Grossesses non désirées, allaitement, prématurés.. : une enquête fait le point sur les mamans et leurs nouveau-nés à La Réunion

Les derniers résultats autour de la périnatalité remontaient à 2003.
L'ARS de La Réunion et Santé Publique France ont publié ce lundi les résultats de leur enquête réalisée en 2021 sur la périnatalité. Comment se portent les femmes enceintes et les nouveaux-nés sur le département ? Eléments de réponse.

Comment se portent les bébés et les mamans à La Réunion ? Afin d'améliorer les politiques de santé publique autour de la périnatalité, l'ARS de La Réunion et Santé Publique France ont mené une étude en 2021, dans les sept maternités du département et à la Maison de naissance de l'Ouest. Les résultats ont été présentés ce lundi 26 juin 2023. 

1 105 femmes et 1 120 nouveau-nés enquêtés 

Au total, ce sont 1 105 femmes ayant accouché et 1 120 nouveau-nés qui ont été au cœur de cette enquête. État de santé des mères et des bébés, pratiques médicales avant et après accouchement pendant deux mois après la naissance, ont été passés au crible. Des résultats essentiels puisque la période de la grossesse jusqu'aux deux premières années de l'enfant est cruciale pour son avenir, a rappelé la directrice générale de Santé Publique France Réunion. 

Regardez les précisions de Réunion La 1ère :

Enquête sur la périnatalité à La Réunion : reportage

Les dernières données remontaient à 2003

Ces données peuvent être désormais comparées à celles de la dernière étude de ce genre menée à La Réunion, en 2003, mais aussi aux données de l'Hexagone. En un peu moins de deux décennies, l'étude permet de distinguer comment la grossesse et les premiers mois de l'enfant ont évolué à La Réunion. Le point sur les principaux constats de cette enquête nationale périnatale. 

Une forte adhésion à l'allaitement à La Réunion

Malheureusement, l'étude ne permet de souligner que peu de points positifs. Hormis un taux de satisfaction élevé des femmes concernant leur prise en charge médicale pendant leur grossesse et leur accouchement (plus de 90%), l'autre point positif concerne l'allaitement, qui rencontre une forte adhésion à La Réunion. 83% des mamans le pratiquent ici, alors que le pourcentage dans l'Hexagone n'est que de 70%. Même si le taux d'allaitement diminue au bout de deux mois (66%), il reste plus élevé que dans l'Hexagone (54%). 

Un accompagnement efficace

Davantage de femmes en surcharge pondérale 

Pour le reste, beaucoup de points sont plutôt négatifs, à commencer par l'augmentation de la surcharge pondérale chez les femmes, qui constitue un risque supplémentaire lors de l'accouchement. A La Réunion, presque une femme sur deux est en surcharge pondérale avant la grossesse, dont 22% sont en situation d'obésité. Pour comparaison, elles n'étaient que 27,7% dans cette situation en 2003. 

"On a une surmortalité à la fois maternelle mais aussi infantile, ce qui est lié à une surmorbidité au niveau des grossesses : à La Réunion, il y a deux fois plus de diabète gestationnel et deux fois plus d'hypertension pendant la grossesse"

Dr Peter Von Theobald, chef de service gynécologie-obstétrique du CHU

Des femmes qui accouchent de plus en plus tard

Des risques pour le nouveau-né comme pour la mère  

Conséquences : non seulement il y a davantage de naissances prématurées, soit un risque supérieur que le nouveau-né ne survive pas, et à la fois un risque pour la mère de mourir des suites de l'accouchement.

Les derniers résultats autour de la périnatalité remontaient à 2003.

12% de prématurés, 18,7% de petits poids de naissance

Si le nombre de prématurés est passé de 12% à 8,7%, les petits poids de naissance - moins de 2 500g - perdurent au même niveau qu'en 2003. Le phénomène concerne 18,7% des nouveau-nés, soit le score le plus élevé de tous les départements d'outre-mer. 

