L’UFC Que Choisir interpelle la CISE sur la mauvaise qualité de l’eau dans plusieurs communes

Dans une vidéo publiée sur YouTube, l’UFC Que Choisir pointe du doigt la mauvaise qualité de l’eau constatée régulièrement dans plusieurs communes de l'île et en particulier dans celles gérées par la CISE. L’association parle de scandale et appelle les usagers à réagir.

C’est une situation qui n’est pas nouvelle : dans plusieurs communes de l’île, les habitants doivent faire régulièrement avec une eau de mauvaise qualité dans les robinets. A Saint-André ou encore à Saint-Benoît, il arrive souvent que l’eau ne soit pas potable.

Une situation dénoncée par l’UFC Que Choisir dans un spot vidéo publié cette semaine sur Youtube. L’association pointe du doigt la responsabilité de la CISE qui est en charge de la distribution d’eau potable dans plusieurs communes de l’île.

Un spot vidéo pour faire réagir

"Depuis cinq ans, ils (les habitants, ndlr) payent pour de l’eau insalubre !(...) La société a pourtant l’obligation légale de fournir de l’eau potable, lance l’UFC Que Choisir. Faute de solution proposée, les usagers doivent acheter des bouteilles d’eau pour leur usage quotidien, contraints d’utiliser cette eau insalubre pour la cuisine, l’arrosage et l’hygiène personnelle".

"L’objectif de ce spot c’est de faire prendre conscience à la Cise qu’il faut arrêter de distribuer de l’eau qui n’est pas potable. Ils ont l’obligation légale de le faire", explique Jean-Pierre Lajoie président de l’UFC Que Choisir à La Réunion.

Ci-dessous la vidéo publiée par UFC Que Choisir :

Un recours collectif en préparation

L’association de défense des consommateurs entend en fait mobiliser le plus grand nombre dans le cadre de la préparation d’un recours collectif devant la justice. L’UFC Que Choisir explique d’ailleurs avoir "mis en demeure" la Cise de garantir une eau propre à la consommation.

En janvier 2020, un habitant de Saint-André avait eu gain de cause devant le tribunal après avoir attaqué la Cise pour avoir manqué à son obligation de fournir une eau potable de qualité. La Cise avait notamment été condamnée à lui rembourser l'équivalent de cinq années d’eau en bouteille.

Regardez le reportage de Réunion La 1ère :

L’ UFC Que Choisir pointe du doigt la mauvaise qualité régulière de l’eau dans le réseau des communes gérées par la CISE

La réponse de la Cise

La CISE Réunion dément tout d'abord "distribuer de l’eau non potable à plus de 80 000 personnes depuis plus de cinq ans", ainsi qu'il est indiqué dans la vidéo d'UFC Que Choisir.

"L’eau est contrôlée chaque jour par les services de l’ARS et par nos services. Elle ne peut être distribuée que si elle est propre à la consommation. Les dégradations sont ponctuelles et ne représentent que quelques jours dans l’année (souvent en période de très fortes pluies)", réagit la société.

Interrogé en direct dans le journal de Réunion La 1ère, Alexandre Le Ster, directeur de la Cise Réunion, estime que l’UFC Que Choisir ne cherche qu’à faire "beaucoup de buzz sur le sujet" et à diffuser des informations "fausses et anxiogènes pour la population".

Des retards structurels importants

Alexandre Le Ster répond aussi que "la vidéo postée par l’UFC Que Choisir nationale ne tient pas du tout compte de la problématique réunionnaise en matière de traitement d’eau potable".

Le responsable de la Cise explique que La Réunion souffre depuis un certain nombre d’années de retards structurels importants. "Pour régler ce problème, il faut construire de nouvelles usines d’eau potable et ce n’est pas la CISE qui investit dans ces usines, ce sont les collectivités au sens large", répond-il.

Regardez l'interview d'Alexandre Le Ster sur Réunion La 1ère :

Direct Zoom Alexandre Le Ster, directeur de la CISE

"Une eau parmi les moins chères de France"

"Le problème de fond, c’est que la Cise gère les infrastructures qu’on lui met à disposition, conclut Alexandre Le Ster. On fait avec les moyens que l’on a pour respecter nos obligations et quand on ne peut pas le faire, et notamment quand il pleut, on met à disposition des bouteilles d’eau".

Récemment à Saint-André, 133 000 bouteilles ont effectivement été distribuées à la population suite à une pollution. Reste qu’une partie des Réunionnais continue donc de payer pour une eau régulièrement non potable.

"L’eau à la Réunion est l’une des moins chère de France (2,23 €TTC par mètre cube, contre 3,50 €TTC en métropole, et 5,50 € TTC aux Antilles)", rétorque la Cise. Un tarif bas qui s’explique en partie par l’absence d’unités de traitement d’eau potable.

16 usines de potabilisation livrées

Contrairement à l'eau de forage, qui n'a pas besoin de subir de traitements très importants, les eaux de surfaces doivent être traitées pour être considérées comme potables. Depuis 2016, ce retard est en train d’être comblé grâce au plan eau potable lancé par l’Etat et ARS, précise encore Alexandre Le Ster.

Quelle est d'ailleurs la situation dans l'île ? Un système d’aides financières (Europe, Etat, Région Réunion, Office de l’eau) a été mis en œuvre pour inciter les collectivités (responsables des investissements et des mises en conformité) à s’équiper en unité de traitement d’eau potable.

L’Europe, l’état, la Région, l’office de l’eau, ont mis à disposition des collectivités 100 millions d’euros pour permettre les travaux de mise aux normes. Aujourd'hui, ce sont ainsi 16 usines de potabilisation qui ont été livrées.

La situation dans les communes gérées par la CISE Réunion

Selon les informations transmises par la Cise dans un communiqué :

A Saint-André, l’usine de Dioré complète les forages en exploitation et permet à 90 % des Saint-Andréens de disposer d’une eau potable 24h/24, 7J/7.

Les travaux de raccordement des habitations de Bras-des-Chevrettes au nouveau forage du Désert permettront d'ici mi-2020 de garantir une eau potable pour l’ensemble de la population de Saint-André.

A Salazie, la CISE a équipé le cirque de 9 unités de traitements d’eau potable qui permettent aux habitants ts de consommer 24H/24, 7J/7 une eau potable pour un investissement d’environ 1,7 millions d’euros.

A Saint-Benoit, la construction de l’usine de traitement de l’eau potable est en cours et devrait se terminer d’ici la fin 2021.

Aux Avirons, un appel d’offre pour la conception et la réalisation de l’unité de traitement d’eau potable au centre-ville (Secteur Mélina) a été lancé en janvier 2020. Cette station de potabilisation viendra compléter les deux unités existantes : Tevelave et Cyprès.