Grande distribution à La Réunion : une meilleure rentabilité que dans l'Hexagone malgré une conjoncture moins favorable

Le secteur de la grande distribution à La Réunion
A La Réunion, le secteur de la grande distribution alimentaire se porte bien avec une rentabilité qui, si elle s'érode en raison d'un contexte moins favorable, reste néanmoins supérieure à ce qui est observé dans l'Hexagone, rapporte l'IEDOM dans sa dernière étude.

Selon la dernière étude de l'IEDOM, l'Institut d'émission des départements d'outre-mer, les enseignes de la grande distribution alimentaire à La Réunion ont enregistré de moins bons résultats financiers au cours de la période 2019-2022, bien que leurs chiffres soient toujours meilleurs que dans l'Hexagone.

Et pourtant, le chiffre d'affaires des grandes enseignes du département avait augmenté avec la crise sanitaire en 2020. Mais la tendance s'est ensuite inversée, et cela alors que l'économie réunionnaise a globalement connu un regain d'activité.

Une recomposition du paysage de la grande distribution

L'IEDOM parle de résultats d'exploitation dégradés avec une baisse de 3,8% de la valeur ajoutée et de 19,7 % de l'excédent brut d'exploitation entre 2019 et 2022. Ces moins bonnes performances s'expliquent d'abord par la profonde recomposition du paysage local de la grande distribution depuis fin 2019.

Il y a notamment eu le rachat de Vindemia par GBH mais aussi l'installation de nouveaux magasins.

Le groupe E. Leclerc Réunion a en effet ouvert trois hypermarchés à Saint-Joseph en 2019, à Sainte-Marie en 2020 et à Saint-Pierre en 2021. Et le groupe Système U a quant à lui ouvert aussi trois supermarché : un à Saint-Paul en 2019, et deux autres à La Plaine-des-Palmistes et à Saint-Joseph en 2020.

Le client d'une grande surface poussant son caddie dans une grande surface de La Réunion

Une plus forte concurrence

Des ouvertures qui augmentent les capacités globales du secteur et accroissent la concurrence dans les zones géographiques déjà les mieux dotées, comme par exemple entre Sainte-Clotilde et Sainte-Suzanne où l'on compte 4 hypermarchés sur 14 km.

Mais ces profonds changements n'expliquent pas à eux seuls cette baisse des résultats financiers, explique Philippe Lacognata, le directeur de l'IEDOM.

Regardez l'interview de Philippe Lacognata sur Réunion La 1ère :

Quelle rentabilité pour les grandes surfaces : Philippe Lacognata, directeur de l'IEDOM ©Réunion la 1ère

Le poids de l'inflation 

"Les grandes surfaces ont moins bien vécu cette période que les autres entreprises, explique Philippe Lacognata, parce qu'elles ont dû, à la fois effectuer des travaux pour mettre à niveau les magasins mais également mettre en place des politiques commerciales différentes en baissant leurs marges pour ne pas répercuter la totalité des hausses de prix sur les ménages réunionnais".

A la concurrence, s'ajoute l'inflation qui a bondi à +3,7 % en 2022, après avoir déjà augmenté de 1,4 % en 2021, ce qui a ainsi pesé sur les coûts des intrants et freiné la consommation des ménages.

Et avec une inflation à 4,1% sur le premier trimestre 2024, cette année risque encore d'être moins profitable pour les grandes surfaces du département.