Face à la sécheresse à La Réunion, professionnels et particuliers s'organisent

Un arrêté préfectoral impose des restrictions d'eau temporaires dans sept communes de l'île.
En cette période de sécheresse, les nappes phréatiques se vident. La préfecture a défini vendredi dernier des mesures de vigilance et de restriction temporaire. Sept communes de La Réunion doivent surveiller leur consommation d'eau. Dans toute l’île, la population doit s’adapter pour faire face

Face à l’épisode de sécheresse qui touche l’île, sept communes sont concernées sur toute La Réunion. Il est désormais interdit de laver sa voiture, arroser son jardin dans la journée, ou encore, remplir sa piscine. La vigilance est de mise et les mesures de restriction pourraient s’étendre dans les prochains jours. 

Bras Panon en alerte sécheresse 

Dans une commune habituellement abondamment arrosée, la sécheresse frappe de plein fouet Bras Panon. Le débit de la rivière est au plus bas. “On constate vraiment la diminution de la ressource en eau avec la présence de traces blanches sur les rochers qui indiquent bien la baisse du niveau de la quantité en eau dans nos rivières”, constate Olivier François, référent santé et prévention des risques de la mairie de Bras Panon. 

Regardez le reportage de La 1ère : 

A cause de la sécheresse, plusieurs communes dont celle de Bras-Panon sont soumises à des restrictions d'eau ©Réunion La 1ère

Bras Panon fait partie des sept communes de l’île mises en alerte par le préfet. L’arrosage des jardins est désormais interdit entre 8h et 18h. Tout comme le lavage des voitures et le remplissage des piscines. Des mesures globalement bien accueillies par la population. 

Je trouve que les restrictions mises en place par la mairie sont nécessaires pour que les gens prennent conscience que l’eau en ce moment est une ressource rare. La pluie ne tombe plus comme avant”, déclare cette habitante. 

Le débit de la Rivière de Bras Panon est au plus bas ces derniers jours.

Les 13 500 habitants de Bras Panon sont alimentés par le captage du Bras des Lianes. Mais son débit de 1500 mètres cubes par heure habituellement, est passé sous la barre des 700 mètres cubes par heure. “Le besoin en approvisionnement en eau de la commune est d’environ 250 mètres cubes par heure", assure Jeannick Atchapa, maire de Bras Panon. "Ce chiffre est en baisse, nous sommes à moins de 200, ce qui amène à cette situation d’alerte"

Les mesures de restriction pourraient se durcir dans les prochains jours à Bras Panon. Les coupures d’eau ne sont pas à exclure.

Des coupures d'eau à Salazie et Saint-André 

Ce matin, la compagnie des eaux de La Réunion, CISE Réunion, a annoncé des coupures d’eau dans le secteur de Mare à Poule d’Eau à Salazie et dans plusieurs quartiers de Saint-André. Des coupures effectives dès 22h ce soir jusqu’à 5h matin. Une solution trouvée afin de préserver la distribution en eau durant la journée de ces deux secteurs fortement touchés par la sécheresse. La compagnie des eaux a également mentionné des coupures et baisses de pression sur le réseau tout au long de la journée. Un plan de coupure qui pourra évoluer en fonction de l’état de la ressource.

Saint-Louis et le Tampon touchées dans le Sud 

Parmi les sept communes en alerte sur toute l’île, quatre concernées se trouvent dans le Sud. 

À Saint-Louis par exemple, la sécheresse gagne du terrain ces derniers jours mais les habitants ne sont pas forcément tous au courant de l’arrêté préfectoral paru vendredi.

Je ne suis absolument pas au courant de ça, s’il y a vraiment un épisode de sécheresse, il faut restreindre” déclare cet habitant de la commune du Sud. “Il faut que le linge soit propre quand même, alors bien sûr il faut faire attention mais on doit aussi boire de l’eau”, constate cette habitante, pas informée de l’arrêté en vigueur. 

Dans une autre commune du Sud, au Tampon, les plantes sont les premières victimes de la sécheresse. En raison de l’arrêté, l’arrosage en journée est interdit, pour les particuliers mais aussi les collectivités. Au lendemain de la clôture des 39ème Florilèges, au Tampon, la sécheresse est une préoccupation majeure pour les horticulteurs de retour à leurs serres ou à leurs champs.

On ne peut pas ne pas arroser, c’est impossible”, dénonce Joseph Avril, horticulteur depuis 35 ans. “Je me suis installé à La Réunion en 1988, il y avait déjà beaucoup de coupures d’eau. Je récupérais l’eau de pluie pour ne pas dépendre des mesures de restrictions”, explique-t-il. 

Des méthodes existent pour limiter l’arrosage comme le goutte-à-goutte ou la laine de mouton en couverture des sols pour éviter l’évaporation trop rapide de l’eau. Des gestes nouveaux mais insuffisants face à la sécheresse qui gagne la commune. Joseph Avril invite à un accompagnement des agriculteurs pour trouver davantage de solutions durables. 

 

Regardez l'intervention de Patrick Selly, président de la CIREST, au micro de Reunion La 1ère : 

Sécheresse : invité plateau Patrick Selly, président de la CIREST ©Réunion La 1ère

Une sécheresse plus longue et plus intense 

Cette période est une période classique de sécheresse mais au fil des années elle ne s'améliore pas, explique Jimmy Basque, adjoint au directeur eau potable pour le secteur sud à Runéo. “On espère que les pluies vont bientôt arriver et qu’on puisse mettre un terme à cette mesure de vigilance”. 

Interviewé par Réunion La 1ère, Olivier Fontaine, secrétaire de la Chambre d’agriculture, tire la sonnette s'alarme. "Depuis trois ans on souffre de la sécheresse à la même période", explique-t-il. Une situation qui ne va pas aller en s'améliorant. Des solutions sont attendues le plus rapidement possible, notamment dans l'est de l'île, qui ne dispose toujours pas de réseau d'irrigation fonctionnel, selon Olivier Fontaine.   

Regardez l'intervention d'Olivier Fontaine au micro de Réunion La 1ère : 

Sécheresse : interview d'Olivier Fontaine de la Chambre d'Agriculture

Parmi les solutions, le secrétaire de la Chambre d'agriculture évoque également les retenues collinaires afin de capter l'eau et la stocker. Un système collectif qui pourrait être installé directement chez les agriculteurs afin d'endiguer une situation de plus en plus critique.