La situation sanitaire de La Réunion s’est fortement dégradée ces dernières semaines, indiquait jeudi dernier le préfet de La Réunion. " Une réalité à mettre en rapport avec une couverture vaccinale qui accuse encore à La Réunion un net retard et qui ne peut donc apporter à court terme une réponse à notre situation sanitaire ", selon Jacques Billant.
Un confinement de 5h à 18h et un couvre-feu strict de 18h à 5h étaient alors annoncés. Ils sont en vigueur depuis hier, samedi 31 juillet, pour une durée de 2 semaines.
Schéma vaccinal complet pour près de 29% de la population
Si le nombre d’injections de première dose a triplé les deux semaines précédentes, la couverture vaccinale reste insuffisante à La Réunion, selon les autorités. 28,7% des Réunionnais ont un schéma vaccinal complet, soit 245 467 personnes, et 37,9% de la population ont reçu au moins une première dose, soit 324 729 Réunionnais.
Les personnes âgées, prioritaires au début de la campagne vaccinale, sont la catégorie d’âges la plus vaccinée. Ainsi, au 26 juillet, 71,5% des plus de 70 ans ont bénéficié d’une première injection, et 67,3% des plus de 75 ans.
Plus de la moitié des Réunionnais entre 25 et 50 ans ont au moins reçu une première dose, soit 52,8%. Chez les 50-70 ans, ils sont 64,5%. Les 28 à 24 ans sont bien moins vaccinés, 33,8% ont eu une première dose de vaccin, soit un tiers de cette catégorie d’âge.
Enfin, les adolescents, dernière tranche d’âge à avoir été éligible à la vaccination, est encore très peu vaccinée à La Réunion. 15,1% des 12 à 17 ans ont bénéficié d’une première injection.
La vaccination des adolescents fait débat
La question de la vaccination chez les adolescents fait encore débat dans la population. Elle est un des motifs de protestation des manifestants qui se mobilisent partout en France. Le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a annoncé qu’à partir de la rentrée scolaire, si un cas positif se déclarait dans une classe du secondaire, seuls les élèves non-vaccinés devraient rester chez eux. Une mesure incitative à la vaccination, qui n’a pas manqué d’être commentée.
Pour se faire vacciner, les mineurs doivent avoir l’autorisation de leurs parents. Des campagnes de vaccination sont annoncées dans les établissements scolaires à la rentrée. Parmi les jeunes réunionnais, certains n’ont pas attendu pour se faire vacciner, pas toujours convaincus cependant.
Reportage de Hermione Razafinarivo.
Vaccination des adolescents
Objectif : 80% des Réunionnais vaccinés à la mi-novembre
Seul moyen de sortir de la pandémie selon les autorités, la vaccination doit, d’après elles, rapidement prendre de l’ampleur à La Réunion. La directrice de l’ARS, Martine Ladoucette a fixé pour objectif : 49% de la population réunionnaise vaccinée d’ici la fin du mois d’août, et 80% d’ici la mi-novembre.
Pour atteindre cet objectif, les autorités doivent encore convaincre, principalement les publics à risque de formes graves de la maladie. Près de la moitié des personnes diabétiques et plus de la moitié des personnes atteintes d’obésité sévère n’ont pas encore bénéficié de la première dose, indiquent-elles.
Rassurer, convaincre…
La directrice de l’ARS tente donc de rassure sur le vaccin. Elle en veut pour argument le nombre d’évènements indésirables comptabilisés depuis le début de la campagne vaccinale, moins de 35 000 dit-elle, plus de 85% d’entre eux étant considérés comme "non graves", à savoir des nausées, fièvre ou douleurs passagères.
Martine Ladoucette précise également que " l’agence nationale du médicament considère aujourd’hui qu’il n’y a aucun décès en France, depuis le début de la campagne vaccinale, que l’on peut rattacher directement à la vaccination, même s’il est intervenu après la vaccination ".
Enfin, elle affirme que 94% des personnes contaminées ne sont pas vaccinées et 85% des entrées en hospitalisations sont le fait de personnes non-vaccinées.
… et faciliter la vaccination
Afin d’en faciliter l’accès, la vaccination est considérée comme un motif pour se déplacer hors des 10 km du lundi au samedi et des 5 km le dimanche durant les heures de confinement, notamment. Afin de garantir un délai d’attente de moins de 5 jours aux candidats à la vaccination, les possibilités d’injection ont été renforcées.
Ainsi, les 9 centres de vaccination de l’île ont élargi leurs ouvertures le week-end et trois d’entre eux reçoivent sans rendez-vous. Les médecins libéraux, pharmaciens, sages-femmes et plus récemment les infirmiers peuvent également vacciner.
Des centres de vaccination éphémères s’installent régulièrement dans les zones éloignées des centres permanents. Enfin, le vaccinobus continue son tour de l’île en marquant des étapes dans les lieux de forte affluence, tels que les centres commerciaux.