Madagascar : des étudiants et étudiantes se prostituent pour vivre

Des étudiants malgaches ne parviennent plus à financer leurs études. La crise sanitaire et le confinement ont réduit les possibilités de trouver un emploi temporaire. Le retard dans le versement des bourses a aggravé leur situation. Ils et elles "louent" leurs corps contre quelques ariary.

La prostitution des étudiantes et des étudiants à Madagascar n'est pas nouvelle. Le phénomène s'est amplifié avec la crise Covid et les retards dans le versement des bourses. Ils et elles suivent des cours dans les amphis ou dans les lycées. Ils sont parfois encore mineurs quand ils décident de "louer" leurs corps. 

Ces jeunes Malgaches espèrent décrocher, le bac, une licence et peut-être une maîtrise. Tous rêvent d'une autre vie et croient en l'avenir. Ils partagent les trottoirs de la capitale et des grandes villes avec des lavandières, des vendeurs et vendeuses de légumes, des femmes et hommes de maison. Tous mènent secrètement cette double vie. 

2424.mg a rencontré Sandrine et Léa*. Elles ont 19 ans et vivent de leurs "charmes" depuis deux ans.

*Des prénoms d'emprunt

Un rapport de 2019 était consacré à la prostition des étudiantes et des étudiants

 

C'est un secret de Polichinelle. Tout le monde sait que des étudiants et des étudiantes se prostituent pour financer leurs études. En 2019, Hermione et Ursula se sont penchées sur la question dans le cadre de leurs recherches universitaires. Elles ont consacré des jours et des jours pour creuser ce sujet "tabou". Tout le monde le sait, mais personne ne veut parler. 

"Les étudiantes qui se prostituent n’ont pas forcément une apparence physique particulière. Elles sont des étudiantes comme les autres. Seulement, elles sont beaucoup mieux habillées et peuvent s’acheter des vêtements, chaussures et accessoires à la mode, très chers mais adaptés à leur âge, ou encore des portables de grande marque. Et dans leurs chambres, elles ont tout ce qu’il faut,"  expliquait l'une de leurs interlocutrices. Ces recherches, difficiles, ont permis d'établir que les étudiants et étudiantes "offraient" leurs services en dehors de l'université. Certains(es) sont entretenus(es) par un client régulier, d'autres arpentent les rues occasionnellement écrit Midi-Madagasikara.