A 48 ans, Marie Guévenoux est la nouvelle ministre déléguée des Outre-mer. Elle complète ainsi le gouvernement de Gabriel Attal. La cérémonie de passation de pouvoir avec son prédecesseur s'est effectuée ce vendredi matin, rue Oudinot, à Paris.
Cadre historique du parti Renaissance, députée de l'Essonne, elle est déjà connue des parlementaires ultramarins puisqu'il s'agit de la première questeure de l'Assemblée nationale.
Le décryptage de Jean-Marc Colienne sur Réunion La 1ère :
Une nomination déjà critiquée
En sept ans, six ministres se sont succédés à ce poste. Comme ses prédécesseurs, Marie Guévenoux travaillera sous la houlette du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui a récupéré le portefeuille des Outre-mer en 2022.
Les réactions de la classe politique sur Réunion La 1ère :
A peine nommée, déjà critiquée par la classe politique péi. Pour certains députés, le pouvoir envoie une nouvelle fois un mauvais signal aux Ultramarins. Pour Frédéric Maillot "le gouvernement confirme le mépris qu'il a pour les Outre-mer".
" Une nouvelle ministre qui ne connaît ni nos avantages, ni nos peuples et ni nos problématiques. Et nou vwa ke les têtes i chanj mais nou ress dann inn logique de récompense plutôt qu'une logique de compétence"
Frédéric Maillot, député
Même son de cloche pour le député Jean-Hugues Ratenon, pour qui "l'outre-mer est sacrifié sur l'autel de la cuisine politique". L'élu s'interroge notamment sur l'avenir du CIOM et les engagements pris par son prédecesseur sur les questions du pouvoir d'achat, la cherté de la vie ou encore le logement.
Le premier déplacement officiel de Marie Guévenoux aura lieu à Mayotte, puis en Nouvelle-Calédonie "avant la fin du mois", ce qui n'a pas manqué de faire réagir Jean-Hugues Ratenon.
" La nouvelle ministre déléguée, sous tutelle, va comme d’habitude entamer une croisière des iles pour écouter, voir, comprendre. Des voyages exotiques avec l’argent public, l’argent des plus pauvres. En attendant cabris i mange salade "
Jean Hugues RATENON - député
Lui aussi fonde peu d'espoir sur cette nouvelle nomiation. Pour le conseiller d'opposition à la Région, Jean-Jacques Morel, il n'y a rien attendre.
"Malheureusement elle ne changera rien à la vie des Réunionnais. Même si elle est de bonne volonté. Il n'y a rien attendre de cette nouvelle nomination. Macron ne s'intéresse pas aux Outre-mer !"
Jean-Jacques Morel, conseiller d'opposition à la Région
La jeune sénatrice Audrey Bélim déplore quant à elle, une valse effrenée des ministres délégué aux Outre-mer.
Il est regrettable qu'elle soit la 4ème ministre déléguée aux Outre-mer depuis mai 2022. Les Outre-mer ont des spécificités. Les politiques publiques sont complexes. Il est essentiel que la nouvelle ministre déléguée aux Outre-mer puisse rapidement prendre connaissance des dossiers et assurer la continuité des engagements de l'Etat.
Audey Bélim - sénatrice
Prendre connaisance des dossiers et surtout agir au plus vite, pour les problématiques réunionnaises. C'est la demande principale de la maire de Saint-Denis.
"On a des sujets très lourds, très denses qui traînent depuis un certain temps, avec aucune réponse. Ce que l'on demande à la ministre c'est d'agir tout de suite, les pistes de solution on les a largement proposés. Je souhaite qu'on la voit très rapidement pour agir concrètement"
Ericka Bareigts - première secrétaire fédérale du parti socialiste de La Réunion
Le président du département se dit prêt à gérer avec la nouvelle ministre déléguée aux Outre-mer dans un esprit d'écoute et de dialogue, les défis qui attendent La Réunion.
" Nous aurons à gérer ensemble les suites du cyclone Belal, notamment pour soutenir les agriculteurs [...] Nous aurons également à poursuivre la mise en œuvre des 72 mesures du CIOM et résoudre la crise du logement que traverse La Réunion "
Cyrille Melchior, Président du Conseil départemental de la Réunion
Le président de la CCI Réunion sera quant à lui vigilant sur le soutien qu'accordera l'Etat aux entreprises ultramarines.
" Dans le contexte particulier de ce début d’année 2024, les entreprises et les acteurs économiques de l'Outre-mer ont besoin d'un soutien substantiel de la part de l'État pour relever les nombreux défis auxquels nous sommes confrontés quotidiennement [...] il me tient à cœur de lui présenter les caractéristiques particulières et la fragilité des entreprises de nos territoires et poursuivre ainsi le travail déjà bien engagé."
Pierrick Robert, président de la CCI Réunion
Les dossiers ne manquent pas. En attendant de pouvoir agir, Marie Guévenoux "mesure le poids de l’attente, des espoirs".