Logement : " 2023, année de tous les dangers " à La Réunion, selon la CNL

Diminution du nombre de logements, baisse de la qualité de la construction, hausse du prix des loyers et manque d’ambition en matière de performances énergétiques, la Confédération Nationale du Logement dresse un constat alarmant de la situation.

Ce dimanche 8 janvier, la Confédération Nationale du Logement fait un bilan de l’état du logement à La Réunion. Elle fait ainsi le constat d’une dégradation constante depuis plusieurs années dans le secteur du logement social notamment, " malgré tous les plans mis en place par l’Etat ".

39 000 demandeurs en 2022 pour 2 000 logements livrés

Fin 2022, le département compte près de 39 000 demandeurs de logement, tandis qu’il fait face à une baisse très importante dans les livraisons de logements, à une dégradation de la qualité des logements neufs ou encore des immeubles anciens indécents ou dégradés.

" On n’arrive pas à livrer des logements. On est à 2 000 logements, ce qui est un chiffre extrêmement bas ", dénonce Erick Fontaine, l’administrateur de la CNL. Ce chiffre est inférieur de 50% à 2014, précise-t-il.

De plus en plus de logements neufs indécents

En 2022, près d’un millier de plaintes pour logements indécents ont été recueillies par la Confédération Nationale du Logement. Près de 95% d’entre elles relèvent du logement social, précise Erick Fontaine.

On a repéré plus de 70 immeubles indécents neufs de moins de 10 ans à La Réunion.

C’est le cas d’un immeuble situé à Saint-Pierre, dans lequel des étais ont dû être positionnés. La CNL compte d’ailleurs se rapprocher du maire de Saint-Pierre " dès lundi matin " pour un accompagnement sur une expertise qui sera demandée auprès du tribunal administratif, avec la nomination d’un expert judiciaire. La démarche consistera à déterminer s’il existe un péril sur cet immeuble.

Les personnes âgées et les salariés pauvres sont les plus impactés

D’une manière générale, le manque de logement impacte particulièrement les jeunes retraités et les salariés pauvres, qui vivent avec moins de 1 800 euros par mois. En 2018, près de 2 800 demandeurs de logements avaient plus de 60 ans. En 2025, ils devraient être près de 6 300.

Les salariés pauvres n’ont généralement pas accès aux logements sociaux, ni aux logements privés dont les loyers sont devenus trop chers. Ils sont ainsi exclus de la politique du logement à La Réunion, estime la CNL.

La CNL alerte également sur le manque de résidences adaptées, face à l’augmentation du nombre de personnes âgées. Les résidences garantissant leur autonomie font cruellement défaut à La Réunion, dit-elle.

Les bailleurs sociaux manquent d’ambition en matière de développement durable

Pour la Confédération Nationale du Logement, la performance énergétique devrait être un levier pour les bailleurs sociaux.

On a 5 500 heures d’ensoleillement par an à La Réunion, on est à la ramasse. Ce n’est pas possible qu’il faille attendre qu’il y ait des lois votées au niveau national pour qu’aujourd’hui on pose des panneaux solaires dans les parkings.

Erick Fontaine, administrateur de la CNL à La Réunion 

Même son de cloche quant aux récupérations pluviales inexistantes, " dans une île qui détient le record du monde de pluviométrie ".

Vers une autoconsommation photovoltaïque collective ?

Il invite à imaginer la mise en place à La Réunion de " la plus grande expérimentation d’autoconsommation collective dans des logements ", les bailleurs sociaux pourraient alors devenir les " 1ers producteurs d’énergie solaire à La Réunion ".

La CNL indique de plus que cette possibilité de participer à des opérations d’autoconsommation photovoltaïque collective pour les organismes HLM est apparue avec la "loi du 8 novembre 2019 relative à l’énergie et au climat". Un décret du 5 juillet 2021 organise l’autoconsommation photovoltaïque collective dans les habitations à loyer modéré.