“Plus de deux femmes sur cinq ont subi des violences dans l’espace public, contre une femme sur quatre dans l’Hexagone”, alerte Sylvie Guillery, directrice régionale aux droits des femmes et à l’égalité et collaboratrice du préfet à La Réunion. Elle souligne l’importance de continuer “à lutter pour l’égalité et les droits des femmes”.
Mobilisation à Saint-Denis
Ce vendredi 8 mars est marqué par la journée internationale des droits des femmes. C’est en ce sens qu’un appel à la grève est lancé.
Les syndicats CGTR, FSU, Saiper, SOLIDAIRES et Unsa se mobilisent pour dénoncer les inégalités homme-femme. Le rendez-vous est donné à Saint-Denis, au kiosque Arlanda, au Barachois. Sur place, très peu de personnes se sont réunis.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Journée internationale des droits des femmes
Cette journée trouve son origine dans les manifestations de femmes, vers le début du 20e siècle. À l’époque, elles réclamaient de meilleures conditions de travail et également le droit de vote.
C'est seulement en 1975, lors de l'Année internationale de la femme, que l'Organisation des Nations Unies (ONU) a commencé la célébration de la journée internationale des femmes le 8 mars.
En France, c’est l’année 1982 qui marque les esprits, avec la première journée nationale des droits des femmes.
Pour l’édition 2024, la journée internationale des droits des femmes est placée sous le thème suivant : “investir en faveur des femmes : accélérer le rythme”.
La constitutionnalisation de l’IVG, “un moment solennel”
L’Interruption volontaire de grossesse (IVG) a été inscrite dans la Constitution il y a quatre jours. Pour Sylvie Guillery, directrice régionale aux droits des femmes et à l’égalité, il s’agit d’“un moment solennel de notre République”.
La constitutionnalisation de l’IVG apporte une réponse à une forte attente des Françaises et des Français qui sont majoritairement attachés à cette liberté, de pouvoir interrompre une grossesse, et pour la femme, de pouvoir disposer de son corps.
Sylvie Guillery, directrice régionale aux droits des femmes et à l’égalité
La France est d’ailleurs le premier pays au monde à constitutionnaliser ce droit.
C’est un moment important puisque la constitutionnalisation de l’IVG est un moment fort de notre diplomatie féministe. Donc, c’est en quelque sorte donner un sens international et universel à ce droit des femmes.
Sylvie Guillery, Directrice régionale aux droits des femmes et à l’égalité
Un long combat sans relâche
“Les droits des femmes remontent à plusieurs décennies déjà”, précise Sylvie Guillery. Et pourtant, “c’est un long combat sans relâche qui doit continuer dans les années à venir”.
C’est un long combat des femmes dont l’inscription dans la loi remonte à 1974. (En novembre 1974, Simone Veil, ministre de la Santé dans le gouvernement de Jacques Chirac, présente devant les députés son projet de loi pour la légalisation de l’avortement. Le 17 janvier 1975, la loi Veil dépénalise l’avortement NDLR). À l’origine, c’était prévu pour cinq ans, avant que la loi puisse être généralisée.
Sylvie Guillery, Directrice régionale aux droits des femmes et à l’égalité
Au fil des années, les femmes ont obtenu peu à peu plus de droits. “La loi du 2 mars 2022 est venue renforcer le droit à l’avortement avec l’allongement de deux semaines du délai légal, qui est passé de 12 à 14 semaines. Et puis également l’allongement du délai de recours à l’IVG médicamenteuse qui est passé de 5 à 7 semaines, souligne Sylvie Guillery. Et puis, l’autre chose importante c’est la suppression du délai de deux jours imposé pour confirmer une demande d’avortement après un entretien psycho-social”.
Les sages-femmes pratiqueront les IVG instrumentales
L’objectif de la journée internationale des droits des femmes, c’est également “de continuer à enrichir cette liberté”, affirme Sylvie Guillery.
D’ailleurs, dès la fin du mois de mars, les sages-femmes pourront pratiquer plus largement les IVG instrumentales, qui nécessitent un acte chirurgical.
L’Agence régionale de santé (ARS) doit mettre en place un annuaire des lieux où on peut exercer le droit à l’avortement.
Sylvie Guillery, Directrice régionale aux droits des femmes et à l’égalité
“Un combat difficile à La Réunion”
À La Réunion, comme en France et ailleurs dans le monde, “la place des femmes doit être renforcée”, martèle Sylvie Guillery.
Il faut rendre hommage aux femmes, comme on l’a fait avec la femme d’exception Thérèse Baillif ("Thérèse Baillif, de la colonie aux honneurs de la République”, le documentaire du magazine Archipels sur Réunion La 1ère NDLR).
Sylvie Guillery, Directrice régionale aux droits des femmes et à l’égalité
Selon elle, pour les femmes réunionnaises et pour les femmes d’Outre-mer, c’est plus compliqué.
C’est un combat difficile à La Réunion, puisque la femme a commencé son histoire à La Réunion en étant une propriété sexuelle, en tant qu’esclave. Donc, de cette transmission intergénérationnelle, découlent des phénomènes de violences.
Sylvie Guillery, Directrice régionale aux droits des femmes et à l’égalité
La lutte pour les droits des femmes se poursuit et "le combat est loin d'être fini", conclut Sylvie Guillery.