Les victimes d'inceste sortent de plus en plus de leur silence. Reste qu'il n'est pas toujours évident de faire condamner leur agresseur en justice. C'est souvent parole contre parole et faute de preuve, une majorité de plaintes sont classées sans suite.
Pour l'UFR, l'Union des Femmes Réunionnaises, la libération de la parole doit ainsi être accompagnée. C'est pour cette raison que les membres de l'organisation -parmi lesquelles Huguete Bello- ont décidé de montrer l'exemple en affichant publiquement leur soutien à Moane et Natalina, deux soeurs qui ont à nouveau déposé plainte contre leur père en janvier dernier.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
"On a le droit de refuser l'impunité !"
Leur première plainte n'avait pas donné suite en 2013 mais les deux soeurs veulent mener le combat jusqu'au bout. "Nous pensons que nous avons le droit d'exiger réparation et protection, défend Moane. On a le droit de refuser l'impunité, l'humiliation, la honte et la culpabilité ! On a conscience que briser le silence, c'est s'attaquer au monstre, mais on n'a plus peur".
Là aussi, "la honte doit changer de camp", pour reprendre le leitmotiv d'autres associations mobilisées dans ce combat. "Il faut rappeler que 10% des Français sont victimes d'inceste. Il faut arrêter ce tabou. Il faut arrêter cette omerta. Il faut absolument briser ce silence et aller parler", lance Leslie Chaussalet, la secrétaire générale de l'UFR.
Un combat qui est long
L'organisation a décidé par ailleurs de se constituer partie civile aux côtés de Moane et de Natalina qui sont également accompagnées par deux avocates. "Nous n'avons pas peur et ce sujet qui est tabou, on va le mettre au soleil, martèle Huguette Bello. Celui qui croit qu'il est éternellement protégé, eh bien, il ne le sera pas parce que nous espérons que justice sera faite".
Autre combat, celui des femmes victimes de violences conjugales qui doivent être éloignées de leur foyer pour leur protection. A l'approche du Grand Raid, plusieurs hôtels accueillant habituellement ces personnes n'ont plus de chambres disponibles.
Evelyne Corbière en colère
La préfecture de La Réunion a ainsi demandé aux bénévoles des associations d'accueillir elles-mêmes ces victimes. "Le bouquet c'est qu'il est demandé aux services de la Dieccte de se rendre chez nous pour vérifier que nous sommes en capacité de recevoir du public", s'indigne Evelyne Corbière, la présidente de l'UFR.
"C'est absolument révoltant ! S'il y a féminicide pendant cette période, chacun devra prendre ses responsabilités" poursuit Evelyne Corbière. Pour l'UFR, le combat continue pour protéger les femmes et les enfants contre les violences intrafamiliales.