Menée entre juillet 2021 et août 2022, la campagne de lâchers a couvert une superficie de 20 hectares dans le quartier de Duparc, à Sainte-Marie. Le quartier de Bois-Rouge, aux caractéristiques similaires, a été utilisé comme site témoin non traité.
Entre 150 000 à 250 000 moustiques mâles stériles ont été lâchés à Duparc pendant 52 semaines, soit un total de 10 193 300 moustiques.
Une technologie de pointe, à l’avant-garde de la lutte anti-vectorielle dans le monde
Cette expérimentation issue du travail de l’Institut de Recherche pour le Développement a été menée en collaboration avec l’AIEA, l’ARS, le Cirad, l’EFS, l’EHESP et Qualitropic. Le principe : lâcher des moustiques mêles stériles afin d’évaluer leur capacité à réduire la fécondité de la population de moustiques sauvages.
A partir d’œufs collectés dans la zone de Duparc, des moustiques ont été élevés au CYROI, puis se sont reproduits dans une usine d’élevage en masse, équipée de la technologie spécialisée nécessaire pour un élevage à grande échelle.
Près de 300 000 à 500 000 moustiques tigres ont ainsi pu être produits chaque semaine. Les mâles ont ensuite été stérilisés par exposition aux rayons X à l’aide d’un appareil de l’Etablissement Français du Sang.
Une fois relâchés, ces mâles, qui ne piquent pas et ne transmettent donc aucune maladie, s’accouplent aux femelles sauvages qui pondent alors des œufs non-fécondés qui n’écloront jamais.
60% de réduction de la fertilité
Les efforts maintenus sur 12 mois consécutifs ont permis d’atteindre jusqu’à 60% de réduction de la fertilité. De juillet 2021 à fin 2021, la diminution du taux de natalité du moustique tigre atteignait 50%. Entre janvier et avril 2022, cette réduction de fertilité des moustiques sauvages a eu tendance à stagner, du fait des épisodes cycloniques et es fortes pluies qui ont perturbé les activités du programme.
Les chercheurs ont également obtenu une baisse du nombre d'œufs pondus, " donc qui dit moins d'œufs dit moins de femelles ", seules à piquer, explique Cécile Bringue, ingénieure d'études à l'IRD.
Pour les chercheurs, la Technique de l’Insecte Stérile est un moyen de lutte "réellement convaincant" qui n’éliminera pas totalement la population des moustiques. Cette technologie peut ainsi s’intégrer, en complément des outils actuels, aux stratégies de lutte anti-vectorielle.
De la recherche à la production industrielle
L’ARS de La Réunion et le ministère de la Santé ont accompagné ce projet depuis ces débuts. Reste désormais, en lien avec de potentiels industriels, à passer des résultats des travaux de recherche à la production à grande échelle, ce qui implique la définition et la mise en œuvre d’un modèle économique viable.
Il faudra pour cela trouver les investisseurs pour ulutte dengue
n partenariat public/privé permettant d'associer cette technologie à une stratégie globale de lutte anti-vectorielle respectueuse de la santé, de l'environnement et économiquement soutenable.
Des analyses sont en cours pour déterminer précisément les coûts de la Technique de l’Insecte Stérile en phase pilote. Les chercheurs de l’IRD et du Cirad travaillent ensemble sur plusieurs projets pour permettre le transfert et la valorisation industrielle de cette technologie à La Réunion et au-delà.
Lors de l’expérimentation, l’accent a également été mis sur l’information des habitants du quartier quant à cette nouvelle technique, mais aussi sur la nécessité