Ce n'est pas une simple fatalité, ni un enchaînement tragique d'événements météorologiques sans liens. Le kéré, comme les cyclones ont un point commun : le climat. Depuis des années, des scientifiques tentent de nous alerter des conséquences, pour l'environnement, de la surconsommation dans les pays riches. Nous le savons, mais comment lutter individuellement quand tout nous incite à suivre le train de nos désirs.
Pourtant, le bilan est là. Implacable, terrible ! C'est une guerre invisible que nous menont contre nos vies. Les nations se réunissent depuis des années pour voter des bonnes résolutions, sans en tenir compte. Aujourd'hui, cette réalité frappe les pays les plus pauvres. Madagascar en est l'une des nombreuses illustrations. En un mois, une dépression et deux cyclones, le Bureau national de gestion des risques et catastrophes a enregistré 190 morts et plus de 400 000 sinistrés et déplacés, nous apprend 2424.mg.
Ana, Batsiraï et Emnati
Le dernier bilan d'Emnati, ultime cyclone à avoir frappé l'Est de la Grande île, s'est alourdi. Il est désormais de 15 morts. Batsiraï, début février 2022, avait également dévasté l'Est-Sud-Est du pays et emporté dans son sillage 135 vies, enfin Ana, à la mi-janvier. "Simple dépression tropicale" avait noyé 55 hommes, femmes et enfants en inondant les faubourgs de Tananarive et le Nord de Madagascar.
Chez nos voisins, comme dans tous les pays démunis, on pleure ses morts et on s'habitue aux tragédies. Pourtant, si ces populations imaginent que c'est une fatalité, nous savons parfaitement qu'il en est rien. L'ultime rapport du GIEC, publié ce lundi 28 février 2022, est inquiétant. L'effet de serre s'accélère et la barre des 1,5 °C va être franchie beaucoup plus rapidement que les prévisions, les plus alarmistes, l'imaginaient. António Guterres, Secrétaire général des Nations unies, est catastrophé par la gravité et l'urgence de la situation mise en évidence par les experts.
Les migrants de la faim
Les Antandroy, population nomade du Sud de Madagascar affluent vers la capitale. Ces migrants malgaches fuient la famine. Ils ont dépensé leurs derniers ariary (monnaie malgache) pour faire ce voyage. La survie coûtait 110 000 ariary (24,80 €, une fortune !) par adulte, pour faire 844 km, entassés dans un fourgon ou à l'arrière d'un pick-up.
Une maigre valise pour bagage, les familles errent dans les faubourgs, mendient, rapinent pour survivre. Ces éleveurs de zébu, qui se migraient en fonction des pâturages depuis la nuit des temps, sont insaisissables. Victimes du kéré, déplacés climatiques et/ou de la faim, écrit Midi-Madagascar, sont les victimes de l'effet de serre induit par les pays industriels. Ce sont en effet les populations pauvres, des pays les moins industrialisés de notre planète, qui sont les premières à souffrir du changement climatique.