10 euros : c'est le prix moyen au mètre carré des loyers dans le parc locatif privé à La Réunion, en 2021, selon l'Observatoire des Loyers privés à La Réunion.
Ces prix s'envolent encore plus haut selon les zones : sur le territoire de la Cinor, bassin d'emplois, le loyer médian monte à 14,80 euros le m2 pour un T1, et sur la zone balnéaire du TCO, à 15,80 euros le m2 également pour un T1. En cinq ans, dans le privé, le prix du mètre carré à augmenté de 33%.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Une pétition pour dénoncer
Régulièrement, les locataires montent au créneau sur les réseaux sociaux pour dénoncer les tarifs exorbitants pratiqués par les propriétaires. Si bien qu'une pétition a été lancée en ligne en fin d'année dernière, intitulée "Urgence pou nout péi : stop à la flambée des loyers à La Réunion", sur change.org, pour attirer l'attention du préfet de La Réunion sur la situation.
Difficile même avec des revenus confortables
Ces prix élevés rendent la recherche d'un logement encore plus compliquée, même quand on a des revenus confortables. Illustration avec David Welferinger-Deguigne, nommé directeur du CRIJ récemment. Ce n'est qu'au bout de 4 mois qu'il a enfin réussi à trouver une maison en location saisonnière sur Saint-Denis, après être tombé sur des prestations douteuses ou des loyers trop élevés.
"On a des logements quasi-insalubres à des tarifs bien trop importants, autour de 1 500 euros, des logements corrects entre 1500 et 2000 euros, et puis ça va bien au-delà, on peut trouver des locations à 3 000 ou 4 000 euros. Ca implique d'avoir des revenus très importants, puisque les agences réclament de manière générale un revenu trois fois supérieur au montant du loyer proposé", témoigne le directeur du CRIJ.
Une famille sur 3 dans l'incapacité financière d'accéder à un T4 dans le privé
Ce critère imposé par les agences, d'un revenu trois fois supérieur au prix du loyer du logement visé, bloque de nombreux dossiers de ménages n'ayant pas la capacité locative suffisante. Ainsi, selon l'Observatoire des loyers privés à La Réunion - chiffres de 2021 -, près d'une famille - couple avec enfants - sur 3 ne peut accéder à un T4 dans le parc privé. C'est encore pire pour les familles monoparentales : 73% d'entre elles ne peuvent pas se loger dans le privé si elles nécessitent un T4.
Pour certains, la colocation comme seule solution
Chez les personnes seules, la moitié n'a pas les revenus suffisants pour louer un studio dans le privé. C'est ainsi que dans l'Ouest, la colocation reste la seule option pour plusieurs jeunes dont les revenus sont limités. Exemple avec Ambre, arrivée à La Réunion depuis un an et demi, et qui dit être à sa 7ème colocation. "Car il y a énormément de sous-locations, et c'est très très compliqué de trouver où rester sur le long terme, encore plus dans l'Ouest où les prix sont exorbitants", raconte la serveuse. "Quand on gagne 1600 ou 1700 euros, avoir 600 ou 700 euros de loyer c'est impossible", souffle-t-elle, en colère.
600 euros pour une chambre en colocation dans l'Ouest
Elle comme Lambert, un de ses colocataires, paient 600 euros par mois pour une petite chambre face à la mer dans une maison de l'Ouest. Au total, ils sont six colocataires à y vivre actuellement. "Le loyer en lui-même est cher, et en plus ils demandent une caution. Avec les salaires qu'on a en restauration, difficile de cumuler les deux", plaide Lambert, qui considère que pour 3000 euros de loyer au total, ce qu'il y a à disposition est "vraiment restrictif".
Les prix sur le territoire du TCO comparables à ceux observés à Lille
Dans l'Ouest, les locations saisonnières, souvent non-déclarées, achèvent de crisper le marché locatif privé. Le loyer médian, sur le territoire du TCO, reste inférieur à celui pratiqué à Paris, mais est comparable à celui qu'on retrouve dans des grandes agglomérations de l'Hexagone, comme Lille.
Des difficultés à retrouver un logement
Maximilien Flosi, chargé de mission et juriste à l'ADIL (Agence Départementale d'Information sur le Logement de la Réunion), observe surtout des difficultés des locataires à retrouver un nouveau logement, dans les cas où par exemple le propriétaire souhaiterait récupérer son bien. Souvent, ces locataires demandent à rester un peu plus longtemps le temps de trouver un nouveau logement qui convienne et pas trop cher.
La révision annuelle des loyers déjà plafonnée
Alors comment faire pour améliorer les conditions d'accession à un logement dans le privé ? L'ADIL dit justement y travailler. Un bouclier existe déjà pour limiter les propriétaires bailleurs lors de la révision annuelle de leurs loyers, ne les autorisant qu'à 2,5% d'augmentation quand l'indice leur permettrait d'aller jusqu'à 3,5% voire 4% d'augmentation.
Vers un placement de La Réunion en "zone tendue" ?
Mais surtout, c'est un encadrement des loyers à la relocation ou à la nouvelle location, qui changerait la donne. Cependant, cet encadrement est conditionné au placement de La Réunion, tout ou partie, en "zone tendue", où il est possible de plafonner les loyers selon les secteurs, au lieu de laisser libre l'ajustement du niveau de loyer lors d'un nouvel emménagement. Ces "zones tendues" sont définies par décret du gouvernement : dans l'Hexagone, une dizaine de régions est déjà concernée. A La Réunion, "certains territoires sont à l'étude, la réflexion est en cours", déclare Maximilien Flosi de l'ADIL.
Selon les résultats en 2021 de l'Observatoire des loyers privés à La Réunion, 22% des ménages réunionnais sont locataires du parc privé, soit 73 900. C'est plus d'un locataire sur deux.