses du parc pour nourrir et soigner les animaux, et d'assurer ainsi la pérennité du Zoo Parc. Ce dimanche 21 janvier, la cagnotte en ligne réunissait déjà plus de 2 500 euros.