Alors qu'elle n'est encore qu'une perturbation tropicale, à près de 900 km au nord-est de La Réunion - selon le point de Météo France ce vendredi à 11h -, la future tempête tropicale Belal provoque déjà une certaine agitation sur le département. L'île est placée en alerte jaune pré-cyclonique dès ce vendredi 12 janvier 2024 à 13 heures.
Son passage au plus près était ce vendredi midi estimé "dans la nuit de dimanche à lundi" selon les prévisions, qui ne se prononcent pas encore sur la distance du système à ce moment-là. Trop tôt pour le dire.
A Sainte-Anne, les habitants se rappellent des précédents cyclones
Alors en attendant d'en savoir plus, aux quatre coins de l'île, les habitants se préparent comme ils peuvent. D'autant que les conditions météorologiques sont prévues de se dégrader dès ce week-end, surtout dans l'est de l'île. A Sainte-Anne, le ciel était d'un joli bleu ce matin et le soleil régnait sans menace, n'augurant aucune tempête ni cyclone. "Mi veu i pass pa, si larivé larivé, nou va fé avec", commente cette bénédictine devant l'église de Sainte-Anne.
Le reportage de Réunion La 1ère dans l'Est :
Ce monsieur lui, regarde le ciel bleu et se rappelle que le cyclone Jenny, en février 1962, était arrivé subitement. "Cyclone Jenny la arrive dann soley comme ça, sec. Après la rivière larivé tout d'un coup, Saint-François la mer la rale do moun, marmay, la parti avec", se remémore-t-il. En effet, 37 personnes étaient alors décédées lors de cet épisode cyclonique à La Réunion, à une époque où les prévisions n'étaient pas aussi précises.
Les bateaux rentrés au port de Sainte-Rose
Dans le port de Sainte-Rose, Karvely profite du "calme avant la tempête", qui va arriver assurément selon elle. "C'est sûr comment le temps i lé, les vagues et tout, ma la vu la houle té commence arriver", observe la jeune femme.
Les pêcheurs et plaisanciers eux, s'affairent à quelques mètres, rentrant leurs bateaux pour beaucoup. Un autre, à bord du "Becsultar", va chercher "les derniers poissons avant le cyclone". Il rentrera son bateau samedi, car il est prévenu des éventuelles conséquences : le passage de Fakir, en 2018, avait emporté une dizaine d'embarcations ici. "I préoccupe un ti peu, faudra bien surveiller. Aujourd'hui passe encore mais na war", commente-t-il.
Sur le port de Saint-Pierre aussi, l'heure est à la sécurisation
Autre port, mêmes inquiétudes. Dans le Sud à Saint-Pierre, Joël Lambert est pêcheur professionnel, et préfère anticiper et sécuriser son bateau. "On ne sait pas vraiment de quelle force la tempête sera et quelles seront les conséquences donc on préfère prendre de l'avance et assurer comme tous les ans on le fait" indique-t-il.
"Comme tous les collègues, on va faire le tour et attacher ce qu'on peut attacher, pour qu'on soit un peu sécurisés, au moins dans notre tête"
Joël Lambert, pêcheur professionnel à Saint-Pierre
Des précautions de rigueur même si Joël Lambert le reconnaît, le port de Saint-Pierre est "bien protégé". Se souvenant par exemple du cyclone Firinga en 1989, il observe : "le port a supporté des cyclones sans dégâts. On est plus sécurisés, donc moins stressés, mais stressés quand même". L'inquiétude du pêcheur ne concerne pas vraiment la houle, mais plutôt les vents forts qui "peuvent causer des dégâts, même arracher un ponton".
Les Saint-Joséphois attendent de voir venir
Toujours dans le Sud, au marché de Saint-Joseph ce vendredi matin, les clients tout comme les maraîchers se demandaient encore à quoi s'attendre, mais sans trop d'affolement. Ils en ont vu d'autres. "Ils sont zen les Saint-Joséphois ! Nou attend de voir si na mauvais temps ou pas, sans plus. La vie poursuit son cours normalement", sourit l'un d'eux.
Regarder le reportage de Réunion La 1ère à Saint-Joseph :
Une cliente du marché pense que "y aura un peu de pluie peut-être". Une autre voit quelque chose de "modéré" approcher La Réunion, mais reste sur ses gardes : "Batsirai vous vous en rappelez ? Ça a fait des dégâts". Pour ce monsieur en revanche, cela fait trop longtemps déjà que l'arrivée de la tempête est évoquée. "On a l'impression que c'est pour remplir les cabas et c'est tout. Je pense qu'il y aura de la pluie oui, mais un cyclone ?", dit-il sceptique.
Inquiétude chez les agriculteurs
Les agriculteurs et les maraîchers eux, sont quand même moins sereins. Les derniers letchis seront écoulés, mais d'autres fruits pourraient souffrir du mauvais temps. Celui-ci s'inquiète des vents forts, néfastes pour sa plantation de bananes dès lors qu'ils dépassent les 80km/h. "Si c'est un coup de vent ça va, mais si ça insiste, à 80km/h ça aura des conséquences sur la banane", anticipe-t-il.
Le vent, c'est aussi un ennemi pour cet autre agriculteur : "On a fait les récoltes et maintenant on attend. Un peu de pluie ça ne va pas trop gêner, mais c'est le vent qu'il ne faut pas qu'il y ait".
Le camping de l'Hermitage évacué en cas d'alerte orange
Dans l'Ouest, au camping de l'Hermitage, l'inquiétude ne s'était pas encore invitée parmi les résidents... "Il y a les enfants, la famille, ça se déroule bien, tranquille !", nous dit l'un d'eux. Un autre, arrivé mardi, se prépare quand même à décamper. "On va peut-être partir demain en fonction des conditions météo. On préfère prendre les devants que de partir au dernier moment sous la pluie", dit-il.
Regarder le reportage de Réunion La 1ère :
Le responsable du camping de l'Hermitage Lagon, Fabrice Boyer, reste très attentif à la situation d'autant qu'en cas de passage en alerte cyclonique orange, il est "obligé d'évacuer les clients et ensuite démonter les tentes safari". "Pour des raisons de sécurité, on procède à des évacuations totales, et les occupants doivent libérer les bungalows", achève Fabrice Boyer. Soit leur séjour sera reporté, soit il leur sera remboursé.
Pour rappel, le futur Belal devrait passer au plus près de chez nous à un stade mature, soit de cyclone tropical voire plus. La Réunion se trouve, dès ce vendredi 13 heures, en alerte jaune pré-cyclonique, et le Sud, le Sud-Est et l'Est de l'île ont été placés en vigilance jaune fortes pluies dès cet après-midi.