C'est la première fois qu'une telle formation est organisée sur l'île : cette semaine, sur invitation de l'Association pour l'éducation à la bienveillance animale (APEBA), le pôle investigation de la SPA de Paris sensibilise les forces de l'ordre du département les bons réflexes en matière de lutte contre la maltraitance animale.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Des outils législatifs et des dispositifs réglementaires
Au sein de ce pôle d'investigation de la SPA, on retrouve notamment des anciens gendarmes, des juristes, des policiers en activité en disponibilité... Il s'agit de "transmettre à nos collègues de terrain des outils législatifs, des dispositifs réglementaires qui existent aujourd'hui pour relever des infractions liées à la maltraitance animale ou à leur commerce illégal", explique Christelle Sollier, la responsable du pôle investigation de la SPA de Paris.
Cette équipe de personnes rôdées à l'investigation n'a cependant aucun pouvoir coercitif : mais ses compétences permettent de mener une enquête, et d'entrer en contact avec des propriétaires ou des éventuels trafiquants d'animaux, mais aussi de reconnaître les indices d'un cas de maltraitance animale. Chaque jour, plus de 200 signalements parvient au centre de traitement parisien.
Pas forcément de retour des forces de l'ordre aux associations
Depuis la création de ces sessions de formation, plus de 220 policiers municipaux ont bénéficié de ces précieux conseils. A La Réunion, la police et la gendarmerie se déplacent eux aussi lorsque des cas de maltraitance sur des animaux leur sont signalés. Mais les retours ne se font pas systématiquement, regrette Cécile Squarzoni, présidente de l'APEBA.
"Il y a un certain nombre de signalements sur lesquels on n'a pas de retour des forces de l'ordre (...) on ne sait pas si la condition de vie de l'animale a été améliorée", avance-t-elle. Soit parce que les forces de l'ordre n'ont pas eu le temps d'effectuer un retour par mail aux associations, soit ils n'ont pas eu le temps de traiter le signalement.
Différents types de mauvais traitements
Il y a différents niveaux de mauvais traitements, souligne aussi la présidente de l'APEBA.
"A La Réunion il y a beaucoup de chiens attachés très court, sans abri, dans la terre. Un chien doit avoir au moins 3m de laisse, doit être à l'abri du soleil et de la pluie, sur un sol imperméable et pas dans ses excréments, et il doit avoir à manger et à boire"
Cécile Squarzoni, présidente de l'APEBA
Délit ou contravention
Et en fonction de la gravité, il y a soit contravention, soit délit. Dans le premier cas, ils sont de la compétence de l'officier du ministère public, et dans le second cas, de la compétence du parquet de Saint-Denis ou de Saint-Pierre.
Plus de 60 cas signalés à la police depuis janvier
Selon les chiffres de la police, depuis le début de l'année, plus de 60 cas de maltraitance ont été signalés à la police. "Plus des 4/5 ont été traités", précise Clément Robert, brigadier chef référent maltraitance animale de la Police nationale. 4 cas de maltraitance délictuelle ont été relevés depuis janvier 2023.
"Ca peut être des coups donnés de manière répétée, à chaque fois qu'on rentre de la maison (...) ou des cas de maltraitance ponctuelle mais très graves, comme lui couper la queue, une oreille...", poursuit Clément Robert. Rappelons que les auteurs de tels faits encourent une peine de prison et une amende, ainsi qu'évidemment, le retrait de l'animal.
Précarité sociale et maltraitance animale
Christelle Sollier, la responsable du pôle investigation de la SPA de Paris, effectue quant à elle le constat d'une certaine "misère humaine" dans plusieurs cas.
"Nous sommes des civils et nous agissons avec empathie pour intervenir auprès des personnes signalées. On y va avec notre écoute, nous faisons beaucoup de pédagogie. La maltraitance aujourd'hui est un phénomène que l'on associe facilement à de la précarité sociale et globalement à de la misère humaine. Il y a très peu d'intentionnalité dans le mauvais geste, en tout cas pas autant qu'on pourrait l'imaginer. Mais force est de constater que très souvent lorsque l'animal est maltraité, très souvent il y a des bipèdes dans le même foyer qui le sont aussi..."
Christelle Sollier, responsable du pôle Investigation de la SPA de Paris