"J’ai bu jusqu’au sixième mois de grossesse" : une mère témoigne et brise le silence de l’alcoolisation fœtale

Une journée de sensibilisation au Syndrome d'alcoolisation fœtale, un fléau qui n'épargne pas La Réunion.
Le Syndrome d'Alcoolisation Fœtale est au cœur d'une journée mondiale de sensibilisation jeudi prochain. Le SAF, ce sont des troubles dont souffrent les enfants lorsque la mère a consommé de l'alcool pendant la grossesse. Prise dans l'engrenage, une maman s'en est sortie. Elle témoigne.

Nathalie a 26 ans et une vie chaotique faite de ruptures familiales et amoureuses. "J’étais triste, je n’avais plus personne, je suis tombée dans la déprime et j’ai commencé à boire, raconte Nathalie, mère de trois enfants, dont deux sont atteints du Syndrome d'Alcoolisation Fœtale. L’alcool était devenu la seule solution. J’étais jeune, seule et personne n’était là pour m’entourer".

Un bébé en souffrance

Durant ses grossesses, Nathalie consomme de l’alcool "fort et pas fort". Lorsqu’elle tombe enceinte de son deuxième enfant, les choses s’aggravent. "Pour mon deuxième enfant, je buvais tout le temps au début de la grossesse, raconte Nathalie. A six mois, on m’a dit que le bébé avait un arrêt de croissance". Son bébé est ensuite né en urgence par césarienne, affaibli.

Regardez son témoignage sur Réunion La 1ère :

 

Troubles de croissance, du comportement, retards d’apprentissage

"Je savais qu’il ne fallait pas boire pendant la grossesse, mais je n’imaginais pas de telles conséquences pour mes enfants", ajoute la maman. L’Alcoolisation Fœtale peut provoquer chez l’enfant qui en est victime, des troubles de croissance, du comportement, des retards d’apprentissage, mais aussi des addictions diverses.

"Les conséquences sont très lourdes pour mon enfant. Aujourd’hui, il a des difficultés à l’école, il fait des crises, et c’est difficile de lui expliquer pourquoi il est comme ça, raconte Nathalie. Avant je culpabilisais beaucoup, maintenant j’apprends à vivre avec".

"Mon troisième enfant est sauvé"

"Il est parfois très difficile pour les parents d’exposer la nature des difficultés de leurs enfants à l’école ou encore au médecin, raconte Rose-Marie Var, responsable de l’antenne océan indien de l'association "Vivre avec le SAF". Ils se heurtent trop souvent à un mur d’incompréhension et peuvent parfois baisser les bras. Ce qui amène les enfants à être en rupture scolaire".

Nathalie a réussi à sortir de son addiction à l’alcool grâce à l’aide et au suivi des associations. Durant sa dernière grossesse, elle n’a pas bu une goutte d’alcool. "Mon troisième enfant est sauvé", dit-elle.