Moins de bébés prématurés mais toujours autant de petits poids de naissance

23% des femmes n'attendaient pas leur grossesse 

Autre point noir soulevé par l'enquête, celui des grossesses non désirées. Pour 23,7% des femmes enquêtées, leur grossesse n'était pas attendue, parce que ce n'était pas le bon moment pour elles, dans 17,7% des cas, ou tout simplement parce que ces femmes ne désiraient pas d'enfant (6%). En Hexagone, ce taux de grossesses non désirées est de 4%.

À noter également qu'une femme sur cinq ne prenait aucune contraception avant leur grossesse.

Contraception pas toujours adaptée et grossesses non-désirées

18% des femmes enceintes déprimées

Enfin, pour la première fois dans cette enquête, une attention particulière a été apportée à la santé psychologique des mamans et futures mamans, et au fameux "baby blues" qui frappe de nombreuses mères. Selon les résultats, un tiers des femmes se sont senties "tristes, déprimées, sans espoir" pendant leur grossesse. 18% présentaient même des symptômes dépressifs majeurs.

Un mal-être avant l'accouchement

Zoom sur les caractéristiques socio-démographiques

Entre 2003 et 2021, le profil des mamans a évolué : leur âge moyen est passé de 27,6 à 29,7 ans, et ce sont désormais les trentenaires qui sont majoritaires. 

Leur niveau d'éducation s'améliore également, avec une forte augmentation des femmes au niveau d'études supérieur au bac (40% en 2021 contre 15,3% en 2003). Idem pour leur situation professionnelle : la part de femmes en activité lors de leur fin de grossesse gagne plus de 6 points, même si un quart des nouvelles mères dit bénéficier d'un montant mensuel de ressources de moins de 1 000 euros. 

Mieux repérer les femmes en situation de vulnérabilité 

Autant de résultats qui permettront à l'ARS d'améliorer le parcours périnatal des femmes et nouveau-nés réunionnais, dans le cadre du nouveau projet régional de santé 2023-2033. 

Deux grands axes d'action sont envisagés. Les autorités sanitaires souhaitent tout d'abord mieux repérer les femmes enceintes qui sont en situation de vulnérabilité médico-psycho-sociale afin de leur proposer des parcours de soin adaptés et ainsi réduire l'impact sur leur état de santé et sur celui de leurs enfants. 

"Il y a un taux de précarité très important à La Réunion. (...) Les chiffres montrent qu'il y a un index de défavorisation de la santé pour les femmes en situation de vulnérabilité psycho-sociale", constate le Dr Hamid Elarouti, directeur de l'animation territoriale et des parcours de santé à l'ARS. Pour améliorer la situation, une unité d'accueil et d'orientation et de prise en charge des situations en danger et de victimes de violences conjugales, via quatre Maisons des femmes "souchée au CHU, adossée à un service d'urgence et une unité médico-judiciaire".

Un meilleur parcours périnatal et le programme "1000 premiers jours"

Au-delà, l'ARS ambitionne de renforcer la qualité du parcours périnatal pour toutes les femmes. Cela passe en partie par le dispositif national "1000 premiers jours", déjà déployé dans trois des sept maternités de La Réunion. Ce programme vise, entre autres, à réduire l'exposition aux polluants de l'environnement que ce soit les perturbateurs endocriniens ou le tabagisme des parents, à promouvoir l'allaitement, ou encore aider les mères à faire de bons choix concernant leur alimentation et celle de leurs enfants.

"C'est une action nationale mise en place depuis trois ou quatre ans qui essaie d'améliorer la prise en charge autour de l'enfant in utero et du nouveau-né. C'est une période où beaucoup de choses se jouent, donc il s'agit d'avoir une action bénéfique sur l'évolution, le dépistage, l'état nutritionnel et environnemental des mères et des enfants sur cette période"

Dr Peter Von Theobald, chef de service gynécologie-obstétrique du CHU

Regardez le reportage de Réunion La 1ère dans cette maternité qui intègre déjà les principes du programme "1 000 premiers jours" : 

Renforcer la qualité du parcours périnatal avec le dispositif national "1000 premiers jours", déjà déployé dans sept maternités de La Réunion

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