Les tisanes et les croyances associées, un patrimoine culturel commun aux Réunionnais

Ce samedi 20 mai au MoCA à Saint-Denis, le Conseil de la culture, de l'éducation et de l'environnement organisait conférences et sobatkoz pour échanger autour de la diversité culturelle. Un thème en particulier a animé les discussions : celui des tisanes et des croyances qui y sont associées. Car le savoir autour de ces "zerbaz" utilisés par tous les Réunionnais à une époque, est le fruit d'apports des différentes populations qui ont composé La Réunion.

Ce samedi 20 mai, le domaine du MoCA à Montgaillard a accueilli, un peu avant l'heure, la Journée mondiale de la diversité culturelle pour le dialogue et le développement célébrée demain. 

Regardez le reportage de Réunion La 1ère : 

En quoi nos tisanes péi sont-elles un élément important de notre culture réunionnaise commune ? Des conférences étaient organisées pour en discuter ce samedi.

Au programme de cet événement organisé par le Conseil de la culture, de l'éducation et de l'environnement (CCEE), des sobatkoz, conférences, et expositions autour d'un thème : "Kroyans dann zerbaz partou, tizane larényon". 

Montrer la place importante de la tisane dans la culture réunionnaise

Les tisanes péi étaient donc à l'honneur, un des éléments forts de la richesse culturelle de l'île à mettre en lumière. Il s'agissait pendant cette journée, de montrer leur place importante dans le culture commune de La Réunion. 

"Na eu des apports zerbaz de partout pou donne tisane La Réunion. Que de moun i sorte en Afrique, en Inde, en France, tout le monde la utilisé, c'était le partage, c'était le commun", commente le président du CCEE de La Réunion, Roger Ramchetty. Des tisanes donc utilisées par tous, toutes origines et milieux sociaux confondus, à une époque où il y avait peu de médicaments. Mais aussi des tisanes transmises de façon orale, de génération en génération. "C'est la parole qui fait foi, qui fait la vérité scientifique", pour la tisane, explique-t-il. 

Avant l'arrivée de la médecine moderne, la tisane indispensable

Parmi les participants à cette journée, le planteur et tisanèr François Tibère, qui rappelle qu'avant l'arrivée de la médecine moderne à La Réunion, tout le monde se soignait grâce aux plantes. Et selon lui, ce sont encore 87% des Réunionnais qui continuent à utiliser ces remèdes traditionnels. 

"Nout toute nou la grandi avec tisane, toutes les personnes nées avant les années 60, avant qu'on impose l'aide médicale gratuite. C'est un apport de chaque population qui est venue, que ce soit d'Europe, d'Asie, d'Afrique. Chacun a amené avec lui ses connaissances, son savoir, ses pratiques, ses techniques, et ses plantes. A travers ce lamayaz, comme le peup' La Réunion lé maillé, c'est un mélange que lé bénéfique pou tout le monde, tous ceux qui se disent Réunionnais". 

François Tibère, planteur et tisanèr

Préserver les zerbaz 

Pour lui, si la transmission de ces savoirs est plutôt du domaine du spirituel, quelque chose que l'âme veut, tout un chacun a en revanche un rôle à jouer quand il s'agit de préserver les plantes médicinales traditionnelles. "On peut craindre que demain il y ait des plantes qui n'existent plus, avec le bétonnage, les pesticides. Alors il faut cultiver, planter", invite François Tibère, espérant que ces zerbaz nous aideront à surmonter d'éventuelles futures épidémies, comme elles l'ont fait avec le covid, la dengue ou le chikungunya. 

"J'ai été soignée par les plantes de mes deux cultures" 

La préservation de ces plantes, Lise Thiaw-Kine l'applique chaque jour, avec son petit jardin bien fourni. On y trouve, dit-elle, du romarin, de l'ayapana, de la marjolaine, du jean-robert... "Toutes les plantes basiques que chaque créole peut utiliser", dit-elle. Issue du métissage par une maman créole et un papa chinois, elle explique avoir bénéficié des apports des deux cultures lorsqu'elle était malade, enfant. 

"Dans le temps il n'y avait pas de médecins dans les petits villages, et il y avait la nature, les jardins créole, et la boutique chinoise. Toute mon enfance, j'ai connu pas mal de maladies infantiles, la coqueluche, les oreillons, la grippe... et j'ai été soignée par les plantes, des deux cultures", se rappelle-t-elle. Tout comme elle se remémore ces jours, où lorsqu'elle n'avait pas école, elle accompagnait ses parents chercher des herbes pour les animaux, mais aussi pour soigner. "Au fil des années, on les remet dans son quotidien", sourit-elle. 

Dominique Picardo, vice-président du Conseil de la Culture, de l'Education et de l'Environnement, était l'invité du JT de Réunion La 1ère : 

Invité plateau Dominique Picardo