La CNL tire la sonnette d'alarme face à l'augmentation des charges locatives à La Réunion

Selon une étude de la Confédération nationale du logement portant sur plus de 20 000 logements sociaux à La Réunion, le montant des charges a continuellement augmenté entre 2018 et 2020, sans que cela ne se répercute sur la qualité de la gestion et de l'entretien du parc.

Pendant plus de neuf mois, la Confédération nationale du logement a examiné l'évolution du montant des charges locatives de plus de 20 000 logements sociaux sur la période 2018-2020 et elle a livré les résultats de cette étude ce samedi 26 mars.

"Les charges locatives pèsent énormément sur le prix des loyers à La Réunion et c'est dans le social qu'elles sont les plus élevées", argumente Erick Fontaine, administrateur de la CNL. "On assiste ces dernières années à une augmentation des charges plus rapides que le loyer principal", poursuit-il. La CNL parle d'une hausse de 1,25% en 2019 et de 1,53% en 2020.

L'interview d'Erick Fontaine sur Réunion La 1ère :

Des charges trop lourdes qui impactent les loyers

58 millions d'euros perçus chaque année

Selon cette enquête menée sur un total de 250 groupes d'habitations, les sept bailleurs sociaux de La Réunion percevraient jusqu'à 58 millions d'euros chaque année pour l'entretien des logements. Une somme jugée "exorbitante" par Erick Fontaine au vu de ce qui est réellement réalisé dans les immeubles.

L'administrateur de la CNL donne l'exemple de ce groupe d'habitations du Port pour lequel le bailleur a dû s'acquitter d'une facture d'eau de 204 000 euros pour les parties communes, après avoir également sollicité les locataires à hauteur de 28 000 euros. "Ce qui veut dire que cet immeuble a des fuites d'eau qui ne sont pas réparées depuis plus de 10 ans et qui sont aujourd'hui payées par le bailleur", explique Erick Fontaine.

Pour une transparence des travaux réalisés

L'administrateur de la CNL s'est entouré d'une poignée de locataires pour illustrer les nombreuses incohérences observées à leur échelle. Marie, qui est locataire dans une résidence récemment livrée à la Montagne, confie ainsi ne pas comprendre pourquoi elle paye des charges pour la maintenance d'un portail électrique qui n'a jamais fonctionné depuis son arrivée.

"C'est pareil pour les espaces verts, rajoute la Dionysienne. Il n'y a pas de fleurs, ni de gazons, c’est à l’abandon, et pourtant, il y a une facture pour l’entretien des espaces verts". Jean Patrice, qui représente les 65 locataires de la résidence Baudelaire, à La Possession, a dû lui-même batailler avec son bailleur pour des frais injustifiés. "Sur 33 000 euros de charges annuelles, on a pu récupérer 26 000 euros et se faire rembourser entre 300 et 400 euros sur nos loyers cette année", raconte-t-il.

La CNL plaident ainsi en faveur d'une plus grande transparence dans les travaux réalisés. "On n'est pas satisfait de la qualité des prestations réalisées, confirme Erick Fontaine. Nous avons observé également des coûts de prestation qui augmentent de 78% après un appel d’offres. C’est inacceptable. On va contester ces dépenses. C’est important que les bailleurs se ressaisissent parce que le coût des loyers à La Réunion est déjà élevé".

Une sur-provision abusive des charges ?

Autre problème pointé du doigt par la CNL : "Les bailleurs continuent de sur-provisionner de manière extrêmement élevée les charges locatives", assure Erick Fontaine. Pour faire simple, c'est une avance de trésorerie aux bailleurs. Ca veut dire qu’on va vous facturer des dépenses qui en réalité n’existeront pas".

L'Agence nationale de contrôle du logement social (ANCOLS) avait déjà attiré l’attention des bailleurs sur ce genre de dérives, rappelle le représentant de la CNL et celui-ci entend à nouveau interpeller le "gendarme des bailleurs sociaux" à ce sujet.

Erick Fontaine indique que les différents bailleurs de l'île ont été sollicités il y a quinze jours. "Il faut que les bailleurs arrivent à comprendre que le locataire ne peut pas être une vache à lait. Il paie déjà des charges locatives élevées en plus du loyer".

Pour la CNL, la solution pour faire baisser les charges passerait par une mutualisation des moyens entre les grands groupes de logements