GRAND FORMAT. L’agriculture réunionnaise au féminin

Une agricultrice dans son champs.
À l’heure des grands débats autour de l’autonomie alimentaire à la Réunion, la femme agricultrice "péï" tente de se faire une place au soleil dans un milieu longtemps réservé aux hommes. La femme d’agriculteur cède désormais sa place à la femme agricultrice et cheffe d’exploitation.

L’Organisation des Nations Unies a décrété le 15 octobre, jour de la femme rurale. Ici cette célébration trouvera écho dans plusieurs communes notamment à Saint-Philippe et Saint-Joseph.

Ces communes rurales entendent à leur manière fêter toutes celles qui contribuent à remplir nos marmites de produits du terroir. Et, elles sont nombreuses tous les jours à remuer terre et ciel ; surtout la terre pour nourrir une population réunionnaise avoisinant les 900000 habitants.  

Taux de féminisation en hausse

Les dernières statistiques datant de 2020 réalisées par la Direction de l’Alimentation de l’Agriculture et de la Forêt mettent en avant un taux de féminisation en augmentation de deux points dans le microcosme agricole réunionnais, passant ainsi de 16 à 18 % entre 2010 et 2020. Notre département abrite 1186 cheffes d’exploitation.

Les agricultrices de plus en plus diplômées

Si nos agricultrices s’installent plus tardivement, elles débarquent dans l’activité; plus diplômées. Chloé Gonthier, jeune petite îloise, se projette dans l’agriculture. Titulaire d’un Master en communication, elle a cette année repris ses études.

Pour mener à bien son projet de ferme-auberge, elle a dû entamer une formation agricole. Elle a choisi la Maison Familiale et Rurale de la Ravine des Cabris pour mener à bien sa formation. Contrat d’alternance en poche, elle met en pratique sur l’exploitation familiale les enseignements appris à la MFR.

La jeune femme devra toutefois attendre la fin de son cursus de formation pour s’installer. Elle ne peut en effet prétendre aux aides d’installation avant l’obtention de son diplôme programmé pour 2026.

                                                 

Là, je suis entrain de perdre un an. J’ai commencé mes démarches, je cherche mon terrain ; mais je dois attendre.                                                     

Chloé Gonthier, Future agricultrice

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Le Grand Format : Agriculture, les femmes s'installent à la tête des exploitations ©Réunion la 1ère

Une autre voie possible

Murielle Picard a emprunté une autre route pour arriver à ses fins. Cheffe d’exploitation depuis plus d’un an, elle cultive de la pomme de terre sur une parcelle de 5000 m2 située à Plaine des Cafres. Après des études de comptabilité, son statut d’aidante familiale lui a ouvert grandes les portes de l’exploitation familiale. Et son évolution s’est faite au fil des conseils distillés avec amour par son tuteur de père.

       

Tu veux être chef, bin il faut apprendre. Ici c’est pareil ; tu es aide familiale, tu veux devenir chef, il faut demander des conseils aux anciens.                                                                      

Murielle Picard, Agricultrice

Les jeunes femmes prennent racine au lycée agricole

Crée en 1955, le lycée agricole de Saint-Joseph, premier établissement à enseigner l’agriculture, accueille aujourd’hui 250 lycéens et étudiants. Le Lycée dispense des formations allant jusqu’au bac niveau BTS. Les jeunes filles et femmes représentent un tiers de l’effectif.

Aujourd’hui, les métiers de l’agriculture intègrent des technologies, de la mécanique agricole de très haut niveau qui atténuent la pénibilité des activités et qui permettent aux filles de pouvoir s’investir dans n’importe quel type de métiers chez nous.  

Vincent Bennet, Proviseur du Lycée agricole de Saint-Joseph

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Le Grand Format ; Agriculture, les femmes à l'honneur ©Réunion la 1ère

Une ingénieure au service du bio

La Saint-Pierroise Gaëlle Tisserant est ingénieure agronome à l’Armeflhore. Bac en poche, elle choisit de sauter la mer. Une étape obligatoire pour atteindre l’objectif qu’elle s’est fixé, décrocher son diplôme d’ingénieure.

L’accès à l’Ecole Nationale Supérieure d’ingénieurs de Toulouse validé, la jeune femme est de retour sur son île natale après six années de formation loin de ses proches. Elle est désormais la référente du pôle Bio de l’association réunionnaise pour la modernisation de l’économie fruitière, légumière et horticole de l’île.

                                       

C’est un défi de faire du bio en milieu tropical. Pour moi en tant que créole, c’est important de travailler sur des pratiques respectueuses de l’environnement.                                                    

Gaëlle Tisserant, Ingénieure Armeflhore

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Le Grand Format : Agriculture, les femmes à l'honneur ©Réunion la 1ère

Un marché de gros, plus féminin

Peu importe le parcours effectué, pour l’agricultrice ou la technicienne hautement diplômée, la finalité demeure avant tout la satisfaction du consommateur. Les fruits et légumes produits transitent presque que tous par la plaque tournante de l’agriculture réunionnaise : le marché de gros de Saint-Pierre.

Depuis sa création en janvier 1992, la structure se féminise lentement mais sûrement. Elles étaient cinq au départ,  aujourd’hui elles représentent 20% des effectifs vendeurs et acheteurs. Ces dames font désormais partie intégrante de l’activité. Et paroles d’agriculteurs, si les femmes sont plus dures en affaires elles ont aussi permis une meilleure valorisation du métier.

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Le Grand Format : Agriculture, les femmes à l'honneur ©Réunion la 1ère