C'est un surnom qui lui colle à la peau. L'étiquette d'"île intense" utilisée pendant plusieurs années dans les brochures touristiques pour promouvoir la destination Réunion est décidément toujours d'actualité. Mais l'autre surnom qui commence doucement à s'imposer, c'est aussi celui d'"île aux baleines".
Car en cette période d'hiver austral, qui coïncide avec les grandes vacances d'été en France hexagonale, les touristes sont véritablement servis avec le spectacle donné quotidiennement par les baleines au large des côtes réunionnaises, en plus de l'éruption du Piton de la Fournaise qui dure maintenant depuis un mois.
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Carnets pleins pour les sorties en mer et les plongées
Depuis la mi-mai, les baleines s'en donnent à coeur joie aux quatre coins de l'île pour le plus grand plaisir des vacanciers qui sont d'ailleurs nombreux à s'offrir une petite escapade maritime au large afin d'assister, au plus près, au balet proposé par ces dames du "grand bleu".
Il faut bien souvent insister longuement auprès des sociétés spécialisées dans la plongée et les sorties en pleine mer avant de trouver un créneau disponible. Alors pour ces professionnels du tourisme, cette saison 2023 qui s'annonce déjà comme une année record, vient effacer un peu les effets néfastes de ces dernières années marquées par la crise sanitaire.
Un véritable plus pour les acteurs du tourisme
Le spectacle des baleines est bel et bien devenu un véritable business. Et c'est d'ailleurs presque un argument commercial pour les établissements hôteliers installés en bord de mer.
Au Boucan Canot, notamment, Vincent Théo, le directeur de l'établissement n'est pas peu fier de la vue mer à 180° dont profitent ses clients. "Le fait d'être sur cette avancée rocheuse nous donne une excellente vue sur ce spectacle".
A Boucan Canot, une vue à 180° sur les baleines
"Sans être un argument commercial, c'est une belle carte postale et c'est une chance pour l'établissement d'avoir ce spectacle quatre mois par an, juste en face de nous... Du petit déjeuner au coucher de soleil", reconnaît l'hôtelier.
Mais à La Réunion, il n'y a pas besoin forcément d'aller dans un établissement les pieds dans l'eau, ni même d'embarquer à bord d'un bateau, pour apprécier les allers et venues des baleines à bosse. À toute heure de la journée, les cétacés peuvent être observés très facilement depuis la côte.
Le public invité à participer au programme scientifique Kodal
Et cet avantage, sert aussi les intérêts des scientifiques. A l'association Globice, spécialisée depuis 2001 dans l'identification des cétacés, avoir ces mammifères marins à portée de main présente de nombreux avantages pour la recherche, et notamment pour le programme "Kodal".
"On a pas mal de photos qui sont prises depuis la cote, et surtout, le grand public peut également participer. Les gens nous envoient leurs photos des caudales de baleine à bosse et ça permet d'alimenter notre catalogue de photo-identification", explique Julie Martin, la coordinatrice des programmes pour Globice Réunion.
260 baleines identifiés à ce jour
Depuis le début de la saison, ce sont 260 individus au minimum qui ont été identifiés. "C'est déjà phénoménal à ce stade de la saison puisqu'on n'est qu'au début du mois d'août. Ca va vraiment être une année record !"
Julie Martin tient d'ailleurs à rassurer les observateurs inquiets de voir certains spécimens immobiles. "C'est un phénomène qu'on constate tous les ans, les baleines viennent vraiment très près des côtes, et parfois dans dix mètres de fond. Elles viennent se reposer et rester en surface parfois pendant de longues heures".
"C'est quelques chose d'incroyable !"
A en croire la scientifique, la situation de La Réunion est d'ailleurs inédite. "C'est quelque chose d'incroyable que de pouvoir observer depuis la côte. On a vraiment de la chance car ce n'est pas le cas partout. Dans d'autres îles, on va avoir des lagons très grands où l'observation depuis la côte n'est alors pas possible".
Pour les scientifiques, la proximité physique des baleines à bosse avec le littoral permet aussi de capturer plus facilement leurs chants, une véritable mine d'or sur leurs comportements lors de leur migration.
Valoriser l'atout réunionnais
"Ca nous sert à comprendre les connectivités entre les populations qui sont à La Réunion et qui vont aussi sur les côtes malgaches et africaines, jusqu'aux côtes australiennes", indique Emmanuelle Leroy, docteur en bio-acoustique et chargée de recherche chez Globice.
Reste peut-être à valoriser davantage cet atout réunionnais. Aussi bien dans les campagnes publicitaires que dans les commerces touristiques installés aux quatre coins de l'île. Paris a la Tour Eiffel, New York, sa statue de la Liberté et La Réunion, ses baleines et son volcan !