Madagascar : les criquets envahissent Tana et font craindre une catastrophe humanitaire

Le nuage qui vient de s’abattre sur Tananarive est vivant. Des millions de criquets ont envahi la capitale, ce vendredi matin. Ils se sont installés sur 600 hectares et dévorent tout sur leur passage.
Le ministre de l’agriculture de Madagascar se voulait rassurant. Depuis plusieurs jours, les médias diffusaient des images d’avions pulvérisant de l’insecticide pour « maîtriser » la menace acridienne. Toutes les annonces, toutes les promesses gouvernementales viennent de s’envoler. Roland Ravatomanga, ministre de l’agriculture, a expliqué : « nous n’avons pas pu mener la lutte efficacement à cause du vent. Cependant, cette invasion était prévisible. La situation n’est pas alarmante. Nous reprendrons la lutte dès samedi ».
 
Les criquets coupent l’électricité
 
Conséquence inattendue de cette invasion de criquets, des quartiers de la capitale sont privés d’électricité comme l’a expliqué Feno Randrianarisoa, de la société Jirama à l’Express-de-Madagascar : « les criquets se sont engouffrés sur les éclateurs accrochés aux poteaux visant à protéger les fils électriques du décharge atmosphérique. Ces éclateurs ont subi de court-circuits causant des coupures de l’électricité dans quelques quartiers de la capitale ».
Mais le plus inquiétant pour la santé publique. Est que des enfants ont attrapé les criquets qui jonchent les rues de Tana pour les manger. Des insectes qui peuvent transporter les produits pulvérisés par les avions.
 
La récolte de riz menacée
 
Les criquets menacent également la production de riz. Des essaims très importants se déplacent vers le grenier de la Grande-ile. Andry Rakotovao, président de la plateforme riz déclare aux journalistes de l’Express : « Nous sommes véritablement inquiets et ne savons plus quoi faire. Si les criquets envahissent les rizières qui ne sont pas encore récoltées, ils vont manger les tiges de riz et le paddy va tout simplement tomber dans l’eau ».
Les autorités malgaches se sont voulues rassurantes en signalant que moins de 10% des terres agricoles étaient concernées. Pourtant producteurs et organisations humanitaires s’inquiètent. Ils ont revu à la baisse les prévisions de récolte car les criquets sont déjà sortis de leur zone grégarigène.