En 2020, un Réunionnais sur cinq habitait dans les Hauts de La Réunion, soit 180 000 personnes. Par "hauts" de l'île, l'Insee (Institut national des statistiques et études économiques) entend "l'aire d'adhésion maximale du Parc National", comprenant "l’ensemble des reliefs montagneux mais aussi certaines zones littorales".
"Ils intègrent ainsi une partie de la côte Sud et les corridors des grandes ravines sur l’ensemble de l’île en s’affranchissant des limites communales. Les Hauts couvrent ainsi 77 % de la superficie de l’île"
Insee Réunion-Mayotte
Les précisions de Jean-Marc Collienne :
Une population qui augmente un peu plus vite qu'ailleurs
Cette étude, réalisée à la demande et en partenariat avec la Région Réunion, fait état d'une population qui, globalement, a augmenté un peu plus que dans le reste de l'île, entre 2010 et 2020, notamment en ce qui concerne l'Ouest et le Sud. Ces deux micro-régions cumulent à eux seuls les trois quarts des habitants des hauts de l'île.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Près de la moitié des habitants des Hauts sont dans le Sud
Dans le détail, 47% des habitants des hauts résident dans le Sud, alors qu'ils sont seulement 11% à vivre dans le Nord. Dans l'Ouest, ils sont 27%, et dans l'Est, 15%. Ce sont les villes de Saint-Paul et du Tampon qui concentrent le plus d'habitants des Hauts : 34% à elles seules.
Beaucoup de couples avec enfants
Qui sont les habitants des Hauts ? Pour moitié, il s'agit de couples avec enfant(s), observe l'Insee. Les familles monoparentales y sont moins nombreuses que dans les Bas (seulement 25%, contre 33% dans les Bas). Idem pour les femmes seules, qui ne représentent que 11% des ménages (contre 16% dans les Bas).
Prédominance de la maison
L'habitat y est aussi différent, note l'Insee. Ainsi, les habitants y vivent presque tous en maison (93%), quand ils ne sont que 6 sur 10 à résider en habitat individuel dans les Bas. Les habitants des Hauts sont aussi une majorité de propriétaires (7 ménages sur 10). Notons aussi que le recours à la voiture y est plus important : 27% des ménages possèdent deux voitures.
Plus pauvres que les Bas
Pour autant, la pauvreté "monétaire" y est plus fréquente : 40% des habitants des Hauts sont considérés comme pauvres (contre 35% dans les Bas). L'explication réside en partie dans le fait que cette population des Hauts est également moins diplômée.
"Les ouvriers y sont plus nombreux (28 % contre 20 % dans les Bas) et les cadres deux fois moins fréquents (5 % contre 10 %). De plus, l’agriculture reste plus présente dans les Hauts."
Insee Réunion-Mayotte
Elle est aussi plus sujette au chômage (48% de chômage chez les habitants en âge de travailler) que dans les Bas (46%). Mais ce chômage tend toutefois à diminuer depuis 2010.
Peu de logements sociaux
Malgré ce constat, 57% des ménages pauvres sont propriétaires de leur logement. Il faut souligner que l'accès au logement social y est plus limité que dans les Bas : seulement 6% des habitants des Hauts réside dans le parc locatif social.
Des territoires contrastés d'une zone à l'autre
En revanche, les territoires des Hauts ne se ressemblent pas tous à La Réunion. Quand ceux de Saint-Denis, de Saint-Pierre ou de la Plaine-des-Palmistes sont plus favorisés et insérés dans l'emploi, c'est l'inverse dans les territoires encore en mutation de l'Ouest et du Sud. Le logement collectif y est d'ailleurs en expansion.
"Par exemple, le taux d’emploi varie de 31 % dans le quartier de Ravine Daniel à Saint-Paul à 60 % dans les Hauts du quartier de Bois de Nèfles à Saint-Denis. Il en va de même pour la part des ménages vivant en appartement, qui va de moins de 1 % dans les quartiers de Peter Both et Palmiste Rouge à Cilaos à 20 % au Guillaume à Saint-Paul"
Insee Réunion-Mayotte
Trois catégories de "Hauts"
L'étude de l'Insee distingue alors trois catégories de "Hauts" à La Réunion. Premièrement, les hauts du Nord, une grande partie de ceux de Saint-Pierre, et ceux de la Plaine-des-Palmistes, caractérisés par une pauvreté monétaire moins élevée qu'ailleurs dans les hauts, des habitants moins concernés par le chômage, et plus qualifiés.
Deuxièmement, l'Insee distingue les Hauts "en mutation" dans l'Ouest et le Sud, marqués par davantage de pauvreté et un logement collectif en progression : "la part des appartements double pour atteindre 11 %, soit deux fois plus que dans l’ensemble des Hauts" note l'étude. La population y augmente aussi fortement entre 2010 et 2020.
Enfin, le troisième groupe lui, comprend les Hauts les plus isolés, "les cirques qui entourent le sommet du Piton des Neiges, une partie des Hauts de l’Ouest ainsi que les zones du Sud Sauvage". Dans ces zones, plus pauvres, le niveau de qualification est particulièrement faible : la moitié des habitants de plus de 15 ans n'a aucun diplôme à l'issue de leurs études initiales, même si cette part tend à diminuer.
"Pour les habitants de ces « Hauts isolés », en particulier ceux des communes de Cilaos, Salazie, Sainte-Rose et Saint-Philippe, les temps d’accès aux équipements et services sont bien supérieurs au reste de l’île, notamment pour la formation, l’emploi et l’insertion qui sont concentrés dans les zones urbaines littorales"
Insee Réunion-Mayotte
Les logements sociaux y sont très rares (2% des résidences principales seulement) et les ménages y sont, pour les 3/4, propriétaires.
Une base pour guider l'aménagement du territoire
L'étude publiée ce jour sera riche en informations pour la collectivité régionale, qui souhaite s'en servir pour guider ses futures politiques publiques. "C'est un travail très riche qui va nous aider dans ce que nous faisons pour le schéma d'aménagement régional", a commenté la présidente de Région Huguette Bello citant le développement de l'industrie agricole comme du tourisme.
Confirmer les axes de travail
"On a des chiffres très intéressants qui ne nous surprennent pas, nous élus de terrain, mais qui en même temps viennent confirmer les axes sur lesquels on peut travailler demain", souligne quant à lui le vice-président du conseil régional Patrick Lebreton.
Mobilité, logement, économie
Il cite par exemple l'axe de la mobilité : "c'est important de savoir comment on se déplace, comment on se fait transporter dans les Hauts". Ou encore l'habitat, pour aider les maires qui le souhaiteraient à implanter davantage de logements sociaux. Mais surtout, il s'agit pour la collectivité d'accompagner le développement économique, par le biais de "petites zones d'aménagement économique pour bonifier l'intervention du FEDER, par exemple pour aider les hébergeurs touristiques et hôteliers qui s'installeraient dans les hauts de l'île".
"On a démontré ce qu'on peut faire sur les Bas, mais incontestablement, à l'intérieur de l'île, on est à l'Unesco en Pitons, cirques et remparts : c'est justement là qu'il faut développer et encourager ceux qui ont commencé à le faire, et on est sur la bonne voie"
Patrick Lebreton, vice-président délégué du conseil régional