Le Syndicat mixte des transports de La Réunion épinglé par la chambre régionale des comptes

Le syndicat mixte des Transports de la Réunion regroupe la Région Réunion, le Département et les cinq communautés d’agglomération de l'île
La Chambre régionale des comptes a publié un rapport cinglant sur le Syndicat mixte des transports de La Réunion. Très peu d'actions réalisées, aucun projet fédérateur,... "La paralysie de la gouvernance" n'a pas permis à la structure de jouer pleinement son rôle, écrivent les magistrats.

C'est un rapport qui sort presque dans l'indifférence générale, à croire que la problématique des transports à La Réunion n'en serait pas une... Alors que les routes de l'île tendent à la saturation et que les prix du carburant n'en finissent plus d'augmenter, la politique locale en matière de transport en commun a du mal à passer la vitesse supérieure.

Pire, elle semble au point mort, écrivent les magistrats de la Chambre régionale des comptes après avoir examiné en détail les comptes et la gestion du SMTR, le Syndicat mixte des transports de La Réunion dont la mission est "d’organiser la connexion cohérente de tous les réseaux, tant au niveau des trajets que du prix des billets".

Un constat d'échec total

Le contrôle réalisé par la Chambre des comptes porte sur la période allant de 2015 à 2021 et la conclusion de ses magistrats est impitoyable : le SMTR est incapable d’accomplir la mission pour laquelle il a été créé.

Créé en 2013, il devait être une réponse à la dispersion de la compétence Transport entre sept autorités sur notre ile : le Conseil régional, le Département ainsi que les cinq communautés d’agglomération de La Réunion (TCO, Cirest, Cinor, Civis et CaSud).

Photo d'illustration.

Un syndicat en perte de légitimité

Il devait coordonner les réseaux, mettre en place une billetterie et une tarification unique ainsi qu'un système commun d’information des voyageurs, afin de rendre les transports en commun plus attractifs. Mais dans son rapport, la Chambre des comptes constate que le SMTR n’y est absolument pas parvenu.

"Le manque de concertation entre les élus du comité syndical paralyse la gouvernance de l’ensemble du SMTR depuis 2017, comme en témoignent les comptes rendus des séances, écrivent les auditeurs. Le syndicat a perdu de sa légitimité, il n’est pas l’interlocuteur central sur les problématiques de mobilité et ne fédère plus".

Malgré un budget annuel de 1,7 M€

En clair, les membres adhérents n’ont pas réussi à s’entendre et à collaborer. En huit ans, le syndicat n’a porté aucun projet d’envergure. Paralysé par "de fortes divergences politiques", le bureau ne s’est pas réuni depuis 2018. "Paradoxalement, le comité technique non institutionnalisé fonctionne sans que les projets et les études abordés à l’occasion de ces comités n’aboutissent", peut-encore lire dans ce rapport.

Le TCO, la Cirest, la Cinor, la Civis et la CaSUD ont même envisagé de le quitter avant finalement de se raviser. Malgré un budget annuel prévisionnel en 2021 de 1,7 millions d'euros et une équipe de 7 salariés, le SMTR montre un faible niveau d’investissements.

Qui à la tête du SMTR ?

Pour rappel, Nassimah Dindar a été présidente du SMTR de 2013 à mars 2015, avant de laisser la place à Alix Galbois (de mars 2016 à octobre 2017) qui a ensuite été remplacé par Fabienne Gouapel-Sauret, jusqu'en juin 2020. Etrangement, aucun des élus n'a réagi suite à la communication du rapport.

"Si la perspective d’une dissolution semble finalement aujourd’hui écartée", écrit la Chambre, celle-ci recommande néanmoins de rapidement changer le mode de gouvernance et de trouver un fonctionnement qui permette au SMTR d’accomplir ses missions.

Patrice Boulevart, le nouveau président de la structure depuis le changement de majorité à la Région, a pris acte des conclusions du rapport en janvier 2022, et a fait part de sa volonté de "relancer le  le processus de redéfinition des missions du SMTR
dans le cadre d’un prochain séminaire qui aura à aborder notamment la question de l’évolution statutaire".