Un nouvel opus dans la littérature consacrée aux enfants de la Creuse. Quatre auteurs apportent dans un ouvrage publié chez le Cavalier Bleu, un éclairage sur les allers sans retour de ces jeunes Réunionnais vers l'Hexagone, et recadrent certains faits.
"Michel Debré n'est pas à l'origine de ces migrations, il n'a fait qu'appliquer une politique migratoire dans laquelle se trouvaient ces enfants". Wilfried Bertile recadre les idées reçues et elles sont nombreuses.
En 2016, le géographe a été désigné avec d'autres experts pour faire la lumière sur cette histoire qui a débouché sur un rapport de 690 pages deux ans après.
« Dans les années 60-70, la Réunion qui avait des problèmes économiques et sociaux avait mise en œuvre une politique migratoire par le biais du BUMIDOM . Les enfants de la Creuse n’étaient qu’une composante de cette politique qui a porté en 20 ans sur 62 000 personnes, les enfants de la Creuse n’étaient que 2 000 ».
Des enfants disséminés dans 83 départements
Cette commission de recherche composée également de deux historiens et d'un sociologue, préfère retenir l'expression de " transplantation " pour désigner le déplacement de ces mineurs de la Réunion et pas seulement vers la Creuse qui a accueilli le plus gros contingent d'enfants, mais au final ce sont 83 départements qui ont été concernés.
Une histoire encore méconnue
L'Histoire des enfants de la Creuse est méconnue, selon les auteurs qui ont travaillé et analysé avec une rigueur scientifique les archives, pour certaines inédites, et écouté les témoignage et la parole de ces enfants. "Ils ont vécu des chocs, géographique, climatique, linguistique", ajoute Prosper Eve.
Le rapport met aussi en lumière, les dysfonctionnements de l’aide sociale à l’enfance qui existait à l’échelle nationale. "Ces réunionnais qui ont souffert se sont retrouvés dans un système en pleine déliquescence", ajoute l'historien Gilles Gauvin.
Le reportage de Jean Régis Ramsamy et de Florence Bouchou :