Le contrôle technique des deux-roues fait son retour, au grand mécontentement de la FFMC974

En novembre 2022, les motards avaient déjà défilé dans les rues contre ce contrôle technique discuté depuis plusieurs années.
Le Conseil d'Etat donne deux mois au gouvernement pour faire appliquer le contrôle technique obligatoire des deux-roues. Débattue depuis des années, la mesure fait toujours grincer des dents les associations de motards, dont la FFMC (Fédération française des motards en colère).

Le contrôle technique des deux-roues motorisés de plus de 125 cm3 est à nouveau d'actualité : ce 1er juin, c'est le Conseil d'Etat qui rappelé au gouvernement qu'il avait deux mois pour le mettre en place, conformément à ce qui avait été décidé au niveau européen dès 2014. Mais il n'a jamais été appliqué depuis en France. 

Les précisions de Réunion La 1ère : 

Le contrôle technique des deux-roues, à nouveau d'actualité, fâche toujours les motards.

Les modalités de la mesure précisées dans quelques jours 

Clément Beaune, ministre délégué aux Transports, a donc précisé que le calendrier et les modalités d'application de ce contrôle technique seraient dévoilés dans les prochains jours. Il faut dire que le Conseil d'Etat a été saisie en référé par plusieurs associations de sécurité routière et de lutte pour l'amélioration de la qualité de l'air.

La FFMC974 ne se laissera pas faire 

Ce qui n'est pas sans fâcher la Fédération française des motards en colère de La Réunion. Chrystel Beis, coordinatrice de la FFMC 974, fustige cette décision prise sous la pression "d'associations écolo motophobes parisiennes, qui ont l'écoute du Conseil d'Etat". La FFMC annonce qu'elle ne se laissera pas faire. "On ne fera pas de manifestations dans les rues parce qu'on est en face d'un gouvernement qui n'en a rien à faire", dit-elle en prenant l'exemple de la mobilisation massive contre la réforme des retraites. "Mais c'est dans les couloirs des ministères que ça se joue". 

Un délai trop court pour la mise en application

En outre, c'est le délai rapide imposé pour mettre en place ce contrôle technique qui l'inquiète. En aucun cas les centres techniques ne pourront être prêts au 1er août. 

"Dans le meilleur des cas, un texte pourrait tomber d'ici deux mois. Mais pour la mise en place, rien n'est décidé : Qui va faire passer ces contrôles techniques ?", s'interroge-t-elle. 

Former les contrôleurs, équiper les centres techniques... 

Car pour permettre la mise en oeuvre du contrôle technique des deux-roues, il faudrait former les contrôleurs des centres techniques, faire en sorte que ces contrôleurs aient leur permis moto au moins pour pouvoir déplacer les engins, mais aussi équiper les centres des installations nécessaires, pour peu qu'il y ait assez de place pour accueillir ces dernières. 

Un contrôle pas nécessaire selon les motards 

Les motards qui sont vent debout contre ce contrôle technique font aussi valoir qu'ils entretiennent leur engin de façon rigoureuse, car il en va de leur propre vie. Aussi, selon des chiffres de la Mutuelle des Motards, qui a étudié plus de 18 000 sinistres sur 4 ans, moins de 0,4% des motos étaient signalées comme dangereuses par les rapports d'expertise. Souvent, le défaut technique rapporté n'était autre que l'usure des pneus. 

Des motos généralement bien entretenues

Erwan, pilote de moto, le confirme : "Une moto, c'est beaucoup plus entretenu qu'une voiture". D'autant plus qu'aujourd'hui, elles disposent de dispositifs comme l'ABS qui les rend plus sécurisées. "C'est avantageux peut-être pour ceux qui veulent vendre une moto qui a plus de dix ans. (...) Mais je ne vois pas trop l'intérêt de mettre en place un contrôle technique pour toutes les motos", achève-t-il. 

Les vendeurs de pièces détachées inquiets 

Pour les vendeurs de pièces détachées homologuées, un contrôle technique des deux-roues n'est pas non plus de bon augure. Sébastien Sautron, responsable d'un magasin de pièces détachées, concède : "ça peut être bien parce qu'il y a des véhicules qui ne mériteraient même pas d'être sur la route". Mais le vendeur craint aussi que ce contrôle technique ne vienne perturber son commerce, et que les clients habitués à acheter supports de plaques ou lignes d'échappement n'en installent plus sur leur engin. Car, si on ne connaît pas encore les modalités de ce contrôle technique, il se pourrait qu'il vienne empêcher toute modification sur les véhicules qui pourrait influer sur le niveau de pollution émise.  

Pourtant, ce sont des accessoires homologués qui "ne vont pas faire que la moto sera plus accidentogène", assure Sébastien Sautron, justifiant qu'une "ligne d'échappement ça fait un peu plus de bruit et ça permet de se faire entendre par les automobilistes". 

Une mesure discutée depuis des années 

Le dossier, depuis plusieurs années, fait bondir un grand nombre de motards qui n'accueillent pas favorablement cette nouvelle contrainte. Si bien qu'en 2021, le gouvernement était revenu en arrière sur le décret instaurant le contrôle technique des engins de plus de 125cm3 dès 2023. Puis, en octobre dernier le Conseil d'Etat avait ramené le dossier sur la table, estimant illégale l'abrogation du décret. Des motards en Hexagone comme à La Réunion, étaient alors descendus dans les rues pour dire non

Mais le projet remonte à plus longtemps : c'est en 2014 qu'une directive européenne a demandé aux Etats membres de créer ce contrôle technique avant le 1er janvier 2022. Parmi les objectifs, une meilleure sécurité des véhicules, mais aussi le contrôle des émissions de gaz polluants des véhicules, ou encore leur niveau de pollution sonore.