L’histoire d’Alexandra, 40 ans et mère de 3 enfants, est douloureuse. Il s’est passé quinze ans entre la première claque qu’elle a reçu de son mari et le jour où elle a mis fin à son calvaire en janvier dernier. Elle était battue quotidiennement. "Quand mi té enceinte de mon dernier, quand li la tape a moin la fait pète mon tympan", lâche-t-elle d’une voix à présent apaisée.
Une autre fois, il s’acharnera sur elle, l’attrapant par les cheveux et la projetant contre les murs de leur chambre. Il aura fallu qu’Alexandra se sépare de son bourreau pour prendre conscience de ce qu’elle a enduré pendant ces longues années.
Le témoignage d'Alexandra sur Réunion La 1ère :
Partir dès la première claque...
"Na domoun y dit que ou y aime le coup parce que ou reste avec, (…) mais non, ou essaye juste d’avoir une vie de famille parce que la famille c’est la base, répond-elle. Et, ou rend pas ou compte non plus, parce que c’est pas tous les jours… On s’accroche aux bons moments en fin de compte".
Aujourd’hui, en cette journée consacrée à la lutte contre les violences faites aux femmes, Alexandra a décidé de témoigner afin de dire aux autres victimes comme elle de ne pas hésiter à partir "dès la première claque", même si c’est une décision parfois difficile à prendre.
7 plaintes déposées chaque jour
Elle explique que les enfants sont également très affectés par ces épisodes de violences, même quand ils ne sont pas eux aussi battus. "La fine touche a li moralement et là li grandit dans un contexte malsain et ou rend pas ou compte parce que ou veut tellement que out famille lé bien…"
Trop de femmes subissent encore ce qu’Alexandra a connu. Après la Seine Saint-Denis et la Guyane, La Réunion est le troisième département le plus touché par les violences faites aux femmes. Dans l’île, 7 plaintes sont déposées chaque jour et cette année, trois femmes sont déjà mortes sous les coups de leur compagnon.
La dernière, Lise-May Morel, est décédée le 6 novembre dernier, à Saint-Joseph, après avoir été poignardée par son mari qui n’acceptait pas la séparation. Sur ces quinze dernières années, ce sont 51 femmes qui ont perdu la vie à La Réunion.
Les pouvoirs publics multiplient les dispositifs pour combattre le phénomène des violences intrafamiliales
Regardez l'intervention de Flora Augustine-Etcheverry :