Les locations saisonnières et meublées, un frein à la disponibilité de logements vacants à louer à La Réunion

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Difficile de trouver un logement vacant à La Réunion actuellement : peu d'offres, loyers très élevés... Les locations saisonnières ou meublées, qui se multiplient, amenuisent encore le nombre de logements nus disponibles. La situation est alarmante, selon la CNL.

Les locations saisonnières sont de plus en plus nombreuses... et ça n'arrange pas vraiment les ménages qui rencontrent des difficultés actuellement à trouver un logement. 

Alors que les mois de juillet et d'août constituent pour les agences immobilières une période de grosse activité en raison des mutations et changements de secteur qui s'opèrent à ce moment de l'année, Vincent Zampiero, agent immobilier, dit la difficulté de trouver des logements libres et vacants. "On se trouve dans une impasse", soupire-t-il.

Regarder le reportage de Réunion La 1ère : 

Les locations saisonnières ou de meublés sont-elles responsables du manque de logements vacants à La Réunion ?

Davantage de familles recomposées 

Plusieurs raisons expliquent cette pénurie de logements, selon Vincent Zampiero, agent immobilier à Saint-Denis. A commencer par l'évolution de la société et de la démographie : nos modes de vie font qu'aujourd'hui, davantage de familles sont recomposées, et occupent plus de logements qu'avant, par exemple.

Des propriétaires qui préfèrent louer en meublé ou en saisonnier

Mais un autre fait tend à encore diminuer le nombre de logements vacants "nus", soit non meublés. 

"Le phénomène des locations saisonnières et des locations meublées grèvent les logements libres"

Vincent Zampiero, agent immobilier

 

Vincent Zampiero en est lui-même témoin : plusieurs propriétaires, dans son agence immobilière, lui ont demandé à arrêter les locations libres pour les passer en locations meublées. 

Des revenus locatifs plus élevés 

Il faut dire que les propriétaires y trouvent leur compte, là encore pour plusieurs raisons, notamment le prix du loyer, bien plus élevé sur un mois en location meublée ou saisonnière qu'en logement nu. 

"Un bien de type T3 sur l'Ouest qui en nu se loue à 750-800 euros, sommairement meublé il se loue à 2 000 euros le mois"

Vincent Zampiero, agent immobilier

Avantages fiscaux 

En second lieu, il y a les avantages fiscaux. En effet, en fonction du type de location (saisonnière classée, non classée, meublée), le propriétaire peut bénéficier d'un abattement forfaitaire allant de 50 à 71%. "C'est très très rentable", observe l'agent immobilier. 

"Facilité d'expusion" des locataires 

Mais il évoque, une autre raison qui pourrait motiver les propriétaires à passer leur bien en meublé ou en location saisonnière : la "facilité d'expulsion" des locataires. Car ce type de locations répond à des règles autres que celles des locations libres. 

"Par exemple, si on a un locataire défaillant, dans un meublé, le propriétaire peut procéder à l'expulsion avec un préavis de trois mois au lieu de six mois", explique Vincent Zampiero. Aussi, pour les locations meublées, le bail est reconductible d'un an, au lieu des trois ans habituels. Pour les meublés étudiants, c'est neuf mois. 

"Il y a de moins en moins de logements" 

Pour Erick Fontaine, administrateur de la Confédération nationale du logement (CNL) à La Réunion, la situation est alarmante. "Il y a de moins en moins de logements. Des salariés du privés, des fonctionnaires et d'autres gens qui ont des revenus n'arrivent pas à se loger et n'ont pas accès aux logements sociaux", dénonce-t-il. 

"Nous constatons que des propriétaires ont fait le choix de louer en locations saisonnières avec des revenus extrêmement importants : au lieu de toucher 900 euros de loyer par exemple, ils arrivent à des revenus de 4000 à 5000 euros mensuels"

Erick Fontaine, administrateur de la Confédération nationale du logement

"Réglementer plus sévèrement"

Pour lui, autant ces bénéfices élevés que les avantages fiscaux participent à la crise actuelle du logement à La Réunion. "Il est nécessaire de modifier les lois pour mettre en place un permis de louer et réglementer plus sévèrement ces locations qui aujourd'hui échappent aux demandeurs de logements à La Réunion", martèle Erick Fontaine. 

41 000 demandes de logement à La Réunion

Selon la CNL, on dénombre 41 000 demandeurs de logement à La Réunion aujourd'hui. Malheureusement, "on en attribue à peu près 6 000 par an, soit un déficit énorme", achève l'administrateur de la CNL.