Les prestations sociales non-réclamées, un point qui interroge les syndicats

Le siège de la CAF à La Réunion.
Parmi les sujets débattus lors du congrès régional de l'UNSA cette semaine, les publics qui ne demandent pas les minima sociaux par méconnaissance, alors qu'ils y ont droit.

Réuni en congrès régional cette semaine au MOCA à Montgaillard, les membres du syndicat UNSA (Union nationale des syndicats autonomes) Réunion ont abordé plusieurs questions. Quelle place pour le dialogue social en France ? Comment protester encore contre la réforme des retraites ? Ou encore comment faire pour que les prestations sociales soient touchées par tous les ayant-droits ? 

Concernant ce dernier point, l'UNSA pointe du doigt un taux important de non-réclamation. En France, ils seraient entre 30 et 40% des publics éligibles à ne pas bénéficier de leurs minima sociaux, par méconnaissance des dispositifs. 

"Ils ne savent pas où aller" 

Dominique Corona, le secrétaire général adjoint en charge de la protection sociale à l'UNSA, présent actuellement à La Réunion pour le congrès régional, ce problème d'accès est préjudiciable. "En général ce sont les gens les plus précaires, les moins diplômés, qui ne les demandent pas alors qu'ils en ont le plus besoin. Parce qu'ils ne savent pas où aller, quel guichet demander, quels papiers fournir, parfois ils ne savent même pas quelles prestations sociales existent. Nous, organisations syndicales, nous devons prendre ce sujet à bras le corps pour aider à sortir ces populations-là de la précarité", plaide-t-il, réclamant une identification systématique de ces publics par des moyens informatiques pour qu'ils puissent automatiquement avoir droit au RSA ou autres prestations sociales.

(Re)voyez le reportage de Réunion La 1ère :

La Réunion fait partie des 18 départements qui expérimentent la réforme de conditionnement du RSA à des heures d’activités.

La CAF, accès unique pour accéder au versement du RSA 

Au Pôle emploi, on répond que le rôle de la structure, qui sera bientôt nommée "France Travail", est justement d'aller "au plus près des personnes privées d'emploi pour les amener vers les structures qui peuvent les aider". 

Angélique Goodall, directrice régionale de Pôle emploi, souligne d'ailleurs que depuis trois ans, La Réunion expérimente la recentralisation du versement du RSA par la CAF. "Il y a un accès unique pour toutes les personnes qui seraient désireuses de bénéficier du RSA, c'est la CAF. La CAF qui va ensuite poser le diagnostic, vérifier les problématiques sociales et professionnelles de la personne, et la réorienter vers le bon interlocuteur, que ce soit Pôle emploi, la Mission locale, le Département, ou encore la CAF même", dit-elle. 

"Lorsque la CAF reçoit la personne, elle va interroger sur le volet social et professionnel et questionner  l'environnement. C'est là qu'on pourra voir par exemple que la femme ne travaille pas, qu'il y a des enfants dans le foyer... Et tout ça va conditionner le versement du RSA." 

Angélique Goodall, directrice régionale de Pôle Emploi

Une expérimentation qui débute dans quelques jours

Malheureusement, elle confirme l'absence de moyens pour mutualiser les données et identifier les bénéficiaires potentiels. Mais l'expérimentation du nouvel accompagnement renforcé du bénéficiaire du RSA, qui sera bientôt menée à Saint-Leu et à Trois-Bassins, permettra de mutualiser les données sur un demandeur d'emploi, entre toutes les structures d'insertion. 2 200 bénéficiaires sont concernés. "L'idée c'est de partager les informations pour mutualiser notre offre de services et être là au bon moment", avance Angélique Goodall. 

C'est jeudi prochain que l'expérimentation démarrera à Saint-Leu.

"On ne peut pas stigmatiser les gens parce qu'ils sont au RSA"

Autre sujet d'inquiétude pour l'UNSA, cette expérimentation menée à La Réunion comme dans 17 autres départements, et qui conditionne le versement du RSA à la réalisation d'heures obligatoires. 

"On ne peut pas stigmatiser les gens parce qu'ils sont au RSA", clame Dominique Corona, le secrétaire général adjoint de l'UNSA. Si le syndicat craint là une forme de travail déguisé, la directrice régionale du Pôle emploi assure que ce n'est pas le cas : "Ces activités consistent à les accompagner dans des démarches de recherche d'emploi : travailler sur les CV et les techniques d'entretien, faire des immersions dans les entreprises pour découvrir des métiers, accéder à des formations...". 

A La Réunion, on compte 96 000 foyers bénéficiaires du RSA (revenu de solidarité active).