A St Benoit, des appartements presque neufs maintenant inhabitables.
Les locataires de l’Astrolabe à Saint-Benoît ont connu le pire du cyclone le 28 février. Cette résidence sénior est presque neuve : elle a été livrée en 2020. Elle comporte 79 appartements dédiés aux personnes âgées. Des gramounes qui ont vécu un vrai cauchemar pendant le passage de Garance. L’eau s’est infiltrée par toutes les ouvertures, nacos, fenêtres et baies vitrées. Les portes ne l’ont pas plus arrêtée. Puis la toiture a fini par céder aux assauts conjugués des éléments.
Il faut dire qu’elle avait peu de chances de résister. Exposé aux vents nord, est et sud, l’immeuble de 4 étages est situé sur le front de mer de Saint-Benoît.
Au 3ème étage, Clotilde Girard a dû aller en pleine alerte violette au secours de son voisin. Le plafond en placo-plâtre s’est effondré sous le poids de l’eau qui s’était infiltrée. Le vieux monsieur est en état de choc lorsqu’elle le recueille transi et démuni. « Tout a vraiment été dévasté », explique sa voisine. Le gramoune a été relogé en attendant de pouvoir retrouver son logement.
Mais le pourra-t-il ? La résidence l’Astrolabe montrait déjà de nombreuses défaillances d’après la CNL, qui affirme avoir reçu plusieurs signalements. Pour l’association, le temps de réaction entre la plainte d’un locataire et l'action d’un bailleur aggrave le risque d’un tel scénario.
« Dans le cas de cette résidence, si le bailleur était intervenu assez rapidement, l’eau, peut être, je dis bien peut-être, ne serait pas passée par les fenêtres des cuisines. » Erick Fontaine, administrateur de la Confédération Nationale du Logement.
A Bras Panon, la Confédération Nationale du Logement n’a pas encore fini de lister les logements endommagés
Sophie Ludovic vit ou plutôt vivait avec ses deux filles dans la résidence les Pavillons. Au plus fort de Garance, le plafond a cédé puis tout s’est effondré à l’intérieur de son appartement à cause du vent qui s’est engouffré sous la toiture.
Secourue elle aussi par des voisins, Sophie a dû laisser derrière elle tout ce qu’elle possède en quittant son logement. L’expérience a traumatisé ses filles.
« La petite dernière était en train de pleurer en demandant pourquoi cela lui arrivait » raconte la mère de famille.
Mais le cauchemar ne s’arrête pas là. Dans le logement provisoire où elle se trouve à présent, Sophie n’a ni eau ni électricité, malgré ses demandes répétées. Aujopurd'hui elle est démunie et en colère.
« Cette situation est un peu un résumé de tout ce qu’on voit. »
Erick Fontaine, administrateur de la CNL
Jeudi, un groupe de locataires sinistrés se rendent en mairie de Bras Panon avec la CNL pour faire entendre leurs doléances.
190 visites de logements de locataires pour la CNL
D’après son administrateur, la CNL a effectué 190 visites de logements depuis le cyclone.
La Confédération Nationale du Logement a dressé des constats, conseillé des locataires souvent désemparés. Elle a aussi interpellé les bailleurs et les pouvoirs publics, avec des demandes d’expertise judiciaire ou de procédure de «péril imminent» formulées, notamment à Saint-Benoît.
Pour Eric Fontaine, Garance est l’expérience qui ne doit plus se reproduire. Elle démontre tout l’intérêt de réactions rapides face aux problèmes d’insalubrité et de malfaçons.
« Des réunionnais ont failli mourir, heureusement que c’était en journée. Ces personnes ont tout perdu aujourd’hui. »
Erick Fontaine, administrateur de la CNL.