Madagascar : 4,6 milliards d'Ar détournés en deux ans

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À Madagascar, la lutte contre la corruption, l'évasion fiscale, la contrebande, les vols et les détournements de fonds, semble sans fin. Entre 2020 et 2021, l'audit de la Brigade d'investigations Financières a relevé 25 fraudes qui ont participé au détournement de 4,3 milliards d'ariary des caisses de l'Etat.

Le Trésor Public malgache, comme son homologue français, est chargé de percevoir l'impôt, mais aussi de contrôler son bon usage. Tous les ans, les percepteurs principaux effectuent des audits des comptes des collectivités territoriales installées dans leur région. En 2020 et 2021, ce travail a mis au jour des détournements de fonds, nous apprend Midi-Madagascar. L'addition est salée : 4,3 milliards d'ariary (soit 1 120 780 €). Vue de France, cette somme peut sembler dérisoire, mais il faut l'analyser au regard du salaire mensuel des travailleurs peu qualifiés (62 €).

Vingt-quatre suspects ont été identifiés et poursuivis par la justice. En fonction des sommes détournées, ils ont été condamnés à la saisie de leurs biens ou sur leur salaire. Cinq personnes ont été jugées et condamnées à des peines de prison avec sursis, des amendes et au remboursement de l'ensemble des sommes détournées.

Des comptables, des maires et des fonctionnaires 

Depuis cinq ans, la multiplication des contrôles a permis de démasquer plusieurs hauts responsables. Les audits ont révélé que des comptables, des maires, des cadres et des hauts fonctionnaires de l'État avaient pris de mauvaises habitudes en utilisant pour leurs besoins personnels l'argent destiné aux services publics. La grande majorité des responsables indélicats officiaient dans des services de la capitale. 

Lors de la présentation du bilan de ces investigations, le ministre de l'Economie  et des Finances a tenu à rappeler, une règle judiciaire : "Si les comptables publics commettent des actes frauduleux en matière de gestion des finances publics, même leurs descendants issus des sept générations doivent rembourser jusqu’à l’apurement des débets constatés, après le retrait sur leurs salaires et la saisie de leurs biens".