Face à la crise sanitaire, Air Austral va bénéficier d’une rallonge de 60 millions d’euros

Un avion d'Air Austral à La Réunion (photo d'illustration).

En pleine crise sanitaire du Covid-19, la compagnie réunionnaise Air Austral a besoin d’argent pour survivre. Ce mardi 9 mars, lors de son assemblée plénière, la Région vote une rallonge de 30 millions d’euros. L’Etat versera l’autre moitié.

Comment aider Air Austral à survivre à la crise sanitaire ? La compagnie locale va bénéficier d’une rallonge de 60 millions d’euros.

Ce mardi 9 mars, le plan régional de relance est débattu en assemblée plénière. La Région vote un soutien financier supplémentaire à Air Austral, mais aussi de nouveaux dispositifs d'aides pour les secteurs du tourisme, de la jeunesse et de l'artisanat.

Une aide en plusieurs étapes

La Région va verser à Air Austral 25 millions d’euros sous forme de prêt, et cinq autres millions seront versés par la Caisse des Dépôts et des Consignations.

"La Région et la Caisse des Dépôts et des Consignations interviendront pour moitié, tout comme l’Etat pour l’autre moitié", explique Didier Robert, président de la Région Réunion. La Région est l'actionnaire majoritaire de la Sematra qui possède 99 % du capital d’Air Austral.

Pour mobiliser cet argent, la Région explique qu’elle va re-dispatcher des aides, elle puisera notamment dix millions d’euros dans l’enveloppe du chantier de la Nouvelle Route du Littoral. A la Région, l’opposition dénonce une opération de communication de Didier Robert avant les élections régionales.

Déjà 120 millions de l’Etat en 2020

Cet argent devrait d’abord servir à éponger la dette de la compagnie locale. En 2020, son chiffre d’affaire a chuté de 55 % malgré la légère embellie des mois de vacances scolaires de juillet et août 2020.

L’an dernier déjà, au début de la crise sanitaire, Air Austral avait reçu un versement de 120 millions d'euros, sous forme de recapitalisation et de prêts garantis par l'Etat.

Le Covid limite le trafic aérien

Comme toutes les compagnies aériennes, Air Austral fait face depuis un an aux conséquences économiques de la crise du coronavirus. Depuis le 28 janvier dernier, les motifs impérieux sont à nouveau en vigueur pour les voyages au départ et à l’arrivée à La Réunion. Résultats : les passagers sont peu nombreux à se déplacer. Les vols ont été réduits, des avions sont cloués au sol et d’autres volent quasiment à vide.

"Une obligation d’agir"

"Nous avons une obligation, mais aussi une responsabilité à agir et à accompagner Air Austral dans un moment où le monde de l’aérien connaît une situation extrêmement pénalisante", estime Didier Robert, président de la Région Réunion. Il rappelle qu’Air Austral est une compagnie régionale depuis 30 ans.

"Elle a été construite, accompagnée, et soutenue, parce que les Réunionnais l’ont voulu", ajoute le président de Région qui estime qu’il faut une "une compagnie régionale forte pour pouvoir assurer la desserte entre La Réunion et la métropole, mais aussi au niveau du régional et du Grand Régional".

Un nouvel actionnaire ?

Par ailleurs, en cette période de fortes turbulences pour la compagnie réunionnaises, de nouveaux actionnaires pourraient faire leur entrée dans le capital d’Air Austral. Des discussions seraient en cours avec Qatar Airways.

Les réactions des syndicats

Suite à cette annonce d'une aide de 60 millions d'euros, le personnel d’Air Austral est entre inquiétude et espoir. Depuis juin 2020, un plan de rupture conventionnelle collective est en place. "Les salariés ont été mis à contribution et ils ont fait l’effort, rappelle Vivien Rousseau, pilote de ligne et président du syndicat national des pilotes de ligne, Air Austral. Ils ont abandonné des jours de congés, leur 13e mois et sont en chômage partiel avec une perte de rémunération importante". La première rupture conventionnelle devrait voir partir 90 salariés, dont une quinzaine de pilotes.

Aujourd’hui, les salariés attendent beaucoup des collectivités. Air représente aussi  3 000 emplois indirects avec la conception des repas servis à bord, ou encore le nettoyage des avions. "Nous voulons que la boîte survive, nous sommes mobilisés et nous restons positifs, malgré l'inquiétude, assure Baptiste Dei-Tos, personnel navigant commercial, délégué syndical SNPNC, FO Air Austral. Nous sommes fiers de cette compagnie réunionnaise, ça serait une catastrophe pour tous les Réunionnais si Air Austral fermait".

Regardez le reportage de Réunion La 1ère :