Les pêcheurs de bichiques dénoncent la pollution de la rivière Saint-Jean par des boues noires

Pollution de la rivière Saint-Jean
Les pêcheurs de la rivière Saint-Jean voient leur canal obstrué par des boues d'un noir profond. Ils s'interrogent sur leur provenance, d'autant que la substance aurait selon eux des conséquences sur la pêche bichique.

Les pêcheurs de bichiques de la rivière Saint-Jean, entre Sainte-Suzanne et Saint-André, près de l'usine de Bois Rouge, se désolent de l'état de l'endroit. De curieuses boues noires comme du charbon et un peu huileuses, nappent le fond du canal bichique, avec, disent-ils, des conséquences sur la pêche de cet alevin. 

Regarder le reportage de Réunion La 1ère : 

Les pêcheurs de bichiques de La Rivière Saint-Jean à Sainte-Suzanne sont inquiets. Des canaux sont pollués. Explications

"La rivière lé complètement polluée, le sable lé noir, lé colmaté, pour moi il y a danger. (...) Il y a du gras dedans. Le sable ça glisse, ça tombe, sauf que là c'est pas pareil", décrit Jean-Marceau Maillot, président de l'association des pêcheurs professionnels pour la valorisation du bichique. 

Depuis dix ans 

La situation n'est pas nouvelle dit-il. Dix ans que ces curieuses boues d'un noir profond seraient observées dans ce canal bichique. A tel point qu'aujourd'hui, même en pleine saison, le bichique se fait rare. "Avant, il était attrapé par tonnes ici, maintenant c'est zéro", remarque le pêcheur, qui s'interroge sur les conséquences environnementales de cette pollution.

Pollution de la rivière Saint-Jean

Un frein au développement des bichiques 

"Ce charbon li flotte dans la mer. Li repose su les zoeuf bichiques, lé recouvert, bichique i peut pu pond. Avant y avait beaucoup de poissons par ici, maintenant y a pu", dénonce Jean-Patrice Sinama-Moutama, co-président de l'association des pêcheurs de la rivière Saint-Jean, citant la disparition des anguilles, "chevrettes", dorades dans le secteur.

Des soupçons autour de l'usine 

Quant aux causes, c'est une autre histoire. "Il y a une usine à côté, mais je n'accuse personne, je laisse les services concernés faire la lumière sur cette histoire", déclare Jean-Marceau Maillot, faisant référence à la centrale thermique de Bois Rouge non loin de là, qui par ailleurs brûle du charbon.

Pollution de la rivière Saint-Jean

Impossible à évacuer 

Jean-Patrice Sinama-Moutama, pelle en main, tente d'évacuer tant bien que mal cette substance un peu visqueuse du fond de canal. "C'est pas du sable ça, c'est dur", dit-il, constatant que le matériau reste collé à sa pelle. 

Pollution de la rivière Saint-Jean

"I entasse, lé colmaté dans mon canal, ou sa i sorte mi koné pa et dan les autres rivières na point. Comme par hasard, na l'industrie ter la, et na charbon" observe-t-il. Tous les jours, il tente d'évacuer des quantités de boues, mais elles reviennent inlassablement. "Aujourd'hui i enlève 100 kilos, i revient par 200 kilos", lorsque la mer monte avec la marée. 

Des agents de la DEAL sont venus sur le site, alertés par les pêcheurs, mais ceux-ci n'ont pas plus de nouvelles. D'après les pêcheurs, le port de Sainte-Marie serait aussi concerné par ce phénomène. 

Albioma ne se prononce pas 

Contactée, Albioma, qui gère la centrale électrique de Bois Rouge, affirme qu'elle ne souhaite faire aucun commentaire sur la présence de ces boues. 

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